PARIS (Paris) - Le défilé militaire du 14 juillet à Paris, auquel participeront des soldats maliens et des Tchadiens ayant combattu au Mali, sera "un défilé néocolonial", ont dit jeudi des ONG.
Le défilé précédera de deux semaines l’élection présidentielle au Mali, prévue le 28 juillet à la demande insistante de la France, "alors que les conditions d’organisation (...) sont bien loin d’être réunies", souligne un communiqué de ces associations, Survie et Sortir du colonialisme.
Pour ces dernières, "alors que la France est très investie dans la course aux marchés pour la reconstruction du Mali, qu’elle engrange peu à peu, il y a fort à redouter que le régime qui sera issu (de l’élection) peine à conquérir une vraie légitimité".
Fin juin, le ministère de la Défense français avait annoncé la présence de contingents tchadiens de la force des Nations Unies au Mali, la Minusma, et d’un contingent de l’armée malienne au défilé.
"Ce défilé donne un parfum de victoire à une opération militaire qui est loin de pouvoir être présentée ainsi étant donné les nombreuses zones d’ombre qui l’entourent et l’incertitude qui demeurent sur son issue", estime Survie, dénonçant "le rôle autoproclamé de gendarme de l’Afrique que la France s’est octroyé".
Le 11 janvier, face au risque de désintégration de l’Etat malien confronté à une rébellion armée, la France était intervenue militairement au Mali. De nombreuses accusations d’exactions (torture, exécutions sommaires) contre l’armée malienne ont rapidement suivi. L’AFP a interviewé des victimes d’exactions, dont certains sont mortes depuis.
L’activiste tchadien Abdelkerim Yacoub Koundougoumi, cité dans le communiqué, est "choqué et déçu que les troupes tchadiennes soient mobilisées pour défendre la liberté et la démocratie dans un pays étranger alors qu’elles les refusent à leur propre peuple", dans leur "pays dirigé par le dictateur Idriss Déby et dont les forces armées sont réputées pour leurs violations des droits de l’Homme et le recrutement d’enfants soldats".
Quant au mouvement Sortir du colonialisme, il "voit dans ce défilé du 14 juillet une relégitimation de l’ordre colonial, à travers la mise en scène d’une armée française intervenant en Afrique, de troupes africaines lavées de tout soupçon d’exactions, et plus globalement d’une Françafrique qui a adopté un nouveau look tout en restant dans le giron de l’Elysée, de l’Etat-major et des entreprises françaises".