Dix mois après sa réélection à la magistrature suprême, Ibrahim Boubacar Kéita, qui a galvaudé la grande confiance que les Maliens ont placée en lui, démontre qu’il est incapable de sortir le Mali de la crise. A chacune de ses sorties médiatiques, il commet des erreurs impardonnables. La dernière en date, c’est l’interview exclusive qu’il a accordée à nos confrères de Jeune Afrique. Pire, il a étalé un Mali pitoyable, impuissant, assisté, rien de plus. Comme si cela ne suffisait pas, IBK est parti à Dakar pour pleurer et remettre 20 millions de nos francs à la famille du défunt Dieng, alors qu’il n’a jamais daigné verser la moindre goutte de larme pour les milliers de Maliens morts à Sobane-Da, Diouara ou Kolongo. Quelle honte ! Annoncé comme un messie, IBK fut une grande déception pour ses compatriotes. Dans une atmosphère d’insouciance ou d’incompétence, lentement et presque sûrement, le pays s’est plus enfoncé sous sa gouvernance dans la crise et dans la violence. L’administration a fui bien des localités au nord et même au le centre du pays, abandonné à la merci des jihadistes ; les soldats et combattants tués se comptent par centaines. À part des communiqués laconiques, aucune autre mesure.
IBK est un Président qui semble être étonnamment passé à côté de son histoire et de sa gloire politique. Mandaté pour la résolution de la crise, il aurait dû rassembler tous les Maliens autour de l’idéal du combat, c’est-à-dire la mise d’un gros trait définitif sur les hostilités au nord du pays. Il aurait dû user de tout son poids politique et mettre en branle sa machine diplomatique pour faire pencher la prétendue communauté internationale en faveur du Mali et obtenir la levée de l’embargo militaire décrété contre le pays. Dans ce cas, il aurait gagné en estime considérable et se serait inscrit sur la page d’or de l’Histoire du Mali. Il aurait pu par la suite gagner n’importe quel pari politique, socio-économique dans le pays, y compris la révision constitutionnelle avortée. Pour avoir manqué à ces deux points essentiels de son mandat, il risque maintenant sa chute politique définitive dans l’opprobre.
En ce qui concerne la jeunesse, il n’est nul besoin de faire des commentaires pour dire qu’en s’organisant mieux, elle obtiendra le changement souhaité dans le pays. Elle est déçue de la classe politique. Mais rester à l’écoute et à la traîne de la classe religieuse actuelle, c’est rester dans la misère totale. Ces religieux ont la bouche dans la même trompette.
Là, il ne s’agit pas d’un instrument de musique, mais plutôt du verbe « tromper». Ils font bien le jeu de la classe politique au pouvoir et s’en sortent avec des milliards dans la poche. Le reste, ils s’en moquent. Aux Maliens mécontents, ils montrent le chemin d’un paradis mythique: mourez d’abord pour être heureux enfin, le bonheur pour vous n’est pas sur la Terre ! Pourquoi ont-ils donc besoin de tant de milliards et de luxe ici-bas ?
En tout cas, vu sa gestion catastrophique du pays, IBK mérite le prix Nobel de la mauvaise gouvernance.