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Réponse à l’ambassadeur de la France au Mali suite à la réaction du député Diarra: « Monsieur l’ambassadeur, qui a fait de Kidal un sanctuaire inaccessible à l’armée malienne ? »
Publié le mercredi 3 juillet 2019  |  Le Démocrate
Cérémonie
© aBamako.com par A S
Cérémonie de Signature entre le Mali et la France
Bamako, le 20 décembre 2018 La signature du protocole financier entre le Mali et la France sur la Télévision numérique terrestre (TNT) a eu lieu, hier, à l’hôtel des finances
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Devant l’hémicycle, le jeune député RPM de la commune IV, Moussa Diarra, a eu le courage de dénoncer le double jeu de la France et la complicité des forces étrangères dans les différents massacres au Mali. Ces vérités crachées par l’honorable Diarra n’ont pas du tout plu à la France. Du coup, le 21 juin 2019, l’Ambassade de France au Mali a adressé une lettre n°2019_0383883 au Président de l’Assemblée nationale du Mali pour démentir les propos tenus par l’honorable Diarra. Eh bien, cette lettre de l’Ambassadeur de la France au Mali a été répondue par un citoyen lambda. Lisez plutôt !

«…je souhaite protester du ton et de la forme employés qui font insulte à la mémoire non seulement des trente jeunes militaires des forces armées françaises…», déclare l’ambassadeur de la France au Mali, dans sa lettre N0. 2019-0383883 adressée au président de l’Assemblée nationale du Mali, le 21 Juin 2019. Monsieur l’ambassadeur, et si ce sont les officiels français qui ont insulté la mémoire des Maliens tombés sur le champ de bataille pour la défense du territoire français ? Monsieur l’ambassadeur, qui a rédigé le contenu de la lettre signée par Dioncounda Traoré autorisant l’intervention de l’armée française au Mali ? Monsieur l’ambassadeur, qui a fait de Kidal un sanctuaire inaccessible à l’armée malienne ? Monsieur l’ambassadeur, qui a imposé des mercenaires libyens d’origine malienne à Kidal comme interlocuteurs de l’État malien ? Monsieur l’ambassadeur, qui a élaboré le contenu des fameux APR d’Alger qui demeurent encore inapplicables quatre ans après leur signature ? Sous le prétexte fallacieux de lutter contre les groupes armés terroristes, Monsieur l’ambassadeur, les officiels français ne sont-ils pas en train de défendre les intérêts d’Areva, de Total, de Bolloré, de Bouygues, etc. en envoyant mourir les enfants des français dans le Sahel ?

Il est évident qu’il n’existe aucun État philanthrope au monde. Chaque soldat français qui tombe au Mali n’est pas mort pour le Mali, mais pour la préservation des intérêts économiques et le prestige de la civilisation française. Monsieur l’ambassadeur, nous vous rappelons que la France doit une énorme dette au Mali et si je ne me trompe, Hollande avait clairement signifié dans son discours que la France était intervenue en vue de pouvoir rembourser cette dette historique. La France pourrait-elle payer cette dette? Que représente cette dette ?

Ces questions nous amènent à questionner notre histoire récente.

En effet, le corps des tirailleurs sénégalais est un corps de troupe qui a été formé par Faidherbe (militaire et administrateur colonial français), gouverneur du Sénégal de 1854 à 1865. Il a mis en place une armée locale pour éviter de faire venir des soldats français en Afrique, et pour éviter l’hostilité de la bourgeoisie française. Ce bataillon faisait appel à des anciens esclaves : pour être libérés, ils devaient passer quinze années dans l’armée coloniale, après quoi une pension leur était donnée. Le 21 juillet 1858, Napoléon III signait le décret de Plombières, officialisant la création de ce bataillon des tirailleurs sénégalais. Parmi ces esclaves, il y avait beaucoup de Maliens qui étaient alors à Saint-Louis ou à Dakar. Sur les deux guerres mondiales, le Mali a représenté 24% des tirailleurs sénégalais. Ensuite, vient le Burkina, 20%, puis la Côte d’Ivoire et le Sénégal, 15% chacun, la Guinée 12%, le Dahomey (actuel Bénin) 8% et le Niger 4%. Leur langue a d’ailleurs perduré dans l’armée française, et le bambara est devenu la langue de tous les Africains noirs mobilisés dans l’armée coloniale française de 1857 jusqu’à 1960, date des indépendances des pays africains. Il fallait une langue, c’est le bambara qui a été choisi. Nous avons également fourni du bétail. Le Mali, le Sénégal et Madagascar devaient fournir en 1915-1916 environ 150 000 bœufs qui étaient abattus notamment à l’abattoir moderne de Lindiane, près de Kaolack au Sénégal, pour faire de la viande congelée. Il y avait aussi besoin de peaux. On a mobilisé toutes les ressources : l’arachide, les peaux, les huiles, le matériel, les hommes, on a tout mobilisé ! On a tout demandé aux familles, ce n’était pas facile. En 1917, toute la récolte annuelle a été mobilisée au service de l’armée coloniale.

Monsieur l’ambassadeur, voilà ces quelques lignes à votre attention afin d’amener les officiels français à revoir leur attitude vis-à-vis de l’État malien. Vous ne pouvez rien obtenir comme richesses avec les mercenaires libyens que nous maliens pouvons vous refuser si les négociations se faisaient dans la clarté et dans la sincérité sur la base du “win-win”.

La Chine n’est-elle pas en train de conquérir le marché du Mali avec leurs produits, sans utiliser la poudre à canon pour contraindre la volonté de nos officiels et pourtant, c’est cette même Chine qui en est l’inventeur ? ». No comment !

Sambou Sissoko

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