Le tout nouveau Gouverneur du District de Bamako, à peine nommé, fait face à une urgente question de chefferie. Il a réussi à apaiser les ardeurs d’une population qui était surchauffée, le vendredi 19 juillet dernier, dans l’affaire de la succession d’El Hadj Bourama Traoré, à la chefferie traditionnelle.
En effet, dès le levé du soleil, la devanture de la famille de feu El Hadj Bourama Traoré, grouillait de monde. Plus loin, les alentours de la mairie principale étaient pris d’assaut par une masse, qui ne cessait de gonfler au fur et à mesure que les minutes passaient.
Informée, notre équipe s’est empressée sur les lieux pour en savoir davantage sur les motifs de ce mouvement populaire de cette cité connue pour son calme comme l’indique son nom « Lafiabougou », qui veut dire en langue bambara, la cité de la paix et la tranquillité.
Aussi, nous nous sommes dirigés tout droit chez le chef de quartier, face du Lycée Mamadou Saar, où nous avons constaté la présence de l’ensemble des notables, aussi bien que celles de toutes les représentations des organisations et associations de la société civile.
À l’entame, prenant la parole pour s’adresser à l’assistance qui était visiblement gonflée à bloc, le sage Diawoye Traoré, grand chevalier de l’ordre national du Mali, non moins secrétaire général de l’Association Nationale des Chasseurs du Mali (ANACMA), a joué la carte de l’apaisement.
Avant d’aborder le vif du sujet, dans le but de rafraichir la mémoire collective, il a tout d’abord fait l’historique de Lafiabougou. « À la création de Lafiabougou, en 1961, il y avait un comité restreint qui était chargé de veiller à la bonne marche de la cité. À l’époque, ce comité était composé de feux Bétié Sidibé, secrétaire politique, et Tiémoko Faye, secrétaire général et San Bourama Traoré, comme secrétaire exécutif. Six années plus tard, en 1967, lorsqu’il fallait installer un chef de quartier, l’on désigna Tiémoko Faye.
Ce dernier, pour des raisons personnelles, va à son tour demander expressément que cette lourde tâche soit confiée à San Bourama. Il y avait à leurs côtés, feux : Salif Diallo et Chaba Sangaré, qui fut le tout premier député de la commune. Au regard donc de cette genèse, l’on est à mesure de dire que, feu El Hadj San Bourama Traoré fut le premier chef de quartier officiellement reconnu de Lafiabougou, jusqu’à son décès.
Nous prions afin que leurs âmes reposent en paix !», s’est longuement appesanti Diawoye. Et de continuer pour livrer la nouvelle fraichement tombée, venant du Gouverneur, à l’endroit des populations, qui étaient déterminées à marcher pour exprimer leur colère face à ce qu’elles considéraient comme un holdup avec des complicités inavouées. « Je vous prie de m’écouter au nom de toute la population de Lafiabougou. Nous vous sommes reconnaissants pour avoir répondu massivement à l’appel, pour venir comme annoncé prendre part à la gigantesque marche, qui était prévue, pour aller manifester notre mécontentement, face à ce que tous avions jugé de complot. Cependant, je vous demande de rester calme et attentif concernant ce message que nous venons tout fraichement de recevoir de la part du tout nouveau Gouverneur du District de Bamako. En effet, le Gouverneur qui vient de prêter serment, informé de la situation, a expressément chargé madame le commissaire du 5earrondissement de Police de nous demander de sursoir à la marche et lui accorder quelques heures seulement, le temps de s’installer dans ses nouvelles fonctions », avait-il dit.
Malgré cet appel, dans la foule compacte, plusieurs n’entendaient pas de cette oreille. C’est alors que, pour d’amples informations, poursuivant ses propos, Diawoye dira que, le Gouverneur, a promis de recevoir une délégation de l’assemblée, le lundi 22 juillet, dans son bureau « Sur ce, chère population de Lafiabougou, je vous prends en témoin. En effet, le tout nouveau Gouverneur ayant été informé, a dépêché madame la nouvelle commissaire du 5earrondissement de Police afin qu’elle nous transmette la promesse qui est de nous recevoir lundi prochain avec notre doléance. Ainsi officiellement El Hadj Sinaly Traoré sera rétabli dans ses droits en tant que Chef de quartier de Lafiabougou, conformément au choix de la population».
Cette nouvelle plus rassurante, fut accueillie par des cris de joie et des applaudissements à en point finir par la foule.
À l’endroit des représentants du Gouverneur et les éléments de sécurités, venus en nombre pour s’enquérir de la situation et encadrer la marche, monsieur le coordinateur de l’assemblée des notables et organisations de la société civile de Lafiabougou dira que, plus jamais, personne ne saurait se lever pour représenter le quartier lors des évènements ou activités d’intérêt général, hormis El Hadj Sinaly Traoré.
Pour terminer ses propos, Diawoye a adressé une note de remerciement aux autorités administratives et politiques de la commune à commencer par le Maire Adama Berté, qui a pleinement joué sa partition depuis le début de la procédure en acheminant le procès-verbal de l’assemblée générale. C’est dans cette dynamique qu’il a été choisi le nouveau chef à qui de droit, à savoir le gouverneur sortant.
En direction de madame la nouvelle commissaire, il a fait des bénédictions et lui a promis la collaboration sans faille de la population, sous l’impulsion de son nouveau chef, dans l’accomplissement de sa mission de sécurisation des personnes et de leurs biens. S’adressant au Gouverneur fraichement en service, le coordinateur général n’a pas manqué d’éloges quant à son implication personnelle dans le dénouement heureux de la situation qui était presque conflictuelle avec une velléité de bicéphalisme.
À la suite du coordinateur général de l’assemblée générale populaire, ce fut le tour du bouillant porte-parole de l’ensemble de la population en la personne de Mamadou Kouyaté alias Martin de prendre la parole en ces mots : « Nous sommes maintenant rétablis dans nos droits par cette décision. Autrement dit, comment comprendre qu’un groupuscule de personnes, non représentatives de la population, s’invite sur la place publique pour distraire tout en cherchant à semer le trouble et perturber la quiétude des paisibles populations, qui ont de tout temps, vécu dans la paix, l’entente, le respect mutuel et la concorde sociale ? Nous resterons cependant très vigilants et n’accepterons plus jamais que des individus malintentionnés soient invités pour parler au nom de la population. Le seul et unique Chef de Lafiabougou est et reste le choix qu’ont fait, à l’unanimité, toutes les couches représentatives du quartier. Ceci étant, désormais quiconque oserait le défier, nous trouvera sur son chemin et saura de quel bois se réchauffe la jeunesse du quartier !».
Pour la petite anecdote, un des participants laissait entendre ceci : « C’est donc une affaire de renouvellement alors ; nouveau Chef de quartier, nouveau commissaire et nouveau Gouverneur. Rire ! »
C’est une population soulagée et mieux requinquée avec la joie qui se lisait sur les visages des personnes présentes retournant en famille.
L’on peut alors dire que, le pire a été évité de justesse à Lafiabougou, grâce à la vigilance du tout nouveau Gouverneur et la complicité de madame le tout nouveau commissaire du 5earrondissement de police du District de Bamako.