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Les confidences de la morts de FILY DABO SISSOKO et de ses deux compagnons: Comment ils ont creusé leurs propres tombes?
Publié le lundi 22 juillet 2019  |  La Mutation
Fily
© AFP par Byline
Fily Dabo Sissoko
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Après le verdict prononcé par le tribunal populaire, les trois dignes hommes seront conduits à Kidal où ils sont censés purger leur peine commuée en détention à perpétuité. Mais le 12 février 1964 soit deux ans et trois mois après, Fily Dabo Sissoko et ses deux compagnons furent fusillés dans le désert malien près d’une Oued entre Bouressa et Tazidjoumet.
En effet au petit matin du 12 février 1964, trois prisonniers vêtus de leur tenue carcérale, têtes et pieds nus, sont rassemblés dans la cour d’un poste militaire dans le désert malien. Quelques heures après deux véhicules, une Jeep Willys et un power Wagon font leur entrée dans le poste où règne un bras bas de combat. Ils s’immobilisent, moteurs en marche, devant le poste de commandement, leur ronronnement se mêle aux males accents des voix que le vent transporte en écho dans la nature. Les trois prisonniers montent à bord de la Jeep Willys où ils sont aussitôt cernés par des gardes armés de fusils. Un détachement militaire avec un lieutenant en tête, sans doute le peloton d’exécution, prend position dans le power Wagon. Sur un geste, le convoi se met en route et se dirige vers la frontière Algéro- malienne. Pendant ce temps, la rébellion touareg qui sévissait depuis des mois faisait régner une insécurité totale dans cette région. Les deux véhicules du convoi avancent sans hâte, sans lenteur exagérée. Les soldats doigts sur la détente de leurs fusils, scrutent l’horizon tandis que, de temps en temps, les prisonniers jettent un regard sur ce qu’ils considèrent depuis leur débarquement comme un peloton d’exécution. Après un long voyage, le convoi arrive à un endroit situé entre Bouressa et Tazidjoumet à plusieurs kilomètres de la frontière algéro-malienne. C’est à partir de là qu’on ne verra jamais les trois prisonniers à savoir Fily Dabo Sissoko, Hammadoun Dicko et El Hadj Kassoum Touré dit Marba Kassoum. Et ce qui s’est passé le 12 février fut horrible pour ces trois dignes hommes car ils furent fusillés et enterrés dans une fosse commune. Quelques semaines après, la nouvelle de la disparition de ces trois prisonniers politiques célèbres parvient à Bamako, se propage comme une trainée de poudre dans tout le pays. Le 30 juin 1964, le bureau politique national de l’Union Soudanaise RDA publie une mise au point officielle concernant le décès de Fily Dabo Sissoko, Hammadoun Dicko et El Hadj Kassoum Touré ainsi que d’autres détenus au camp pénal de Kidal. Le communiqué publiait notamment le rapport du Commandant militaire du cercle de Kidal relatant les circonstances des décès. D’après ce rapport, le convoi des trois prisonniers était tombé dans une embuscade rebelle. Mais la réponse de l’histoire ne tarda pas à réfuter cette thèse dès l’année 1966. En effet en cette date, un décret présidentiel, à l’occasion de la fête du Maouloud, accorde grâces, remises ou commutations de peines à 28 condamnés, en détention dans les diverses prisons du Mali. Parmi eux se trouvent 12 émeutiers du 20 juillet 1962 et compagnons de détention de Fily Dabo, Hammadoun Dicko et Kassoum Touré au bagne de Kidal. Cela a permis de mieux comprendre suite aux déclarations de ces détenus graciés, le déroulé des événements de Bouressa qui ont conduit à la mort de ces trois prisonniers politiques et d’autres assassinats perpétrés à Keibane, Sakoiba, Kidal, Tinzouatene, N’Tadeni, Bouressa, Tondimina pour ne citer que ceux-ci.
Enfin sonna La fin tragique de Fily et ses deux compagnons
Ainsi lorsque l’officier commandant le peloton d’exécution fait stopper les véhicules, saute à terre, regarde autour de lui et sonde les lieux avec beaucoup de précautions. Sur son ordre les soldats du peloton débarquent à leur tour et se rassemblent en colonne par un, en attendant le moment d’accomplir leur mission, la mission d’assassins par commission. A cet instant, le lieutenant Jean Bolon Samaké s’adresse aux trois prisonniers en ces termes : ‘’ C’est ici que vous serez fusillés’’ en indiquant du doigt l’endroit précis où les exécutions allaient se dérouler. En ce moment, Hammadoun Dicko, le peulh, le visage plein de noblesse, s’adresse le premier à l’officier en ces termes : Et les derniers mots des condamnés avant leur exécution continuent de faire froid à présent dans les esprits humains. ‘’Lieutenant, quelque soit le mode d’exécution que vous aurez choisi, je vous demande, de grâce, de ne pas laisser nos corps en pâture aux charognards et aux fauves’’ tel était le propos de Hammadoun Dicko qui avait creusé la fosse commune s’adressait peu avant à sa mort à l’officier commandant le peloton d’exécution, le lieutenant Jean Bolon Samaké. Ensuite joignant le geste à la parole, il retire une bague de son doigt, la remit au lieutenant Samaké avec ce message :’’ Remettez cette bague à ma fille et dites-lui que je suis mort pour un idéal. Je souhaite que cet idéal triomphe un jour pour le plus grand bien de mon pays’’. Ce fut le tour de Fily Dabo Sissoko de s’adresser toujours à Jean Bolon Samaké avant de se diriger vers la fosse commune : ‘’ Mon lieutenant, ne me tirez pas derrière sans quoi l’histoire retiendra que j’ai voulu prendre la fuite et tous ceux qui ont contribué à mon exécution auront des sorts tragiques’’. Pendant ce temps des hordes de charognards volaient au dessus de leurs têtes. Moment psychologique pour l’officier qui visiblement ému, détourne la tête et répond d’une voix étouffée : ‘’Dans ce cas, creusez vous-même vos tombes’’. Du coup ces trois devraient creuser leurs propres tombes. Mais l’état physique de Fily et de Kassoum ne pouvait leur permettre une telle entreprise car leur âge et santé avaient rendu impotents. Ce qui explique seul Hammadoun Dicko a pu creuser cette fosse commune. En voulant rejoindre la fosse commune, le peloton d’exécution commandé par du lieutenant Jean Bolon Samaké et composé de lieutenant Mamy Ouattara, l’adjudant –Chef Gaoussou Coulibaly et des goumiers, tira sur les trois et furent enterrés. A noter que le peloton d’exécution était sous les ordres de Diby Sillas Diarra qui recevait discrètement les messages venant de Koulouba. Pourtant rien ne présageait qu’un jour Jean Bolon Samaké allait mettre fin aux jours de son maitre Fily Dabo qui l’a enseigné à Ouélessébougou dans les années 1930. Mais hélas pour lui, il subisse le même sort lorsqu’il fut arrêté par Moussa Traoré. Jugé et condamné aux travaux forcés à perpétuité pour tentative de coup d’état en 1970, le lieutenant Samaké fut transféré au camp pénal de Taoudéni où il n’a pas survécu aux horreurs du sinistre camp. Lui aussi repose dans une tombe ensevelis sous les sables du désert. Bien avant c’est son chef hiérarchique, Dibi Sillas Diarra qui avait subi le même sort en 1965 que Fily Dabo qui les avait pourtant prévenus avant d’être fusillé le 12 février 1964.
Liste de quelques victimes suite aux événements du 20 juillet 1962
A Ouélessébougou et environs
Mamadou Doumbia, cultivateur à Dialakoro
Moussa Samaké dit Korona Moussa, secrétaire général du Comité No 2 à Ouéléssébougou
Fassoko Samaké, cultivateur à Kafara
Sassa Samaké, à Ouéléssébougou
Daman Doumbia, secrétaire général du comité de Simidji
Fa Bagayogo, cultivateur à Tamala
Diogoba Camara, cultivateur à Séguéssona
Moussa Coulibaly, cultivateur à Ouéléssébougou
Sidy Samaké, jardinier à Ouéléssébougou
Fadiala Samaké, cultivateur à Sémana
Bougoussé Doumbia, cultivateur à Mana
Fousseyni Fadaga Diawara, à Tintoubougou
Débélé Traoré, cultivateur à Ouéléssébougou
N’Tongo Samaké, cultivateur, chef de village de Ouéléssébougou
Monzo Samaké, cultivateur à Tintoubougou
Issiaka Bagayogo, Secrétaire à Bamako
Djan Bagayogo, cultivateur à Ouélessébougou
N’Tongo Samaké No2, cultvateur à Ouéléssébougou
A Yanfolila et environs
Sayon Diakité, à Yorobougoula
Toumani Diallo, à Bounoko
Lamine Sidibé, né vers 1950 à Koflatiè(Yanfolila)
Famoro Sidibé, né vers 1949 à Guélinkoro
Ibrahima Mory Diakité, né vers 1950 à Dienkoro(Yanfolila)
Noumouké Diallo, né vers 1929 à Morola
Abou Sidibé, né vers 1943, Commis à Yanfolila
Mamadou Sidibé, né vers 1929 à Yanfolila
El Hadj Issa Diakité, né vers 1927 à Gouna(Yanfolila)
Siaka Diakité, né vers 1946 à Yotobougoula
Nanfodé Sidibé, né vers 1926 à Guélinkoro
Fodé Diakité, né vers 1921 à Tabaco(Yanfolila)
Namaory Sangaré, né vers 1902 à 1940 à Gouna(Yanfolila)
Sita Diallo, cultivateur à Yorobougoula
Famoro Diallo, né vers 1948 à Faboula-Yanfolila)
Lancina Diakité, né vers 1951 à Yorobougoula
Richard dit Daouda Sidibé, né vers 1950 à Siékorolé
Séga Doumbia, né vers 1947 à Koulikoro
André Moctar Sangaré, né vers 1940 à Magadala
Mansa Sidibé, né vers en 1936 à Tiéoulena
Raphan Sidibé, né vers en 1922 à Bandiala-Yanfolila)
Sory Sidibé, né en 1944 à Djelinfing(Yanfolila)
Toumani Sidibé, né vers 1936 à Bounoko
Sotigui Sidibé, né vers 1940 à Téguélindougou
Tiémoko Sqoumano, né vers 1917 à Diélimala(Guinéé)
Bougou Diallo, né vers 1941 à Yorobougoula
Sadou Bocoum
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