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Entre nous : La problématique de nos hôpitaux publics
Publié le lundi 29 juillet 2019  |  Le challenger
Cérémonie
© aBamako.com par MS
Cérémonie de remise de dons et du matériels roulants au ministère santé par l`UNFPA
Bamako, le 12 juillet 2019 Le Fonds des Nations unies pour la population UNFPA a remis un don et du matériels roulants d`une valeur de 350 millions au ministère santé et des affaires sociales
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Un témoignage de Djimé Kanté, publié la semaine dernière sur les réseaux sociaux évoquant le cas du Centre hospitalier et universitaire Gabriel Touré, relance le débat sur la situation des hôpitaux publics du Mali considérés comme des mouroirs. Ce que Djimé Kanté décrit dans son témoignage est caractéristique de toutes nos infrastructures du nom, à quelques exceptions près.
Les mots ne sont pas assez forts pour qualifier la situation qui prévaut dans les structures sanitaires qui ne sont pas dignes du pays d’IBK. Dire que l’Ecole de médecine du Mali, une référence sous-régionale et continentale, a formé de nombreux cadres d’autres nations. Il y a de quoi tomber des nues !

L’état de nos grands hôpitaux interpelle fortement les pouvoirs publics et ils devraient véritablement se sentir interpellés pour aller au-delà des mots et s’attaquer aux maux. La quasi-totalité de nos responsables (chef de service, directeurs, ministres, premier ministre, chefs d’institutions, président de la république) ainsi que les membres de leurs familles ne se soignent pas dans nos hôpitaux publics. Ils se précipitent dans des établissements sanitaires marocains, tunisiens, français ou américains, à la douleur du contribuable malien.

Pour davantage assommer la santé publique, nos chers décideurs ont procédé à une libération sauvage du secteur en autorisant l’ouverture des cliniques privées au sein desquelles des fonctionnaires consultent à prix d’or. Soit par cupidité, parce qu’ils sont les principaux actionnaires de ces structures ! Soit par laxisme, parce qu’ils sont peur de s’assumer !

Mais, il ne faut pas tout mettre à leur compte. Les syndicats devraient aussi endosser leur part de responsabilité. Cette forme de syndicalisme en cours dans certains de nos services fait que des directeurs connus pour leur compétence et leur intégrité, donc capables de redresser la situation, sont renvoyés sous la pression des responsables syndicaux. Juste un exemple, Dr Lasséni Konaté fut nommé en 2012 par les autorités de transition à la tête de l’hôpital Gabriel Touré.

Ancien secrétaire général du ministère de la Santé, Dr Konaté est un cadre compétent à l’intégrité irréprochable. Quand il prenait en décembre 2012 les commandes de Gabriel Touré, l’hôpital n’avait que 18 millions dans ses caisses et s’était endetté auprès des banques à hauteur de 96 millions. Il a pris un certain nombre de mesures de redressement avec un nouveau logiciel de gestion des caisses.

En quelques mois, il a épongé les dettes, payé les salaires de contractuels, les indemnités de responsabilité et les primes de garde. Il a réduit de 3 millions à 150 000 FCFA les factures de téléphone du CHU Gabriel Touré. Au 31 octobre 2013, l’hôpital disposait d’un compte créditeur de 84 millions de FCFA. Dr Konaté a mis fin aux manèges des internes qui empochaient les frais d’opération des malades au détriment de l’hôpital. Il s’était attaqué vigoureusement aux pratiques frauduleuses. Ce qui lui a valu des ennemis mortels.

Sous la pression des syndicalistes, Dr Lasséni Konaté a été limogé par Ousmane Koné, ministre de la Santé à l’époque, comme un véritable malpropre. Sans même en avoir été avisé par sa hiérarchie. C’est devenu légion au Mali : les cadres honnêtes et compétents sont éjectés de la gestion des affaires publiques pour des bras cassés, d’autres ont besoin de leurs services. Dr Lasséni Konaté a été tiré de sa retraite forcée par les Américains et officie désormais à la clinique privée Golden Live de Badalabougou.

Il y a d’autres exemples de cadres qui se butent à l’irresponsabilité des pouvoirs publics et à l’insouciance des leaders syndicaux dans leur volonté farouche de redresser nos hôpitaux, centres de santé et autres services publics. Il est donc bien possible de redresser l’état des structures sanitaires du pays. Il faut non seulement des moyens mais aussi et surtout une forte volonté politique.

Chiaka Doumbia

Source : Le Challenger
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