Après un an passé à la tête de la force Barkhane, le général Frédéric Blachon a officiellement passé le relai au général Pascal Facon, qui dirigeait jusqu’alors le Centre de doctrine et d’enseignement du commandement de l’armée de Terre.
Cette passation de commandement a été annoncée par Florence Parly, la ministre des Armées, via Twitter. « Le général Blachon quitte aujourd’hui le commandement de Barkhane. Je le remercie pour son engagement à la tête de la plus grande opération extérieure française. Le général Facon qui lui succède, a toute ma confiance pour continuer cette indispensable mission », a-t-elle en effet écrit, le 27 juillet.
Le général Blachon quitte aujourd’hui le commandement de Barkhane. Je le remercie pour son engagement à la tête de la plus grande opération extérieure française. Le général Facon qui lui succède, a toute ma confiance pour continuer cette indispensable mission.
ois Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA] à l’occasion d’une récente audition à l’Assemblée nationale.
Durant ces douze derniers mois, la force Barkhane a dû intervenir à plusieurs reprises ailleurs qu’au Mali, notamment au Niger et au Burkina Faso, deux pays où l’influence jihadiste tend à se propager.
Toujours au chapitre des opérations, et tout en mettant l’accent sur les actions civilo-militaires au profit des populations locales, Barkhane a surtout concentré son effort sur la région dite des trois frontières, précisément dans le Liptako-Gourma, comme dans la forêt de Serma, tout en ne s’interdisant pas de mener des interventions « coups de poing » contre des cibles terroristes de haute valeur avec l’appui de la Task Force Sabre [forces spéciales, ndlr]
Ainsi, elle a éliminé Mohamed Ag Almouner, important chef de l’État islamique au grand Sahara [EIGS] impliqué dans l’attaque de Tongo Tongo menée en octobre 2017 au Niger [4 commandos américains tués, ndlr], ainsi que l’algérien Djamel Okacha, alias Yahia Abou al-Hamman, le numéro deux du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM], proche d’al-Qaïda. Cela étant, la force Barkhane a visiblement manqué son coup avec Amadou Koufa, le chef de la Katiba Macina. Donné pour mort après une opération conduite en novembre 2018, ce dernier est finalement réapparu dans une vidéo diffusée en février.
En outre, toujours sous le commandement du général Blachon, la force Barkhane a mis en sommeil la base avancée de Madama, dans l’extrême-nord du Niger, au profit de celle de Gossi, dans le Gourma malien.
Par ailleurs, lors de ces derniers mois, Barkhane a mis en oeuvre de nouveaux moyens, dont le Véhicule Haute Mobilité [VHM], le Missile Moyenne Portée [MMP] ou encore le camion-citerne CARAPACE. Mais elle a perdu l’un de ses drones MQ-9 Reaper en novembre. Enfin, au cours du mandat du général Blachon, cinq militaires français ont laissé la vie [caporal Abdelatif Rafik du 14e RISLP, brigadier-chef Brigadier-chef Karim El Arabi du 2e Hussards, le médecin principal Marc Laycuras ainsi que les premiers maîtres Cédric de Pierrpont et Alain Bertoncello, du commando Hubert].
Cela étant, le général Facon aura à faire face à une situation marquée par les tensions interethniques dans le centre du Mali et dans le nord du Burkina Faso [tensions que les groupes jihadistes tentent d’exploiter…], un retard persistant dans l’application des accords de paix d’Alger, signés par les autorités maliennes et les groupes armés sécessionnistes de l’Azawad [nord du Mali], ainsi que les difficultés de la Force du G5 Sahel, laquelle peine à monter en puissance en raison du retard dans le déblocage des fonds promis.
Officier des Troupes de Marine passé par l’École spéciale militaire [ESM] de Saint-Cyr, le général Facon est un fin connaisseur de l’Afrique pour y avoir été engagé à maintes reprises au cours de sa carrière. Ce bigor a notamment commandé le 43e Bataillon d’Infanterie de Marine [BIMa] d’Abidjan, servi au 5e Régiment Interarmes d’outre-Mer [RIAOM] à Djibouti et participé à l’opération RESTORE HOPE/ONUSOM en Somalie.
Il a également été affecté au Mali en qualité de directeur des études au sein de l’école de maintien de la paix de Koulikoro, dans le cadre de l’assistance militaire technique, en 2003, puis en tant qu’assisant militaire du commandant de l’opération Serval, dix ans plus tard. Enfin, il a assuré le commandement des Éléments français au Sénégal pendant deux années, avant d’être nommé directeur du CDEC en 2017.