Gouvernement, médiateurs internationaux et mouvements signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation doivent aller au-delà des condamnations de principe en s’embarquant dans le train de la concorde à destination de la quiétude dans notre pays.
Ceci constitue une entorse grave au processus de paix et de réconciliation qui se trouve pourtant dans une bonne dynamique jugée désormais irréversible par nombre d’observateurs avertis. Il s’agit en effet des actes d’outrage au drapeau et aux symboles nationaux commis en rassemblement organisé, mercredi dernier, à Kidal.
Ces incidents malheureux, comme on pouvait s’y attendre, ont suscité de nombreuses réactions, à commencer par celle du gouvernement qui, dans un communiqué, dit observer avec regret et une grande consternation des actes d’outrage au drapeau et aux symboles nationaux. De tels actes, selon le communiqué du gouvernement, portent gravement atteinte au processus de paix en cours.
Le gouvernement condamne en effet avec fermeté ces actes portant atteinte à l’esprit de réconciliation nationale, et en appelle aux acteurs impliqués dans le processus de mise en œuvre de l’Accord de conjuguer leurs efforts pour faire cesser de tels actes qui n’honorent ni ceux qui les commettent, ni le Mali. Ces actes, déplore le texte, donnent une mauvaise image de la ville de Kidal au reste de la nation et à la communauté internationale, au moment où tout le pays est pleinement engagé dans les préparatifs du Dialogue politique inclusif. Le gouvernement rappelle par ailleurs que les auteurs de tels actes s’exposent aux sanctions prévues contre ceux qui font entrave à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger.
Le gouvernement, souligne le communiqué, demande avec insistance à tous les acteurs de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, de s’investir pour faire respecter le drapeau et tous les symboles de la République du Mali. «La Paix n’est pas un mot, mais un comportement de tous les jours, adoptons des comportements de tous les jours. Adoptons des comportements qui honorent la République», invite le texte.
La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) également, dans un communiqué, informe l’opinion nationale et internationale qu’une marche spontanée d’activistes de la société civile de Kidal intervenue en marge de la visite d’un groupe de parlementaires de l’Assemblée nationale a dégénéré mercredi dans la ville à travers des actes hostiles à certains symboles de l’Etat.
«En attendant de comprendre ce qui s’est réellement passé, la CMA condamne vigoureusement les actes qui se sont produits ce jour à Kidal», poursuit le communiqué, estimant qu’il s’agit d’actes contraires à tous les efforts que déploie de manière constante la CMA pour l’instauration d’un climat serein et favorable à l’aboutissement des efforts encourageants entrepris ces derniers temps avec le gouvernement dans le cadre de l’accélération des aspects prioritaires de l’Accord pour la paix et la réconciliation.
«La CMA condamne avec la dernière énergie les actes posés à l’encontre du drapeau national et se désolidarise sans ambages de tout acte contraire à ses engagements pris dans l’Accord pour la paix et la réconciliation y compris ceux liés aux symboles de l’Etat dans la ville de Kidal», insistent les auteurs du texte.
LA CMA invite toute la population à la retenue, exprime ses profonds regrets face aux désagréments causés par cet incident malheureux et renouvelle sa demande maintes fois exprimée de la nécessité d’une collaboration de tous les acteurs pour éviter ce genre de situation.
Même son de cloche du côté des mouvements de la Plateforme du 14 juin 2014 d’Alger qui condamnent fermement ce comportement contraire à l’esprit et à la lettre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, invitant les manifestants de Kidal à plus de retenue et de patience. «La Plateforme précise que tous les mouvements signataires ont reconnu l’intégrité territoriale du Mali, son unité, sa forme laïque et républicaine, toutes choses qui ne peuvent êtres dissociées du respect de tous les symboles de la souveraineté du Mali sans l’observation desquels, la mise en œuvre de l’Accord ne saurait progresser», énonce le communiqué.
De plus, la Plateforme rappelle que le drapeau et les édifices publics de tous les Etats sont inviolables et méritent respect et considération quelques soient les griefs que l’on peut avoir contre un gouvernement. La Plateforme invite les responsables et notabilités présents à Kidal à travailler pour faire cesser ces pratiques qui font reculer la progression du processus de paix et la restauration de la paix et de la quiétude sociale.
Au concert des condamnations, la Médiation internationale aussi a joint sa voix. «La Médiation internationale et son chef de file l’Algérie ont suivi avec indignation et consternation les évènements inadmissibles survenus dans la ville de Kidal le 17 juillet 2019”, indique un communiqué parvenu hier à notre rédaction. «Ces atteintes gravissimes à l’unité nationale du Mali” sont condamnées avec «la dernière énergie» par la Médiation internationale qui “en appelle à l’ensemble les citoyens de la région de Kidal à se désolidariser de ce genre de comportement qui ternit leur image et qui constituent une violation de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger».
Interrogée sur la question lors d’une conférence de presse, la porte-parole de la Minusma, Myriam Dessables n’a guère été prolixe, se contentant d’indiquer que son organisation soutient le communiqué du gouvernement. Du reste, ces regrettables incidents, vigoureusement condamnés par de nombreux partis politiques et organisations de la société civile ne sont malheureusement pas une première. Ce qui étonne, c’est à la fois le timing et le contexte, – marqués par une détente et une relative accalmie -, dans lesquels ils sont survenus. Plus que de simples communiqués de condamnation, dont on est désormais habitué maintenant, il faudrait bien au «train malien de la paix et de la réconciliation» désormais sur les rails plus de sincérité des différents acteurs pour empêcher tout déraillement.