Avec Babaly Bah, ancien DG de la BMS (Banque malienne de solidarité), l’opérateur économique et non moins PDG de Toguna Industrie, Seydou Nantoumé, faisait partie de la délégation du Premier ministre qui était en tournée dans la région de Mopti. Les deux hommes ont participé à toutes les étapes excepté celle de Hombori et Douentza en raison d’insuffisance de place à bord l’hélicoptère.
Dès leur arrivée à Mopti, les responsables des différentes communautés et les présidents de différentes associations et autres personnalités ont fait une première réunion, sous la houlette de Zahaby Ould Sidi Mohamed.
«Certains d’entre nous ont fait savoir qu’ils étaient à leur quinzaine participation du genre. Pour moi, c’était trop pour ne pas trouver une solution», a déclaré Seydou Nantoumé devant les cadres et responsables de Bandiagara. Pour lui, certaines vérités sont bonnes à dire parce qu’il y a eu trop de tentatives qui ont échoué. «Pour le moment, tout le monde est fatigué. Il est temps qu’on se dise la vérité. Reconnaissons qu’il y a une crise intercommunautaire, cela nous facilitera de trouver la vraie solution. Mais une seule partie ne peut pas trouver la solution, il faut la présence de tout le monde», a-t-il ajouté.
M. Nantoumé estime que leur réunion avec Zahaby Ould Sidi Mohamed, patron du DDR, devrait permettre de mettre en application certaines décisions, comme par exemple, le DDR. «Si on retire les armes de toutes les milices, il ne faut pas attendre plus d’un mois pour le cantonnement, parce que cela peut faciliter le reste du travail», a-t-il suggéré.
Et Seydou Nantoumé de poser son diagnostic : «Le dialogue est une solution. J’ai été quelques fois au Rwanda où il y avait un conflit intercommunautaire. Ils se sont entretués, il y a eu plusieurs interventions. Mais quand eux-mêmes ont compris qu’il fallait un dialogue entre eux, qu’il y a eu un vrai dialogue. C’est grâce à cette réconciliation et ce dialogue que le Rwanda est cité en exemple dans le monde.
Il faut toujours prendre le bon exemple, parce que ce qui se passe chez nous, avec les calomnies et les mensonges, cela ne fera qu’aggraver la situation. Nous devrons faire beaucoup attention. Quelqu’un a dit dans la salle qu’avec tous les cadres et les intellectuels que nous avons dans ce pays, rien ne bouge. Cela n’est pas normal. Je lui donne raison parce que nous devrons tous réfléchir pour sortir le pays de cette situation. On est tous assis alors que c’est l’avenir de nos enfants qui est en jeu».
Madani Tolo partage le point de vue de Seydou Nantoumé : «Si nous décisions de nous donner la main, que ce soit du côté des Dogons ou des Peuls, en 15 jours, cette crise aura une solution définitive. Je dis nous, c’est surtout les cadres des deux côtés qui sont à Bamako. Il faut que nos cadres à Bamako se donnent la main dans la vérité.
J’ai un peu voyagé à travers le monde. Ce que je vous dis et je le jure, ce ne sont pas la Minusma et la force Barkhane qui peuvent trouver une solution à notre crise. Je vous jure que le G5 Sahel ne peut rien résoudre dans cette crise. Vous avez tous constaté depuis qu’ils sont venus, notre crise s’aggrave de jour en jour avec des morts à n’en pas finir. Avant leur arrivée, la situation n’était pas comme ça et tout le monde peut le témoigner».
Seydou Nantoumé est partisan d’une solution à la malienne ; il reste convaincu que la solution à la crise dans la région de Mopti est entre les mains de ses ressortissants et cadres basés à Bamako. Il propose qu’après cette visite du Premier ministre, qu’il y ait de vrais rencontres autour du dialogue dans les localités de Mopti et Ségou, pour échanger et faire participer chacun aux vrais débats à la base.
«Ces deux nuits de concertations ont permis à chacun de dire ce qu’il pense, de faire des propositions. Nous devons tous continuer dans cette dynamique amorcée. Nous devons dialoguer même avec les terroristes, ils sont nos frères ; ils ont exprimé le besoin d’aller vers le dialogue, la réconciliation. Personne ne doit être mis de côté, battons-nous pour la paix et la réconciliation», a-t-il ajouté. Et de conclure sur cette conviction forte : «C’est à nous de prendre nos responsabilités.»