Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Lettre à mon oncle Bass
Publié le lundi 22 juillet 2019  |  Le 26 Mars
Comment


Cher oncle,

Salamaleck ! C’est avec un réel plaisir que nous avons accueilli le petit Salam que tu as bien voulu envoyer ici à Fantambougou-Bamako pour s’y ressourcer pendant quelques temps.

Aussi, au nom de toute la troupe familiale, je te remercie pour les 20 kg de riz, le colis de poissons de mer et les 6.500 FCFA que tu viens de nous envoyer.

Walahi, Bilahi, je jure, la troupe familiale est fière de toi et rend grâce à Allahou Soubhanatala, l’Unique, le Seul devant lequel, avec humilité, nous les “en dessous” les faibles et les petits nous prosternons.

Contrairement à tous ces misérables qui, pour préserver les privilèges d’ici bas ou bénéficier de strapontins ont choisi pour Dieu, des mortels comme eux. Honte à eux !

Aussi, j’ai lu et compris à fond le contenu de ta lettre.

Walahi, Bilahi, je jure, je prie Dieu qu’il t’accorde une très longue vie (à moi aussi bien sûr), afin que tu puisses, depuis Dakar, continuer à sécher les larmes des membres de la famille ici, à Fantambougou-Bamako.

Et, tu me vois vraiment désolé, encore une fois, de devoir te parler de cet éternel problème de graille qui tenaille aussi bien la troupe familiale que l’ensemble des Maliens d’en bas.

Oui, tonton Bass, je reviens avec le même leitmotiv : “le pays va mal… de mal en mal”. Mais, avant de t’en donner les détails, je dois te dire que les 48 bouches de la troupe familiale sont au grand complet, et plus voraces que jamais.

Grand-mère est également là, vivante. Même si, tu la reconnaîtrais difficilement, car, de blancs à jaunes, ses cheveux ont fini par tout simplement disparaître.

La misère tonton, est la pire des maladies. Elle humilie publiquement et tue lentement, mais sûrement. Comment lui échapper ?

Au Mali, il n’y a désormais plus d’issues. Et pour cause, la bouffe ainsi que la Santé coûtent trop cher.

Bof ! Je ne vais pas m’attarder sur ce sujet car, seuls ceux qui ont un présent se préoccupent du futur. Or, nous les Maliens d’en bas, l’écrasante majorité de ce pays ne faisons point partie de ce lot.

Les jours, les semaines, les mois et les années, depuis toujours ne sont régis au Mali d’en bas que par la misère, l’incertitude du lendemain et le désespoir.

Qu’à cela ne tienne, en tant que croyants, nous les “en bas”, gardons toujours l’espoir que rien, en dehors de la mort, n’est définitif et que, un jour ou l’autre, les derniers seront les premiers.

J’ai fais par ailleurs la connaissance à Sikasso (il y a 4 mois), d’une vieille française (57 ans) qui a été foudroyée par mon charme.

Elle m’a proposé le mariage (ce que j’ai accepté) et nous sommes actuellement entrain d’effectuer certaines formalités administratives à cet effet.

Après notre mariage, “à l’heure où blanchit la campagne”, nous partirons !

Allah Akbar tonton ! En France finalement, je serai ! Bientôt, finis pour moi le régime d’un repas tous les trois jours, la sauce au vilain “thiékouroulé”, le “tiguédégué na”, les sauces sans viande.

A moi bientôt les côtelettes d’agneau (sautées à la vinaigrette) les cuisses de grenouilles à la mayonnaise, les crevettes et le caviar !

Je sais tonton que tu m’en veux d’être obstiné à aller au pays de “nos ancêtres les Gaulois”, mais, tu m’offenserais mortellement, si tu me considérais comme un apatride. Soubahanalla !

Mais, toi même tu sais, la patrie, c’est aussi celle-là où, on a à manger. “Walahi, Bilahi, je jure !”

Or, dans ce Mali là, pourtant propriété commune à nous tous (d’en bas comme d’en haut), il n’y a absolument plus d’espoir pour les “en bas”, l’écrasante majorité. Et pour cause.

Les vertus cardinales de notre société (l’honneur, la dignité, l’honnêteté, la solidarité et le sacrifice), sont de nos jours piétinées et même assassinées par ceux-là mêmes qui devraient avoir comme mission principale de les pérenniser.

Alors, que faut-il faire ? Se résigner à survivre dans le désespoir ou, risquer de mourir en courant après l’espoir ?

En France, Inchallahou, “j’irai par la forêt, j’irai par la montagne” ! Walahi, Bilahi, je jure !

Concernant la République, la Rue-publique et le marigot politique, je t’en parlerai volontiers la semaine prochaine.

A lundi inchallah !

Par ton petit Ablo !

Commentaires

Sondage
Nous suivre
Nos réseaux sociaux

Comment