Au Mali, les statistiques disponibles font état d’une situation alarmante qui s’exprime par la recrudescence des cas de violences faites aux femmes. Rien qu’en 2018, selon les associations de défense des droits de la femme, plus de 9 000 cas ont été enregistrés. En janvier dernier, en espace d’une semaine, deux femmes ont été assassinées par leurs conjoints.
Aujourd’hui la recrudescence des phénomènes de violence perpétués sur les femmes s’avère toujours problématique malgré les efforts consentis pour l’éradication du phénomène. Les actions menées par les ONG, les associations féministes montrent une effectivité et une recrudescence de ces violences dans le pays. A cela s’ajoute les nombreux cas de dénonciation à travers les réseaux sociaux. Vu l’ampleur de la situation, à l’appel du collectif des Amazones, des dizaines de personnes se sont rassemblées, le mardi 2 janvier 2018, à la Pyramide du souvenir de Bamako pour dénoncer les violences conjugales et réclamer des mesures en faveur de la protection des femmes. Des Bamakoises témoignent du calvaire des violences conjugales. Fatoumata (nom d’emprunt), a 23 ans. Elle était régulièrement battue par son mari soûlard qui l’accuse d’être stérile car elle n’a pu encore faire d’enfants. « Mon mari me battait presque chaque jour parce que je n’ai pas encore eu d’enfant. Une nuit, vers 3h du matin, il est rentré à la maison. Il était soûl. Il m’a battu jusqu’à ce que je perde connaissance. C’est ma petite sœur qui est venue à mon secours. C’est elle qui m’a emmené à l’hôpital. A mon réveil, j’avais une grosse plaie sur le front et les lèvres fendues, j’ai failli même perdre mes yeux.», confesse, encore émue, Fatoumata. Aujourd’hui, malgré les regrets et les efforts incessants de son mari de se racheter, elle refuse catégoriquement de retourner chez lui. « J’ai failli mourir, mon mari dit qu’il regrette et il demande à ce que je retourne dans mon foyer, mais il oublie que j’ai failli mourir à cause de lui », explique la jeune dame. Agée de 28 ans et mère de trois enfants, Djeneba( nom d’emprunt), est aussi régulièrement battue par son mari. « Mon mari est très violent. Pour peu de choses, il me bat. Souvent même, il me prive de nourriture », explique Djeneba.
Selon Mme Camara Aissé Sow, conseillère matrimoniale et animatrice à l’Association Femmes Battues(AFB), les gens n’ont pas une bonne conception des violences faites aux femmes. « Quand on parle de femmes battues, ce n’est pas seulement une femme qui reçoit des coups dans le foyer, une femme battue est une femme qui n’a pas tous ces droits. » L’Association Femmes Battues est donc à l’écoute des toutes les femmes qui subissent des violences physiques et morales. « Nous sommes à l’écoute de toutes ces femmes qui n’ont pas leurs droits dans les foyers. En effet depuis 2018, nous avons recensé 92 cas, et de janvier à nos jours, on a reçu 45 cas. Pour bien mener notre lutte, on travaille avec quelques ONG dont WILDAF, APDEF… », a détaillé Mme Camara Aissé Sow.