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Boua Ni Sogoma
Publié le samedi 6 juillet 2019  |  Aujourd`hui
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© aBamako.com par A.S
Lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita
Bamako, le 11 juin 2015, le CICB a abrité la cérémonie de lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita, c`était sous la Haute présidence de SEM, Ibrahim Boubacar KEITA
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Kôrô Président bonjour et que la Paix de Dieu soit sur vous et sur votre peuple. Notre pays, celui pour le bonheur duquel vous vous battez à chaque instant de votre vie, est aujourd’hui meurtri en son centre, au nord, à l’est et partout. Parce qu’un Malien est un Malien. Il est père, mère, oncle, tante, frère, sœur, neveu, nièce, petit-fils, petite-fille, d’un autre Malien. Et ce qui touche donc à un Malien du Nord, où du Centre est ressenti par celui du Sud, de l’Est et de l’Ouest. Nous sommes donc tous Ogossagou, Sobane-Da, Aguelhok, Yoro, Koulongo, Niono, Diabaly, Léré etc., etc. Que de morts, de blessés, de déplacés, d’affamés, de désœuvrés et ce depuis 2012 ! Que de sang de ce peuple digne et fier, versé pour des motifs qui ne seront jamais connus de toutes ces victimes innocentes qui ont eu le seul tort d’être Maliens ! Que de larmes versées par ces enfants qui ont gisé dans le sang de leurs mères assassinées, inertes qu’ils ont essayé de réanimer mais en vain ! Devraient-ils à leur âge connaître la violence, la mort ?

Jèteront-ils à jamais le sein de ces mamans inertes, couchées à leur côté et qu’ils appellent en vain, et sans obtenir de réponse ?

Et tous ces greniers incendiés pour des populations qui cultivent une fois l’an pour engranger leur pitance annuelle !

Que dire de ces troupeaux enlevés qui constituent à n’en pas douter le seul bien, la seule fortune de ces éleveurs qui ne connaissent ni repos, ni répit, ni week-end, ni fête et pour qui la vie se résume à un cheptel bien riche ?

C’est autant de vies que l’on a détruites, d’espoirs assassinés.



Qu’arrive-t-il à ce beau pays d’une hospitalité légendaire où l’on pouvait voyager d’un bout à l’autre sans problème, où à l’heure d’un repas l’on pouvait entrer dans n’importe quelle famille pour partager avec tout le monde le plat qui lui est servi ?

Qu’arrive-t-il à ce pays où les bœufs du Peul pouvaient dévaster le champ du Bamanan et ça se réglait sous le Toguna ou à l’ombre du fromager et la décision qui y était prise était sans appel et acceptée de tous.

C’est aussi ce pays où le Dogono et le Bozo jouaient tellement à fond la carte du cousinage à plaisanterie qu’ils ne pouvaient voir le sang couler de l’un ou de l’autre et sans conséquence.

C’est encore dans ce pays que le Sarakolé est le cousin de tout le monde, où les Touré et les Coulibaly, les Samaké, les Kéïta pouvaient se dire tout mais dans le respect et la courtoisie.

Un Peul serait-il capable de mitrailler un enfant dans le dos de sa mère dogonon ?

Un Dogono serait-il inhumain au point de brûler un village peul et avec tout ce qu’il contient : personnes, animaux, greniers, etc. ?

Il y a assez de zones d’ombre dans cette situation nébuleuse, trop trouble et qui comporte beaucoup d’énigmes.



Personne, avec y compris ceux qui sont sur le théâtre des opérations, ne peut dire pour qui ou contre qui ils se battent.

L’on ne connaît ni l’identité des combattants, ni leur ethnie, ni la langue qu’ils parent. Ils ont tous en commun quelques points : ils sont habillés en “dozo”, ils roulent sur des motos Sanili, et sont munis d’armes et de vraies armes de guerre.

L’on fabrique toutes sortes de mensonges pour justifier tel ou tel comportement. Mais rien ne peut justifier de tuer son prochain surtout pour rien.

Malin qui pourrait me dire les motivations de ce conflit qui comme une pieuvre détale ses tentacules progressivement du Nord au centre et même vers l’est du pays.

Des zones comme Niono, Banamba, Nara n’en sont pas épargnées.

Certaines parties du Sud du pays en ont eu pour leur compte.

Et pour les villes de la région de Kayes, elles ont connu des braquages de bandits qui essaiment les routes de cette partie du pays. Bamako la capitale elle-même a subi la hargne des terroristes à l’hôtel Radisson Blu comme d’ailleurs d’autres contrées de l’intérieur : le péage de Sanankoroba, l’enlèvement de religieux en 3e région, l’attaque d’un poste de douane vers Koury, etc.

Kôrô Président faites en sorte que notre peuple comprenne que lorsqu’il a réclamé Kidal qui ne lui appartient plus, ceux qui l’empêchent d’y entrer, et même d’y penser, ont embrasé le Centre avec des méthodes de destruction que l’on a vues au Rwanda ou au Libéria, et ce, pour leur faire oublier Kidal.



Personne ne parle et ne pense plus à Kidal et les Français y font ce qu’ils veulent au vu et au su de la communauté internationale.

Vous devriez aussi Kôrô préciser le statut de cette ville qui échappe à notre contrôle et qui ne serait plus du Mali, même si vous y avez nommé un gouverneur qui gouvernerait quoi et qui ? Pas en tous les cas ceux qui font flotter le drapeau de l’Azawad.

Moi j’accuse la France d’être derrière toutes ces machinations, tous ces massacres et je garde l’espoir qu’avec les Russes nous sortirons de l’ornière.

Quel pays nous sommes ?

Kôrô Président, votre peuple est désemparé. Que n’avez-vous tenté pour arrêter ces hémorragies honteuses, lâches faites à nos populations qui n’ont “ni bu ni versé” comme on le dit en bamanankan.

Il y a d’abord les accords d’Alger pour la paix et la réconciliation nationale qui ont montré leurs limites et qu’on veut vous obliger à appliquer et tout de suite. Vous vous y êtes engagé certes en tant que chef d’un Etat qui avait le couteau sous la gorge.

Et vos compatriotes qui en sont les auteurs et les concepteurs ne vous diront jamais qu’ils comportent, comme toute œuvre humaine, des insuffisances et qu’en certaines de ses parties, l’on peut lire des zestes de séparatisme, de fédéralisme, etc.

Je suis un semi-lettré c’est pourquoi ma lecture n’est pas ou ne peut être la bonne.

J’ai longtemps hésité également à interpréter les articles du titre 2, chapitre 3, article 6 sur le cadre institutionnel et réorganisation territoriale.

Car je n’ai pas vu la place de l’Etat et les attributions de ceux qui doivent administrer la région, le cercle.

Moi, semi-lettré voilà comment j’ai une lecture biaisée de tout cela et que dire de celui qui n’est pas lettré du tout.



Kôrô Président, n’acceptez point que l’on vous précipite à aller vers l’application de ce pacte avant d’en partager pleinement l’essence avec vos populations. Il y a aussi le fameux accord de défense que notre pays aurait signé avec la France. Qu’en-est-il exactement, Kôrô Président ?

Des rumeurs (c’est vrai que vous ne gérez pas la rumeur publique) disent que cet accord oblige nos hélicoptères à ne pas décoller pour quelle que opération que ce soit. Vrai ou faux ? Le Malien lambda qui ignore tout de cet accord, vit de supputations, de mauvaises interprétations.

C’est vrai que le français est la langue officielle de notre pays. Mais il faudrait à présent que la communication de masse se fasse de plus en plus dans les langues nationales pour permettre au plus grand nombre d’accéder à la bonne information, à l’information vraie.

Si c’était le cas, on ne vous accuserait pas d’avoir pactisé avec les Français contre votre peuple.

D’aucuns racontent que le général Ibrahima Dahirou Dembélé avait menacé de démissionner si vous, en tant que chef Suprême des armées, vous faites ombrage à ses décisions de frapper l’ennemi où qu’il se trouve.

Moi, semi-lettré que je suis, je sais que cela est faux et que jamais vous n’interférerez dans les missions de celui qui hier n’était plus en odeur de sainteté avec une partie de l’armée à cause de l’affaire Sanogo et que vous avez réhabilité en lui confiant jusqu’à la responsabilité de l’armée de toute une nation.

Tout cela se dit parce qu’il y a quelque part un déficit de communication ou simplement de la mauvaise communication de ceux qui devraient informer régulièrement notre population.

La communication gouvernementale doit porter aussi sur les raisons de l’absence de nos forces armées et de sécurité au moment des attaques et leur apathie à s’y rendre bien qu’elles soient, dans la plupart des cas, informées par les populations elles-mêmes.



Il y a quelques actes que vous avez posés qui attestent à mon sens votre volonté d’aller vers la réconciliation nationale.

La nomination de Tiébilé Dramé au poste de ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, bien que contestée par une frange des partis politiques, reste un geste fort appréciable de votre volonté d’aller vers la réconciliation nationale.
Vous avez fait confiance à un de vos adversaires les plus farouches, celui qui ne vous a point ménagé et qui a affiché son allégeance au chef de file de l’opposition dont il fut le directeur de campagne.

Leur clan a contesté pendant longtemps votre réélection à telle enseigne que l’on a cru à certains moments que notre pays allait s’arrêter.

Par ce choix, vous avez donné la preuve que seul le Mali compte pour vous.

Et je crois Kôrô Président que Tiébilé Dramé est l’homme de la situation. Il a le charisme qu’il faut pour diriger un département qui vend l’image de notre pays.

Son dernier voyage en Russie me donne à croire que nous nous rapprochons de la solution.

Nous aurions dû, depuis longtemps explorer cette filière des “Tabarichi” pour qui, la raison d’Etat est au-dessus de tout, et ne peut se monnayer.

Allons-donc pour cette coopération renouvelée avec les Russes nos amis de plus d’un demi siècle que la France nous a obligés à abandonner.

Kôrô Président vous avez crée le comité pour le Dialogue politique inclusif. La femme et les hommes qui le composent sont connus de tous pour leur intégrité morale. Aminata Dramane Traoré est une Bwa pour qui l’honneur a un sens. Elle est surtout connue pour son engagement dans l’assainissement de l’environnement (toutes les ruelles de Missira sont dallées).
Altermondialiste, sa position sur l’immigration est connue. Et elle n’a jamais eu peur d’assumer son opinion.

Ousmane Issoufi Maïga, que l’on surnomme Pinochet pour sa rigueur, dirige l’une des plus dynamiques associations de notre pays : Ir Ganda (Notre patrie en sonrhaï).

Plusieurs fois ministre, Premier ministre, beaucoup de départements ministériels lui doivent l’amélioration de leurs conditions de travail. Homme intègre au-delà d’Ir Ganda, il représente une frange importante de nos populations : les Sonrhaïs qui ont été les premières victimes de toutes les rebellions dans notre pays.

Baba Akhib Haïdara, descendant du prophète Muhammad (PSL), est connu pour son langage de vérité et pour sa droiture. Ministre, il fut Médiateur de la République, il a réglé plusieurs problèmes dont la solution porte sa marque. Les artistes lui disent en tout cas, merci.

Votre dernière visite au Chérif de Nioro, cet autre opposant à votre régime est aussi un signe d’apaisement.
Vous avez accepté de rencontrer le Chérif non pas pour vous-même mais pour le Mali.

Sinon vous connaissant, vous auriez préféré plutôt la mort à cette main tendue à celui qui vous a jeté aux orties mais pour le Mali aucun sacrifice n’est de trop.

Continuez donc Kôrô Président à vous rapprocher de vos adversaires pour les amener à se joindre à vous pour sauver notre pays de l’hécatombe.

Une fois les dissensions internes enterrées, nous nous tournerons tous vers l’essentiel : le Mali.

Qu’Allah SWT bénisse la Mali

Producteur de spectacles
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