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Dans la dynamique de gestion de la crise malienne : La société civile, actrice crédible ?
Publié le jeudi 18 juillet 2019  |  Le challenger
Conférence
© aBamako.com par A S
Conférence de presse de la FIDH et de L`AMDH
Bamako,le 21 novembre 2018 La Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), en collaboration avec l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH), a briefé la presse sur sur le projet conjoint dénommé «Mobilisation de la société civile pour répondre à la crise des droits humains au Mali». a la maison de la presse
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‘’La société civile, regrettait Cheaka Abdou Touré, alors Représentant spécialde la CEDEAO au Mali, semble complètement désorientée par son inféodation à des regroupements politiques de circonstance, perdant du coup, son indépendance pourtant nécessaire à sa combativité contre la mal gouvernance. Il est donc temps, après de si longs mois de tergiversations et d’absence d’initiatives conséquentes, que les Maliens se mobilisent autour de l’essentiel, à savoir : l’union sacrée pour l’unité d’action contre le dépérissement de la nation malienne.
Le Mali fait face, depuis le début de l’année 2012, à une crise sociopolitique et sécuritaire des plus graves de toute son histoire existentielle suite à la résurgence de l’une des rébellions qui ont très souvent jalonné son évolution en tant qu’Etat indépendant, souverain et unitaire. Bien qu’il faille penser que cette crise multiforme ait pu résulter d’une certaine mal gouvernance et de l’accumulation de décisions politiques stratégiques mal assumées, sa soudaineté et sa complexité en font une crise assez particulière dans le paysage africain.

Jeu des alliances tactiques ou occasionnelles

Ainsi, au travers d’une révolte de quelques éléments Touaregs comme il en a souvent eu lieu, le Mali a basculé dans l’horreur de ce qu’il est convenu d’appeler les massacres d’Aguelhok aux premières semaines de janvier 2012. Pour plusieurs raisons qu’il conviendra d’identifier clairement à temps opportun et par des personnes autorisées, l’armée malienne n’a pu contenir cette révolte symbolisée par le Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (MNLA) et qui a entraîné la déroute successive des forces de défenses dans toutes les grandes zones septentrionales entraînant par voie de conséquence l’occupation des principales agglomérations que sont Kidal, Gao, Tombouctou et Ménaka. Dès lors, et par le jeu des alliances tactiques ou occasionnelles avec d’autres groupes jihadistes que sont AQMI, Ansar Dine, MUJOA et Boko Haram, tous liés directement ou indirectement à la nébuleuse ALQAIDA, le MNLA s’est engagé dans un processus de sécession avec la déclaration unilatérale de l’indépendance du territoire dit de l’AZAWAD.

Drame humanitaire et socioculturel

La collusion des groupes narcotrafiquants et du terrorisme transnational, qui écumaient depuis une décennie la zone sahélo-saharienne avec les groupes salafistes et jihadistes nés vers la fin de 2011, est aujourd’hui la principale cause du drame humanitaire et socioculturel que vivent les populations prises en otages dans les zones occupées du Nord-Mali. Ainsi, en plus d’être obligées de se déplacer massivement vers les autres villes au Sud du pays ou de se réfugier dans les pays voisins, ces populations, du moins pour celles restées sur place, subissent toutes les actions les plus inhumaines faites d’amputations de mains et de pieds, de tortures et de flagellations publiques, d’emprisonnement sans jugement, de lapidation à mort, de viols et de mariages collectifs des femmes et filles, etc.

Sur le plan culturel, des vestiges centenaires, parfois inscrits au patrimoine culturel mondial, sont systématiquement défigurés voire détruits, alors qu’au plan social, il n’y a pratiquement plus de scolarisation des enfants lorsqu’ils ne sont pas purement et simplement enrôlés de force dans les groupes salafistes armés. Toutes formes de distractions sportives ou culturelles sont interdites.

Crise politico-institutionnelle

Parallèlement à ce tableau suffisamment sombre, le coup d’Etat du 22 mars 2012, a aussi précipité le pays dans une crise politico-institutionnelle qui a du mal à se mettre en ordre malgré les efforts combinés de la CEDEAO, de l’Union Africaine et de la Communauté internationale. Grâce notamment à l’intervention rapide et énergique de la CEDEAO, le Mali n’a vécu que quelques deux semaines de vide juridique et d’extra légalité des institutions constitutionnellement établies et cela à travers la signature, le 06 avril 2012, de l’Accord-cadre entre le chef de l’ex-junte putschiste et la CEDEAO confirmant ainsi la volonté des militaires exprimée le 1er avril 2012 de restaurer l’ordre constitutionnel et par voie de conséquence, de se retirer de la sphère politique au profit des partis politiques et des institutions habilitées.

Secteur de défense et de sécurité fragilisé

Et comme si cela ne suffisait pas, le clash entre deux composantes importantes de l’armée nationale, à savoir les bérets rouges et les bérets verts, n’a fait que compliquer la situation sécuritaire et fragiliser profondément tout le secteur de défense et de sécurité du pays. L’anéantissement de tout un corps des forces de défenses et les arrestations arbitraires qui s’en sont suivi rendent la situation sécuritaire assez volatile et inquiétante de façon permanente.

Au total donc, le Mali vit une crise multidimensionnelle des plus compliquées et complexes, voire injuste au regard de tout le passé glorieux de ce pays cité en exemple tant aux temps précoloniaux qu’à l’aube de la promotion de la démocratie politique en Afrique. Ainsi, les Maliens doivent, de manière concomitante, régler durablement :

-la crise politique et institutionnelle

-la crise sécuritaire

-la crise humanitaire

-la crise de légitimité territoriale

-la crise d’identité communautaire

-la crise socioculturelle exacerbée par le jihadisme et le salafisme

-le terrorisme transnational auteur de l’économie criminelle à base du narcotrafic et du commerce humain.

Pour un seul pays, c’est trop ! Pourtant, face à l’évidence de toutes ces crises cumulées, les Maliens ne semblent pas réaliser la nécessité de l’union sacrée et du sacrifice suprême pour le sauvetage de la Nation. Se servant de la crise globale comme fonds de commerce, les uns cherchent à se positionner politiquement pour le court et moyen terme, pendant que d’autres se lancent dans des acrimonies inutiles contre la communauté internationale, la CEDEAO en particulier, au moment même où le pays a besoin de la solidarité et des partenariats actifs.

Certains encore se plaisent à mobiliser des citoyens sous des invectives nationalistes et patriotiques sans effet concret sur l’effort collectif de sortie de crise, si non qu’à divertir inutilement les paisibles populations souvent abusées.

Inféodée à des regroupements politiques de circonstance

Même la société civile semble complètement désorientée par son inféodation à des regroupements politiques de circonstance, perdant du coup, son indépendance pourtant nécessaire à sa combativité contre la mal gouvernance.

Il est donc temps, après de si longs mois de tergiversations et d’absence d’initiatives conséquentes, que les Maliens se mobilisent autour de l’essentiel, à savoir : l’union sacrée pour l’unité d’action contre le dépérissement de la Nation malienne. La mobilisation de la communauté internationale au service du Mali grâce à l’action conjuguée de la CEDEAO et de l’Union Africaine, le feu vert du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour l’usage de la force contre les sanctuaires du mal, le sursaut gouvernemental vers plus de cohésion et de concentration sur les objectifs fondamentaux de la Transition, entre autres, offrent des perspectives favorables à une sortie de crise que nous souhaitons effective et durable.

Au regard de cette nouvelle dynamique et sous l’égide du Ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine, la Représentation Spéciale de la CEDEAO, en collaboration avec le PNUD et d’autres partenaires techniques et financiers se propose d’accompagner de manière efficace les Maliens à prendre une part plus active et conséquente aux efforts de sortie de crise à travers un programme d’action structuré et holistique.

Pour ce faire, des concertations avec les forces vives s’avèrent nécessaires’’, a-t-il conclu.

Dèbè Tall

Source : Le Challenger
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