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Ce que j’en pense: De la récente surchauffe à Kidal
Publié le mercredi 24 juillet 2019  |  L’Essor
Kidal
© Autre presse par DR
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Un groupe de Kidalois, très en colère, a attaqué le gouvernorat, le mercredi 17 juillet 2019. Le drapeau du Mali arraché de son mât a été piétiné et brûlé. La Communauté internationale a condamné «ces événements inadmissibles». Le gouvernement malien a mis en garde les auteurs de cette offense à la nation. La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), responsable de ce qui se passe à Kidal au plan moral et sécuritaire, s’est désolidarisée de cette éruption brutale contre l’autorité de l’Etat.
Nous avons allumé notre lanterne pour voir clair dans la situation créée. Pour ce faire, nous vous livrons deux adages : «Il n’y pas de fumée sans feu» et «Les promesses sont des dettes». Ces commentaires d’un ressortissant de Kidal établi à Bamako, depuis le déclenchement de la rébellion au Nord du Mali, mettent la puce à l’oreille de ses interlocuteurs. Les dernières manifestations violentes enregistrées à Kidal ont semé l’émoi à Bamako et dans les couloirs de l’Organisation des Nations unies (ONU). Et si la surchauffe des éléments incontrôlés parmi les populations kidaloises traduisait leur désaveu à l’égard des autorités maliennes et des directions des groupes armés.
L’absence de mobilité régionale et urbaine dans le Nord du Mali, la morosité qui frappe les adultes et les jeunes, la rareté de l’argent, les perspectives d’emploi bouchées n’ont-elles pas provoqué cette brutale éruption de violence ? Ces maux brouillent la vue et la raison de ceux qui sont convaincus qu’ils sont désormais abandonnés. Beaucoup se sentiraient dorénavant oubliés dans les distributions de dons octroyés aux victimes des affrontements au cours de la rébellion passée.
La solidarité nationale et internationale ne s’intéresserait désormais, selon certaines causeries de bureau à Bamako, qu’aux conflits intercommunautaires dans la région de Mopti. Le Nord du Mali «pacifié» est-il abandonné à son sort ? Le contexte quotidien ne serait-il pas morose dans les localités du nord de notre pays ? La raison de l’affamé, du désespéré, du frustré kidalois le pousse alors à la révolte. Il veut arracher sa part du Produit intérieur brut (PIB).
L’Accord de paix de Bamako issu du processus d’Alger a fait taire les armes. Les affrontements meurtriers ont cédé la place à la paix. Chacun et chacune des habitants des régions du Nord rêvent de nos jours de vivre cent ans de bonheur. Personne ne veut connaître désormais la peur, le doute de ne pas trouver assistance, en cas de coup dur, auprès d’un autre malien noir ou blanc. La paix, c’est d’abord la libre circulation des biens et des personnes.
Partout dans les régions de Kidal, Gao, Tombouctou, Ménaka, Taoudéni, de nombreuses familles sont divisées. Les parents restés sur le territoire national et ceux refugiés au Burkina Faso, en Mauritanie, au Niger sont minés par la nostalgie. A quand le retour au village natal ? Le retour des réfugiés, la satisfaction des besoins quotidiens de toutes les familles restées dans la région de Kidal et des autres régions du nord ne sont-ils pas des priorités ?
Les discussions de Bamako au sein du Comité de suivi de l’Accord de paix ne doivent pas empêcher la reconstruction de l’aéroport de Kidal. Le tronçon malien de la route transafricaine Alger/Addis-Abeba, qui passe par Kidal et Gao constitue une colonne vertébrale en matériaux solides pour que l’Accord de paix issu du processus d’Alger tienne debout. Que dire du projet de chemin de fer Kayes-Kidal ?
Le développement des infrastructures lourdes et légères doit aller de pair avec les négociations dans le cadre du Comité de suivi de l’Accord de paix. Elles seront autant de briques pour construire la paix dans l’esprit de tous les Maliens. Le leadership de ce pays aura ainsi réussi à mettre en œuvre la pertinente devise de l’Organisation des Nations unies pour la science et la culture : «Les guerres prennent naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix». La mission est d’entreprendre des fouilles archéologiques pour mettre à jour les vestiges des premières civilisations ayant occupé le Nord du Mali. Elles apporteront des briques d’or pour construire la paix dans l’esprit du peuple uni et indivisible du Mali.

Sékou Oumar DOUMBIA

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