Depuis l’indépendance, la France a toujours poussé les Touaregs à se révolter contre la République. Et cela pour des raisons géostratégiques et géoéconomiques. Et le Mali a toujours su gérer ces rébellions avec plus ou moins de concessions politiques et militaires. Et pourquoi cela n’a pas marché en 2012 ?
La France a joué sur trois tableaux pour avoir notre pays à sa merci : éliminer Kadhafi qui a toujours eu une grande influence sur les rebelles pour les contraindre à négocier avec Bamako et à déposer les armes.
Elle a aussi fait pression sur l’Algérie et la Mauritanie pour faciliter le mouvement des hordes de terroristes des sanctuaires de la Libye et du Front Polisario pour venir prêter mains fortes aux mercenaires Touaregs pourtant bien accueillis avec armes et bagages comme des fils du pays qui ne savent plus où aller face au chaos libyen.
Et pour finir il fallait plonger le pays dans une crise institutionnelle (en affaiblissant le régime en place par la calomnie et le sabotage des opérations militaires sur le terrain) qui a eu comme conséquences de priver les forces armées et de sécurité de leur chaîne de commandement. En conséquence les principales villes sont tombées sans résistance aucune.
Mais, la France a vite compris que l’irrédentisme touareg avait une limite territoriale, politique et surtout militaire. C’est pourquoi le MNLA a été vite sacrifié au profit des mercenaires du Mujao afin d’avancer vers Bamako et pousser le régime intérimaire à solliciter la protection de la France pourtant l’instigateur principal de la déstabilisation du pays.
A l’issue de l’opération Serval inachevée (elle s’est curieusement arrêtée aux portes de Kidal), la France a signé avec le Mali un accord militaire à son avantage car lui permettant d’installer une base dans la localité géostratégique de Tessalit. Ce que le Mali lui refusait depuis son indépendance.
Le Mali a été contraint de solliciter l’aide de la France contre le terrorisme sur la base d’un scénario bien planifié. Contraint parce que ces envahisseurs jihadistes n’ont pas surgi ex nilo. C’est une invasion savamment planifiée pour aboutir à cette demande. Le Mali a appelé au secours parce qu’on ne lui laissait plus le choix.
Toute vie est sacrée, surtout humaine. Nous ne minimisons donc pas le sacrifice de toutes ces vies (françaises et africaines) et nous nous inclinons pieusement, avec reconnaissance et gratitude, devant la mémoire de ces soldats qui sont victimes du même système néocolonial et de la même convoitise que le peuple malien de l’invasion coloniale à nos jours.
Mais, nous rappelons à l’ambassadeur Joël Meyer de la France que la «totale liberté d’expression» (évoquées dans sa Lettre N° 2019-0383883 du 21 juin 2019 adressée au président de l’Assemblée Nationale) qu’il reproche (et envie sans doute) à l’honorable Moussa Diarra est avant tout le sacrifice des Martyrs de la démocratie, des femmes et des jeunes qui ont donné leur vie pour briser les chaînes de la dictature.
Comparaison n’est pas raison, mais en matière de dette morale, la France nous doit beaucoup plus que nous ne lui devons. Et si cela peut soulager le diplomate, qu’il sache que, un député étant un élu du peuple, l’honorable Moussa Diarra n’a dit haut que ce que la grande majorité de ses compatriotes pensent tout bas ou n’ont pas l’opportunité de le dire en face des autorités françaises.
Libre à la France d’en tirer les conséquences militaire, politique, diplomatique et économique. Contrairement à ce qu’on continue de nous faire croire, l’Hexagone a plus besoin du Mali qu’elle ne l’admet !