La gangrène terroriste s’étend inexorablement dans les pays sahéliens. En effet, tout comme notre pays, le Burkina Faso et le Niger sont dans l’œil du cyclone terroriste…
Dans la seule bande sahélienne, l’activité des groupes islamistes radicaux a entraîné le déplacement de plusieurs réfugiés, ainsi que la mort de nombreux civils et militaires.
Si jusqu’en 2015, le pays a été épargné par la gangrène terroriste qui a touché le Mali et le Niger, aujourd’hui les djihadistes agissent au Burkina Faso à l’est, au nord, au centre-nord et même dans Ouagadougou, cible d’attaques spectaculaires en janvier 2016, août 2017 et mars 2018.
En effet, le bilan sécuritaire du Burkina donne le tournis : 499 personnes (civiles et militaires) tuées entre novembre 2018 et mars 2019 ; 1933 écoles fermées et 9042 enseignants contraints au chômage technique alors que plus de 300 000 élèves ne prennent plus le chemin des établissements scolaires.
D’abord concentrées dans le Nord, ces attaques ont ensuite visé la capitale et d’autres régions, notamment l’Est, et fait depuis 2015 de nombreuses victimes. Les attaques ciblent régulièrement des responsables religieux, principalement dans le Nord.
Le dimanche 26 mai 2019, six fidèles ont été tués pendant une messe lors d’une nouvelle attaque contre une église catholique à Toulfé, localité du nord du Burkina Faso.
Six personnes, dont un prêtre, ont été tuées, le dimanche 12 mai 2019, lors d’une attaque contre une église catholique à Dabo, commune de la province du Sanmatenga, dans le nord du Burkina Faso.
Fin avril dernier, 6 personnes avaient été tuées lors de l’attaque de l’église protestante de Silgadji, dans le nord du Burkina Faso.
À la mi-mars, l’abbé Joël Yougbaré, curé de Djibo, dans le nord du pays, a été enlevé par des individus armés.
Le 15 février 2019, le père César Fernandez, missionnaire salésien d’origine espagnole, a été tué lors d’une attaque armée attribuée à des jdihadistes à Nohao, dans le centre-est du pays.
Plusieurs imams ont également été assassinés par les djihadistes dans le Nord. Selon des sources sécuritaires, ceux-ci étaient « considérés comme pas assez radicaux » par les djihadistes ou « accusés de collaborer avec les autorités »…
Le Niger aussi…
« Le 1er juillet 2019, aux environs de 14 h 30, le poste militaire avancé d’Inates (…) a repoussé une attaque menée par des éléments terroristes », selon un communiqué du ministère. « Cette attaque a commencé avec l’explosion de deux véhicules kamikazes à l’entrée du camp suivie des tirs des terroristes venus à moto. La riposte avec l’appui aérien des partenaires (français et américains) a permis de mettre l’ennemi en déroute hors de nos frontières »…
Aussi, 28 soldats nigériens ont été tués, le mardi 14 mai 2019, près de la frontière malienne dans la région de Tillabéri, à l’ouest du Niger, près du village de Tongo Tongo où quatre soldats américains et cinq militaires nigériens étaient tombés dans une embuscade en 2017.
« Le 14 mai vers 8 h 00 locales dans la zone nord de Mangaïzé (région de Tillabéri), une colonne militaire de Forces armées nigériennes (FAN) en mouvement a été prise à partie par des terroristes lourdement armés dans une attaque complexe à base d’engins explosifs improvisés. Le bilan s’établit comme suit, côté ami : dix-sept tués, six blessés, onze portés disparus, deux véhicules calcinés », selon un communiqué du ministère nigérien de la Défense lu à la radio mercredi 15 mai soir.
Lundi 3 juin 2019, une série d’attentats contre la capitale Niamey et Diffa, la grande ville du Sud-Est, a été déjouée, le week-end, a annoncé le gouvernement.
L’alerte lancée par une représentation diplomatique à Niamey, sur l’imminence d’attaques terroristes en cette période de fête de ramadan, a permis de neutraliser plusieurs assaillants. Tout d’abord, dans la ville de Diffa, trois attaques kamikazes ont été déjouées en 48 heures et cinq assaillants neutralisés, avec leur ceinture d’explosifs.
Deux kamikazes hommes, qui voulaient faire exploser leur charge dans l’église de la ville, ont été mis hors d’état de nuire par la police. Deux autres, qui ont tenté d’accéder à la zone de l’aéroport fortement gardée, ont été également tués. Quant au cinquième, il a été abattu dans le périmètre du plus grand dépôt d’hydrocarbures de la région, à l’entrée est de la ville de Diffa.
Dans la capitale Niamey, c’est une cellule dormante qui a été neutralisée dans la soirée de samedi 1 juin dernier. Quatre terroristes, dont un blessé par balle, ont été appréhendés dans une concession au quartier Aéroport. Neuf terroristes neutralisés avant qu’ils ne passent à l’action…
Le Mali entre attaques terroristes et conflits communautaires
« Le Centre du pays connaît une escalade de la violence intercommunautaire et les affrontements entre les Dogons et les Peulhs, exacerbés par la présence de groupes extrémistes, ont entraîné la mort d’un grand nombre de civils, dont au moins 157 ont été tués durant le massacre perpétré le 23 mars à Ogossogou dans la région de Mopti », comptabilise le rapport. Ajoutant que la sécurité dans les régions de Gao et de Ménaka a été marquée par des violences visant les populations locales, la recrudescence des actes de banditisme, des assassinats ciblés de membres de groupes armés, signataires ou non de l’Accord, et des attaques contre les Forces de défense et de sécurité maliennes et la MINUSMA.
Le rapport de l’ONU indique, par ailleurs, que les FAMAs sont restées les principales cibles et victimes d’attaques menées par des groupes terroristes. « Sur 35 attaques enregistrées, 67 soldats ont été tués et 51 blessés, soit une augmentation par rapport aux 37 morts et 47 blessés enregistrés pendant la période précédente », précise le rapport. Lequel ajoute qu’il y a eu, au total, 245 atteintes à la sécurité au cours desquels 333 civils ont été tués et 175 blessés, et 145 cas d’enlèvements de civils signalés, contre 267 atteintes à la sécurité, 225 morts et 149 blessés pendant la période précédente…
Les populations civiles payent, aussi, un lourd tribu à cette spirale meurtrière. De 2013 à nos jours, la violence est montée crescendo. Il ne se passe pratiquement plus de jour sans que de pauvres populations civiles, précisément la communauté peulh, ou autres ne soient tués ou assassinés. Les drames se suivent dans une relative indifférence des autorités : le charnier de Doungoura : 25 cadavres au fond d’un puits. Le carnage de Maleimana : 50 morts, Ké-Macina : 42 morts, 32 victimes à Koumaga plus de 200 morts à Ogossagou, 35 morts à Sabane Da…
Cependant, le risque de contagion de la menace terroriste aux pays non sahéliens d’Afrique de l’Ouest : le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée et le Togo. La Côte d’Ivoire (en mars 2016 à Grand Bassam) et le Bénin (avec l’enlèvement en mai 2019 de deux Français) ont déjà été la cible d’actions terroristes. Un groupe djihadiste a été démantelé en avril 2019 au Togo alors que certains spécialistes soutiennent qu’il existe déjà des cellules dormantes au Ghana.
Malgré les maigres espoirs que suscite l’avancée très laborieuse vers la mise en place effective de la force du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), la sous-région semble totalement démunie face à la puissante de feu des groupes djihadistes. Il est à craindre que l’Etat islamique, quasiment vaincu en Irak et en Syrie, concentre ses dernières actions au Sahel.