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L’ambassadrice des USA, Mary Beth Leonard sur Radio Klédu : » Le CNRDRE doit se mettre à l’écart de la gouvernance de façon définitive »
Publié le mercredi 13 juin 2012   |  L'Indépendant


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© Le Républicain par DR
Mary Beth Leonard, ambassadeur des Etats Unis d’amerique
Mary Beth Leonard, ambassadeur des Etats Unis d’Amérique


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L’ambassadrice des USA au Mali vient de participer à la rencontre UA- CEDEAO-UN sur la crise malienne, tenue le 6 juin 2012 à Abidjan. De retour d’Abidjan, Mary Beth Leonard était l’invitée de Radio Klédu. Elle aborde ici des recommandations de la rencontre d’Abidjan, le partenariat bilatéral avec le Mali, suspendu depuis le coup d’état du 22 mars. Mary Beth Leonard évoque la crise au nord malien et les actions humanitaires que les USA envisagent pour venir en aide aux populations déplacées ou réfugiées du Mali. Elle répond aux questions de Kassim Traoré.

Quelle analyse faites-vous de la crise malienne, après la rencontre d’Abidjan à laquelle vous avez participée ?

Mary Beth Leonard : Il y a de multiples défis à relever au Mali. Mais avec les amis du Mali, surtout, la CEDEAO, nous avons pu mettre en place un gouvernement intérimaire. Maintenant, tout le monde a intérêt que cela marche, sans interruption et sans difficulté, pour mener à bien cette transition. Vous saviez bien, que je rentre de la rencontre de la CEDEAO, l’Union Africaine, et les Nations Unies, tenue à Abidjan le 6 juin dernier. Au cours de cette réunion, nous avons eu des doutes sur le rôle du CNRDRE. On veut qu’ils se retirent totalement de la gouvernance afin que la transition puisse commencer et pour que le gouvernement fasse correctement son travail. Il y a aussi la question d’esquisser une feuille de route pour le gouvernement. Là, il faut la grande participation des Maliens dans un esprit qui soutient les intérêts de tous les Maliens et non pas les aspirations politiques et personnelles. Tout le monde doit y participer avec bonne foi. Comme la réunion d’Abidjan réunissait aussi les voisins du Mali, il y a eu une très grande préoccupation pour la situation au Nord du Mali. Car cette situation peut avoir des implications pour les pays voisins et la région même.

Les Chefs d’Etats de la CEDEAO ne reconnaissent pas le statut d’ancien président pour le capitaine Sanogo, ils ont demandé la dissolution du CNRDRE, est ce que vous avez donné votre avis sur ces deux points lors de la rencontre d’Abidjan ?

Dès le départ, c’était notre avis. Nous avons condamné le coup d’état. C’est une action qui appartient au passé. Ça ne peut pas garantir le futur du Mali. Quoi qu’il en soit, il faut que le processus politique en cours parvienne à renverser le coup d’état, et non pas changer le coup d’état avec d’autres noms. C’est pourquoi tout le monde reste vif sur la question du retrait du CNRDRE. On ne peut pas leur donner des rôles dans la gouvernance ou continuer d’autres manières de gérer le pays. C’est pourquoi nous avons gardé la même distance avec les auteurs du coup d’état.

Est-ce que la création d’une nouvelle structure de transition peut résoudre le problème, en y intégrant certains éléments du CNRDRE ?

N’ayant pas vu la structure que de façon générale dans une présentation aussi sommaire, je ne crois pas trop. Mais il faut que le gouvernement de transition soit capable de planifier, d’entreprendre des initiatives avec l’appui des Maliens, sans une interférence de la junte. Si le CNRDRE est dissout, c’est une bonne chose. Mais, il ne faut pas qu’il ait des éléments déterminants dans la nouvelle structure de transition. Maintenant, il reste à savoir quelle sera la forme de cette nouvelle structure.

Malgré les décisions d’Abidjan les arrestations arbitraires et illégales continuent, est ce que ça pourra apaiser la situation ?

Je viens de voir des reportages dans ce sens. Nous avons été très claires! Que toutes les arrestations ou enquêtes se fassent par les autorités de la justice malienne. Si ces arrestations ne sont pas faites dans le cadre du ministère de la justice, ça ne va pas dans le cadre du respect des droits. Donc, il faut que la junte se retire. Sinon, il n’y aura pas l’apaisement souhaité.

Les conditions de détention de certaines personnes arrêtées à Kati ne sont bonnes, est ce que vous avez les échos ?

Toute la communauté internationale souhaite que les organes habilités, aient l’occasion d’évaluer, de visiter les personnes en détention. Si le CNRDRE est de bonne foi, j’espère qu’ils accepteront que les organes du gouvernement, qui sont établis avec le ministère de la justice procèdent à cette voie. Ils doivent faire confiance aux structures mises en place, pour la bonne gestion des affaires.

Depuis le coup d’état du 22 mars, on constate un freinage du partenariat américain, surtout le Millenium Challenge, à quant la reprise des travaux ?

M.B.L : En ce concerne le MCA, nous allons faire les travaux de finitions au niveau de l’aéroport. Nous allons arranger la piste. Comme vous le savez, un pays reçoit un contrat du MCA, sur la base de certaines pratiques de bonne gouvernance et de gestion. Il faut reconnaître qu’un coup d’état est le contraire de cet aspect. C’est à cause de cela que nous avons raccourcis la période d’exécution du MCA qui devrait terminer en fin août ou mi-septembre. Nous sommes en train de faire les terminaisons responsables pour que la piste ne soit dégradée et aussi, pour ne pas endommage la production agricole des paysans de la zone d’Alatona. Nous sommes obligés de laisser le terminal dans un état intérimaire avec des travaux protégés qui ont été déjà accomplis. Mais, on aura plus la chance de continuer avec un contrat du MCA. Car, il y a une date limite et des principes très strictes à respecter. Là, il y a aucun remède.

En ce qui concerne l’assistance bilatérale proprement-dit, nous avons une législation très ferme en la matière. Comme l’a constaté notre Secrétaire d’Etat, un gouvernement démocratique a été renversé. La reprise du partenariat bilatérale doit obligatoirement attendre l’installation d’un gouvernement démocratiquement élu.

Entre temps nous allons continuer avec des programmes comme l’assistance humanitaire. Dans ce cadre, nous sommes actif dans le domaine de l’assistance alimentaire en aidant les paysans à préparer la saison de pluie pour ne pas endommagée la sécurité alimentaire de l’année prochaine. Nous restons aussi dans le domaine de la santé, nous sommes en train d’examiner, activité par activité, quels sont les programmes qui puissent encore continuer et quels sont les programmes que nous devrons arrêter. Mais, la reprise totale avec toute la gamme d’assistance, comme le développement et la coopération militaire doit attendre un nouveau gouvernement démocratiquement élu et installé.

Donc les travaux du terminal de l’aéroport vont rester en l’état ?

Le gouvernement des USA ne peut plus toucher aux travaux du terminal. Il faudra trouver un opérateur privé qui peut faire le reste, mais nous nous ne pouvons pas. Même la coopération militaire est arrêtée. Mais, elle peut reprendre, parce que la situation actuelle ne concerne pas que le Mali. Nous sommes en pourparler avec les voisins et les partenaires pour voir ce qu’on peut faire, mais directement avec le Mali.

Il y a deux semaines que vous étiez à Kayes, c’était humanitaire ?

Comme vous savez, Kayes est une région, à part les régions du nord qui ont été plus frappées par les déplacements des personnes, est très touchée. Nous avons appuyé le Programme Alimentaire Mondial (PAM) à travers des distributions de céréales. Nous ne sommes pas seul, mêmes les autres organisations ont compris qu’il y a un besoin alimentaire à Mopti, Gao, Tombouctou et Kidal. C’est tout le monde qui se mobilise. Mais, Kayes est touchée aussi. Nous travaillons aussi avec les pays voisins dans le cadre de la prise en charge des maliens déplacés ou refugiés dans ces pays. Et pour la sécurité alimentaire dans la sous région, le gouvernement américain a donné plus de 250 000 millions de dollars.

Avec la situation au nord, quelle sera la position du gouvernement américain ?

Je crois qu’il faut se méfier de la reconquête, parce qu’il y a plusieurs groupes qui circulent là-bas. Il y a des groupes qui sont quant même susceptibles de négocier avec le gouvernement du Mali. Donc, c’est un peu l’intérêt d’avoir le gouvernement de transition, bien établi, bien installé pour voir avec qui il faut négocier. Mais, je tiens déjà à souligner que les souffrances que les Maliens ont témoigné au Nord du Mali, il est irresponsable aussi de penser à une solution militaire face aux gens qui aimeraient négocier avec le gouvernement malien. Je pense qu’il faut commencer avec la négociation, pour voir comment la situation peut être résolue, pour ne pas la rendre complexe pour les populations qui y vivent. Cette question du Nord du Mali a beaucoup préoccupée les participants à la réunion d’Abidjan, parce que ça ne touche pas uniquement les intérêts du Mali, mais les intérêts sécuritaires de tous les partenaires de la sous région. Je pense qu’ensemble, ils trouveront une idée, sur le comment affronter ou résoudre ce problème.

Avec le gouvernement actuel du Mali, ça vous donne espoir de relever les multiples défis ?

Le gouvernement actuel est une volonté des pays voisins et de la CEDEAO. Je vois mal des alternatives à court termes qui pourraient être consensuelles ou constitutionnelles. Je crois que les Maliens en mettant de côté leurs aspirations politiques ou personnelles, il faut compter avec cette gamme de population et d’opinions. L’essentiel est que tout le monde y participe.

En conclusion?

Je vous remercie pour cette interview. Je pense que le Mali vit des moments très difficiles. Depuis des siècles, les Maliens ont cet esprit de consensus, de dialogue et de bonne volonté. J’espère de tout mon cœur que les Maliens puissent sortir de cette situation. Je serai là pour soutenir le Mali de façon morale et matérielle. Je vous remercie.

Interview réalisée par Kassim TRAORE
K.T*

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