17 juillet 2019, à Kidal une manifestation animée par des jeunes, des femmes et quelques notabilités a pris pour cibles des symboles du Mali. Le drapeau national brûlé, des écriteaux ont été effacés par des manifestants qui montraient leur hostilité à la République. Cette atteinte aux symboles de l’Etat malien a été condamnée par plusieurs personnes. Elle se tient dans un contexte de vives tensions dans la cité de l’Adrar des Iforas qui est visiblement tiraillée entre deux camps voulant contrôler la ville.
L'objectif de ladite manifestation est d'empêcher à la délégation des députés maliens venus à Kidal de faire flotter le drapeau du Mali dans les endroits tel que le gouvernorat, l'assemblée et le camp qui abrite le Mécanisme opérationnel de coordination (MOC). Tôt le matin, les manifestants se sont dirigés vers le Gouvernorat de Kidal où ils ont ordonné au protocole du gouverneur d'enlever le drapeau du Mali qui s'y trouve.
Selon des témoins, ledit drapeau a été traîné à terre partout à Kidal et ensuite brûlé en public, une manière de dire que la population de Kidal en particulier et celle de l'Azawad en général ne veulent plus du Mali. Le retour immédiat au Mali de la délégation des députés est ordonné par les manifestants qui ont menacé de poser des actes de violence à l’encontre de la délégation. Ainsi on peut apercevoir les drapeaux de l'Azawad flotter au-dessus du gouvernorat de Kidal depuis l’incident.
L’indignation est vive au sein de la population, en attendant la réaction des plus hautes autorités du Mali. Déjà, les Mouvements de la Plateforme du 14 juin 2014 d'Alger, signataires de l’accord d’Alger, ont dénoncé cette manifestation majoritairement composés de femmes et de jeunes qui ont « violé des bâtiments publics, puis trainer, souiller pour ensuite brûler le drapeau de la République du Mali».
La Plateforme a condamné fermement ce comportement contraire à l'esprit et à la lettre de l'Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du processus d'Alger, et a invité les manifestants de Kidal à plus de retenue et de patience. « La Plateforme précise que tous les Mouvements signataires ont reconnu l'intégrité territoriale du Mali, son unité sa forme laïque et républicaine, toutes choses qui ne peuvent êtres dissociées du respect de tous les symboles de la souveraineté du Mali sans l'observation desquels, la mise en œuvre de l'Accord ne saurait progresser», souligne un communiqué du mouvement.
Egalement présente à Kidal, la Plateforme a rappelé que le drapeau et les édifices publics de tous les Etats sont inviolables et méritent respect et considération quelque soient les griefs que l'on peut avoir contre un gouvernement. Peu avant cette manifestation, des monuments et des panneaux de promotion de l’Azawad ont été détruits dans la nuit à Kidal.
La Coordination des Mouvements de l’Azawad(CMA) a également condamné « avec la dernière énergie les actes posés à l’encontre du drapeau national et se désolidarise sans ambages de tout acte contraire à ses engagements pris dans l’APR y compris ceux liés aux symboles de l’Etat dans la ville de Kidal. »
« C’est une tentative de la montée des couleurs sur initiative de la CMA dans le camp militaire où sont cantonnés les éléments du MOC qui a dégénéré provoquant un comportement inapproprié à l’égard du drapeau national. La CMA rappelle qu’un autre acte de vandalisme de plusieurs monuments à l’effigie des emblèmes de la CMA s’est opéré la veille, exacerbant davantage la tension au sein des organisations de la jeunesse. », explique, dans un communiqué, la CMA. Avant d’ajouter : « En attendant de comprendre ce qui s’est réellement passé, la Coordination des Mouvements de l’Azawad condamne vigoureusement les actes qui se sont produits ce jour à Kidal; actes contraires à tous les efforts qu’elle déploie de manière constante la CMA pour l’instauration d’un climat serein et favorable à l’aboutissement des efforts encourageants entrepris ces derniers temps avec le gouvernement dans le cadre de l’accélération des aspects prioritaires de l’accord pour la paix. »
Pour rappel, le 25 mai dernier à Bamako, lors d’une réception offerte par Pierre Buyoya, le haut représentant de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel, le ministre des Affaires étrangères du Mali Tiébilé Dramé a reproché au président de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) Sidi Brahim Ould Sidati, de ne pas avoir eu l'attitude qu'il devait lorsque l'hymne national du Mali a été entonné. « «L’Accord d’Alger, c’est un tout. On ne peut pas le saucissonner. L’Accord d’Alger, c’est l’Armée nationale reconstituée, en fait, ce sont les zones de développement économique, en fait, les politiques pour renforcer la réconciliation nationale et la démocratie.
L’Accord d’Alger, beaucoup l’oubliant, c’est le respect de tout le territoire national, c’est le respect de l’unité nationale, c’est le respect de la forme républicaine et laïque de l’État. L’Accord d’Alger, c’est le respect du drapeau national, le respect de l’hymne national, le chant du Mali. Ou, quand le chant du Mali était entonné, au début de la cérémonie, alors que tous les diplomates et les Maliens étaient debout, avec respect et solennité, le président de la CMA, mon frère Sidi Brahim Ould était d’abord assis, ensuite il s’est levé, avec désinvolture, il avait les bras croisés. L’Accord d’Alger, c’est le respect de l’histoire nationale du Mali.», avait déclaré, haut et fort, Tiébilé Dramé.