Cette dernière chronique, je l’écris depuis le jardin de mes parents, bien différent de la cour que j’ai pu côtoyer trois semaines durant. La pelouse a remplacé la latérite et le carrelage laisse place aux planches de bois. Plus verdoyant certes, mais plus isolé.
Beaucoup moins de chants d’oiseaux, plus aucun cri d’enfants. Le tumulte de leurs jeux résonne déjà bien loin tandis que je me retrouve contraint à la sobriété des salutations françaises. Plus de “Et la famille ? “ ou “ la santé ?”. Même ma poignée de main, probablement trop énergique, semble avoir surpris l’électricien passé ce matin.
Dès le premier trajet en voiture, j’oublie d’attacher ma ceinture. Alors que je m’attendais à me délecter de l’absence de secousses des routes goudronnées, l’enthousiasme attendu reste modeste. Ce qui a pu m’apparaître comme des défauts demeurera à jamais ce qui fait pour moi le charme de Bamako.
Je ne peux nier ma satisfaction d’une douche sans l’usage de seaux. Le débit de ma connexion internet, l’absence de mouches ou encore les températures plus tempérées sont des aspects qui m’avaient manqué. En revanche, en quittant Bamako, je réalise que j’abandonne une manière de vivre plus collective, plus accueillante, bienfaisante tout au long du séjour. Plus que des connaissances, certains sont presque devenus des amis, et pourtant je ne suis pas sûr d’être digne de cette considération. Ma contribution me semble si infime à côté de ce que j’ai pu recevoir.
Je ne réalise probablement pas encore toute la mesure de cette expérience unique. Il m’aurait fallu plus de temps pour comprendre et il me faudra plus de temps pour assimiler. Trois semaines n’auront pas suffi à m’imprégner réellement des mœurs. Mais combien de temps aurait-il fallu ? Six mois ? Deux ans ? Vingt ans ? Peut-être ne comprendrai-je jamais intégralement le Mali.