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Que sont ils devenus… Amadou Pathé Diallo : Le rouquin aux pieds d’or
Publié le samedi 3 aout 2019  |  Aujourd`hui
Alain
© aBamako.com par FS
Alain Giresse fait le point de son équipe au cours d`une conférence de presse
Le Sélectionneur National, Alain GIRESSE a fait le point de son équipe au cours d`une conférence de presse qu`il a animé le 9 Août 2017 au siège de la FEMAFOOT.
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Amadou Pathé Diallo est l’un des rares joueurs internationaux maliens dont nous avons suivi les traces, du début à la fin de sa carrière de footballeur, et même au-delà. Parce qu’il n’a jamais quitté le milieu du football. Le journal Podium, les commentaires des doyens Djibril Traoré et feu Demba Coulibaly, la télévision nationale nous ont permis d’apprendre plus encore sur lui.

Autrement dit, nous maîtrisons son histoire. Et le rencontrer dans le cadre de notre rubrique n’a point été un exercice difficile pour nous. Qui est Amadou Pathé Diallo ? Agé de 55 ans, ex sociétaire de l’AS Réal de Bamako, celui que l’on surnomme Vieux a remporté trois titres de champion du Mali (1981, 1983 ,1986), joué les ¼ de finale de la coupe des clubs champions en 1982, et perdu une finale de coupe du Mali en 1987 contre le Sigui de Kayes. Sélectionné en équipe nationale en avril 1983, il a arrêté sa carrière le 27 aout 1997 à Bouaké (éliminatoires CAN 1998) après 67 sélections enregistrées au compteur.

Pathé a remporté la coupe Amilcar Cabral en 1989 et participé à la CAN de Tunisie en 1994 sanctionnée par la quatrième place du Mali. Sur le plan international, il a été sélectionné dans l’équipe africaine en 1988 à Paris avec Rabat Madjer ; désigné meilleur joueur étranger au Portugal en 1989 ; et vainqueur du tournoi de Séville en 1995. En le rencontrant dans le cadre de la rubrique “Que sont-ils devenus ?”, nous avons cherché à savoir beaucoup d’autres choses qui meublent la longue histoire de l’ancien joueur de l’AS Réal de Bamako, du Sporting Club de Lisbonne et des Aigles du Mali.

le 2 avril 1994 au stade Olympique d’El Menza de Tunis, le Mali a éliminé l’Egypte en quart de finale de la CAN. A la fin de la rencontre, Amadou Pathé Diallo a été convoqué dans la salle anti dopage. Parce qu’on a estimé que sa débauche d’énergie serait liée à un dopage. Il a été déclaré négatif. En réalité, il avait promis une qualification à sa dulcinée, Adja Soumano, qui se trouvait dans les gradins.

C’est la même dame qui nous a accueillis à son domicile, sis à Sotuba ACI.

A défaut d’un chant pour nous souhaiter la bienvenue, elle nous offrit un petit déjeuner. Ce plat délicieux a été un bon remontant pour entamer l’interview avec son époux.

Le rêve de paraître dans Podium !

Sociétaire de l’AS Réal de Bamako, Amadou Pathé Diallo était un jeune rouquin avec un physique imposant, une démarche de vedette, un teint qui donnait plus d’éclat au maillot des Scorpions. Il avait le secret des contrôles orientés, des dribles et des passes géométriques, pour mettre sur orbite les Beïdy Sidibé dit Baraka, Antoine Sah, Mamadou Coulibaly “Benny”. Il savait prendre ses responsabilités dans les moments difficiles.

Au match aller des éliminatoires de la CAN de 1990, les Aigles étaient menées par 2 buts à 1 par les Eléphants de Côte d’Ivoire. Amadou Pathé à la suite d’une combinaison avec Gaoussou Samaké, établit la parité. Encore contre la Guinée en 1995 à Bamako, il embarque la défense adverse et du pied gauche brise les espoirs guinéens.

Voilà un jeune qui s’est fixé un objectif dès le bas âge : devenir un grand joueur, en passant par l’équipe nationale. Deux faits l’ont marqué, nous confie-t-il. D’abord, le journal Podium. Vieux Diallo rêvait de voir le jour où sa photo paraitra dans ce journal sportif animé à l’époque par des sommités de la presse malienne, les frères Drabo, Gaoussou et Souleymane, Mamadou Kouyaté dit Jagger, Mamadou Diarra, Papa Moustaph Koïté.

Ensuite, cette finale perdue en 1980 par le Mali face à la Guinée en finale de la coupe Cabral. Ce jour, ramasseur de balle, Amadou Pathé Diallo n’a pas accepté cette défaite des Aigles, devant le président de la République. La seule manière pour lui de laver cet affront était d’être un joueur et remporter la même coupe. Comment ? Il fallait au moins qu’il intègre un club, faire ses preuves pour ensuite accéder à l’équipe nationale. Certes, en amont il jouait à l’Etat-major où il vivait avec ses parents (son père Pathé était un gendarme), mais c’est surtout le basketball qui lui tenait à cœur.

La coupe Hamane Niang mise en jeu à Médine Coura a changé le cours des événements, par rapport à ce qu’il s’était prédestiné. Son club de quartier, le Hafia FC remporte la victoire finale avec des compliments de feux Demba Coulibaly (Radio Mali) et Mody Sylla, dirigeant du Stade malien de Bamako. Déjà, l’ancien joueur du Réal Antoine Sah l’avait amené dans la catégorie des jeunes des Scorpions en 1979.

La même année, Salif Keïta dit Domingo, présent au Mali, pour son jubilé, a fait arrêter l’entrainement pour commenter une action du jeune Amadou. Après, il s’est entretenu avec l’entraineur de l’équipe, Idrissa Touré dit Nany au sujet du jeunot au talent multidimensionnel. Paradoxalement, quelques semaines après, Amadou Pathé Diallo a disparu des écrans radars, pour se consacrer aux études, en prélude au DEF. Admis à cet examen en 1981, il reprend les entrainements et figure sur la liste de trois joueurs que l’entraineur Nany avait demandés à son homologue des juniors.

Il fait de belles touches de balles, au point que l’encadrement technique le convoque pour le match de la semaine contre le Djoliba AC. N’ayant joué qu’une partie de la deuxième mi-temps, Demba Coulibaly n’a pas manqué les mots justes pour magnifier le talent du jeune Amadou Pathé Diallo. Il a compris après cette rencontre que son heure a sonné, et qu’il fallait saisir cette chance comme une balle au rebond.

Après le départ de son homonyme Amadou Vieux Samaké pour la France, il est intronisé dépositaire du milieu des Scorpions, avec comme point de mire un match important. Celui de la Coupe d’Afrique des Clubs Champions contre l’Etoile Noire du Congo où il marquera le but égalisateur. C’est dans ces circonstances qu’Amadou Pathé Diallo est devenu une vedette de l’AS Réal de toute sa carrière. Il a joué une pléiade de matches internationaux de coupes inter clubs.

Le transfert qui fait bruit

En dépit de ses beaux jours au Réal, un incident de parcours a failli tâcher ses relations avec les dirigeants et les supporters du club, qui ont toujours eu une grande affection, une forte estime, une considération extraordinaire envers lui. Ce fait consécutif à son transfert au Stade Malien (saison 1985-1986) avait défrayé la chronique en son temps. C’est pourquoi, nous lui avions demandé de revenir sur les faits. Parce que cela a fait l’objet de tractations entre dirigeants stadistes et réalistes et son retour au Réal a été tellement spectaculaire que les supporters Stadistes n’ont pas compris cette volte-face alors qu’ils avaient accueillis le joueur avec tous les honneurs dignes de son rang.

Qu’est-ce qui s’est passé ? Quelles étaient les motivations de sa décision de transfert au Stade ? Pourquoi il est retourné dans son club d’origine ? Amadou Pathé Diallo revient sur ce dossier sur lequel le journal Podium avait titré l’affaire la plus rocambolesque.

“Seydou Diarra dit Platini était mon binôme partout, au lycée Askia et en équipe nationale, on partait même ensemble au terrain. Lors d’un match du tournoi d’ouverture BMCD, le Réal devait jouer contre le Stade Malien. Ce jour, je suis venu au terrain en moto avec Platini, qui m’a même déposé devant les vestiaires de mon club. L’entraineur du Réal, feu Idrissa Touré dit Nany, a mal interprété cette complicité avec Seydou Diarra. Au moment de faire le classement, il m’a taxé de Stadiste. Je lui ai dit que ces accusations ne me ressemblent pas. Mais puisqu’il pense que je suis stadiste, il me verra au Stade. Sur ce, j’ai pris mes bagages et je suis retourné à la maison.

Après le mach, j’ai rejoint Platini à la maison pour lui faire part de ma décision de transférer au Stade malien de Bamako. Il était estomaqué, et m’a même traité de fou. J’ai tellement insisté qu’il finira par me conduire chez les dirigeants du club. Eux aussi ne comprenant pas mon attitude, ont demandé à ce qu’on y mette la forme. Parce qu’il y avait un pacte de non-agression entre les clubs, relatif au transfert de joueurs. Ils estimaient que mon argumentation ne tenait pas debout. Mais j’ai insisté. Le premier jour de ma séance d’entrainement a été un fiasco. Le terrain du Stade était bondé de monde, et même des supporters Réalistes ont profité pour infiltré les lieux.

Ils voulaient juste se rassurer que j’ai réellement transféré. En raison de la tension qui régnait, je suis resté bloqué dans le véhicule, pour ensuite retourner à la maison. C’était le vendredi, et dimanche le Stade devait jouer contre l’AS Biton. C’est le seul match auquel j’ai pris part sous les couleurs du Stade. Ce jour, je me rappelle que feu Mamadou Keïta Capi (entraineur de l’AS Biton à l’époque) m’a dit de retourner dans mon club, au risque de rompre avec moi. J’ai compris bien après pourquoi il s’est intéressé à l’affaire.

Entre temps, les dirigeants réalistes sont entrés dans la danse, pour annuler mon transfert. Ils ont convoqué Nany afin qu’il s’explique sur les faits. C’est là où il a affirmé que ses propos étaient destinés à me blesser dans mon orgueil, afin que le Réal gagne. Fraichement venu de l’Europe, il avait des petites manières pour doper le moral de ses joueurs. Mais j’ai été guidé par la fougue de la jeunesse. Après tout est rentré dans l’ordre, et je suis retourné au Réal. L’incident était clos, et chapeau à tout le Stade pour avoir pris les choses avec philosophie. Voilà ce qui s’est passé”.

Comme il l’a bien dit, les choses se sont finalement régularisées avec le Réal, jusqu’à son départ au Portugal pour jouer au Sporting Club de Lisbonne de 1988 à 1990.

Ensuite, Amadou Pathé Diallo a évolué au Penafiel (1990-1991), puis au FC Quarteirense de Portugal (1991-1995), et enfin le Portmonoense (1995-2003). Dans ce dernier club, il a assuré également les fonctions d’entraineur (2000 -2001).

A la fin de sa carrière, Amadou Pathé Diallo s’est converti entraineur, et c’est dans cette optique qu’il a suivi plusieurs formations, notamment :

– Stage d’entraineur de 2ème degré à Bamako (1996) ;

– Stage d’entraineur de 2ème degré au Portugal en 2000 ;

– Stage d’entraineur de haut niveau à Bamako (2000) ;

– Symposium CAF pour l’analyse de la CAN à Casablanca au Maroc en 2006;

– Stage d’entraineur à Claire Fontaine en France (2007) ;

– Stage d’entraineur UEFA/ CAF Méridien CUP & Conférence à Barcelone en 2007 ;

– Stage en gestion de Management des organisations Sportives à Bamako(2010) ;

– Stage d’entraineur pour la licence B de la CAF à Bamako en 2011 ;

– Stage d’entraineur de haut niveau à HENNEF en Allemagne (2012) ;

– Stage d’entraineur professionnel de football au Brésil en 2012.

Ce riche cursus dans le domaine du football lui a valu la confiance de la Fédération Malienne de Football. C’est ainsi qu’il fut successivement : sélectionneur adjoint des Aigles (2004-2009), sélectionneur de l’équipe nationale Olympique (2010), sélectionneur adjoint de l’équipe nationale (2012), puis sélectionneur par intérim. Il assurera une fois de plus les fonctions d’entraineur adjoint des Aigles de 2013 à 2017.

Et la voix de Tata Bambo retentit

Comme bons souvenirs il retient exactement des moments que nous avons mis en relief plus haut. C’est-à-dire son premier match international avec le Réal en 1982 au Congo, sa première sélection en équipe nationale en avril 1983 au Maroc, la finale de la coupe Cabral remportée à Bamako par les Aigles en 1989, et enfin ce fameux match contre la Tunisie en 1994. Ses mauvais souvenirs se résument aux deux défaites respectivement contre le Sigui de Kayes en finale de la coupe du Mali en 1987, et les Eléphants de Côte d’Ivoire en éliminatoires de la CAN Burkina 1998 à Bouaké.

Dans la vie, Amadou Pathé Diallo aime le football, la musique malienne, et il déteste l’injustice, le mensonge et l’hypocrisie.

A un moment donné, tout en lui annonçant la fin de l’entretien, nous engagions une discussion sans tabou avec Amadou Pathé. La réalité est que nous voudrions savoir certains détails de sa vie de couple avec Adja Soumano. Pour la circonstance, l’alibi a consisté pour nous de tout laisser à côté, et d’engager un débat hors micro. Donc il nous raconta beaucoup de choses, sur lesquelles nous retenons une anecdote.

Amadou Pathé raconte. “Après les fiançailles, un soir, Adja m’a demandé mon artiste préféré après elle. J’ai tout de suite répondu que c’est Tata Bamba Kouyaté. Elle n’a pas fait d’autres commentaires, et nous avons continué de discuter de tout et de rien. Mais elle a mûri son stratagème cette nuit. Le jour de notre mariage, quand je suis parti la chercher pour aller à la mairie, à peine je rentre dans leur famille, c’est la voie de Tata Bambo qui retentit pour me souhaiter la bienvenue. Elle maîtrise parfaitement notre histoire. J’étais aux anges, mon artiste préférée qui chante mes louanges le jour de mon mariage. C’était plus que pathétique. C’est la première surprise d’Adja dans notre vie de couple. Les invités ont deviné pourquoi j’étais tout joyeux”.

Pour des raisons personnelles, il n’a pas voulu s’exprimer sur la crise qui secoue notre football. Selon lui, il connait beaucoup de choses, donc la logique voudrait qu’il soit neutre et discret.

Aujourd’hui Amadou Pathé s’occupe de ses propres affaires, et entretient à juste titre son carnet d’adresse plus que fourni, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

O. Roger Sissoko
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