« Ne nous leurrons pas, nous allons avoir des incidents, et il s’agira d’être prêt à y faire face », annonce le patron des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Hervé Ladsous, qui redoute attentats suicides, mines et bombes artisanales. Mais le jeu en vaut la chandelle, insiste le patron du DPKO (Department of Peacekeeping Operations), depuis le 35e étage du secrétariat général de l’ONU, au pied de la East River à Manhattan. « Ce dont les Maliens ont besoin, et au plus vite, souligne-t-il, c’est d’un président légitimement élu ».
Malgré le péril islamiste et des incidents épars, les Nations unies se disent confiantes dans la tenue du scrutin du 28 juillet. Le transfert d’autorité de la Fisma (Force internationale de soutien au Mali) vers la Minusma et ses Casques bleus s’est déroulé sans heurts le 1er juillet, en présence d’Hervé Ladsous, patron des opérations de maintien de la paix de l’ONU, tout juste rentré à New York.
Déployés à Tombouctou, Gao et Kidal, les Casques bleus seraient au nombre de 6200, l’objectif étant d’atteindre le plafond de 11.200 hommes fixé par le Conseil de sécurité avant la fin de l’année. Plusieurs pays auraient été sollicités pour fournir des troupes, ainsi que des moyens de soutien aérien et logistique: le Burundi, le Rwanda, plusieurs nations sud-américaines et asiatiques, notamment le Cambodge et la Chine. Cette dernière se serait engagée à dépêcher les premières unités de combat jamais déployées par Pékin dans un cadre onusien. Le Bangladesh, en outre, devrait fournir prochainement une unité fluviale chargée de patrouiller le long du fleuve Niger, jugé stratégique dans le contrôle de l’insurrection, puisqu’il relie Bamako à Tombouctou et Gao.
Pour Hervé Ladsous, la meilleure nouvelle tient cependant au retour récent à Tombouctou de «plusieurs milliers de personnes déplacées», malgré la pénurie criante d’électricité (à peine 5 heures par jour). Le contingent burkinabé présent dans l’ancienne «cité interdite» aurait même «fait du très bon travail en y créant les conditions d’un retour à la normale». À Kidal, fief de l’irrédentisme touareg et sanctuaire du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), le cantonnement des rebelles et de leurs armes, ainsi que le retour des troupes maliennes, aurait ouvert la voie au retour, ce jeudi, du gouverneur nommé par Bamako.
YC