Vendredi 19 juillet, la finale entre les Lions du Sénégal et les Fennecs d’Algérie conclura la 32e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Mais à regarder de plus près les acteurs impliqués, sélectionneurs, sponsors, télévisions…, ce blogueur malien regrette que cette compétition africaine le soit finalement si peu.
Depuis le 21 juin, l’Afrique vibre au rythme de la Coupe d’Afrique des nations de football (CAN) qui se déroule en Égypte. C’est une compétition continentale, la plus grande d’ailleurs, qui se joue, pour la première fois, entre 24 pays africains [contre 16 auparavant].
La CAN apparaît comme la fête de l’Afrique. Elle est religieusement suivie partout en Afrique, et sur d’autres continents, par les amoureux du football. De loin, elle semble être panafricaine, une compétition qui révèle les talents et les compétences des Africains.
13 sélectionneurs non-africains sur 24
Mais, à mon avis, il serait mieux de l’appeler la “Coupe d’Afrique des nations et la France associée (CANFA)”. Pour la simple et bonne raison qu’elle ne met pas en valeur l’Afrique dans tout son génie et son talent, mais permet à la France de faire fructifier son business dans plusieurs domaines.
D’abord, la majorité des sélectionneurs des différentes équipes ne viennent pas du continent africain [13 sur 24]. Les équipes, quant à elles, sont bondées de joueurs évoluant pour la majorité dans les championnats européens.
Ensuite, cette compétition d’envergure qui fait la fierté de l’Afrique peine à trouver des sponsors sur le continent. Pourtant, de l’Afrique du Sud au Maroc, de l’Égypte en Angola, il y a de grandes entreprises africaines qui peuvent se positionner pour sponsoriser la CAN.
“Coupe d’Afrique des nations de football Total”
Mais depuis 2017, cette compétition s’appelle plus précisément “Coupe d’Afrique des nations de football Total”, du nom de la firme pétrolière française. Cette entreprise est devenue le sponsor du football africain pour huit années. Total a tout pris car il sponsorise les 10 principales compétitions du continent (la Ligue des champions d’Afrique, la Coupe de la confédération, la Supercoupe, le championnat d’Afrique des nations et encore la CAN féminine). Je trouve que c’est trop !
En outre, pour bien suivre la compétition, être dans les coulisses, et avoir les dernières actualités commentées par les meilleures spécialistes du football africain, il faut des médias français comme Canal + et Radio France internationale (RFI). Nos chaînes nationales africaines sont incapables de fournir à leurs téléspectateurs des images nettes de la compétition, et des débriefings dignes de ce nom, avant et après les matchs.
Capter le marché publicitaire
Loin de moi l’idée de dire que cela est la faute de Canal + Sport. L’entreprise de Vincent Bolloré mobilise pendant la CAN ses meilleures équipes sur tous les terrains. La chaîne y trouve sans doute son intérêt car elle perd considérablement du terrain en France. Sa mobilisation pour retransmettre les matchs répond aussi à un besoin de capter les publicités, ce qui est un manque à gagner pour les télévisions africaines.
Certes, grâce à ces firmes françaises, la compétition se tient, et les Africains arrivent à mieux suivre. Cependant, il manque cette saveur panafricaine qui nous rend si fiers. La Coupe d’Afrique des nations sera plus africaine si elle met en avant le talent et le génie de l’Afrique.
Anassa Maiga