L’hépatite est une inflammation du foie, le plus souvent, causée par une infection à un virus. Le Pr Anselme Konaté, hépato gastro-entérologue au Centre hospitalo-universitaire (CHU) Gabriel Touré, explique que c’est une maladie qui évolue à bas bruit, c’est-à-dire qu’elle ne présente aucun signe annonciateur.
Par conséquent, elle occasionne des dégâts sur l’organe d’épuration qu’est le foie. Mais ces dommages sont méconnus au début de la maladie (une évolution silencieuse redoutable).
Pour le spécialiste de Gabriel Touré, vu l’ampleur de la maladie, il urge de l’extirper de « l’orphelinat ». Il souligne que c’est une inflammation du foie qui peut aboutir à la destruction de cet organe, et cette destruction est due à des agents agresseurs.
Autrement dit, elle est liée à un virus. Il existe différents types d’hépatites, notamment celles virales engendrées par un virus. Il y a aussi les hépatites non virales provoquées par l’ingestion de produits toxiques pour le foie.
Parlant des hépatites B et C que l’on retrouve chez nous, le Pr Anselme Konaté relève que ce sont des virus qui s’éternisent au niveau de l’organisme. Les hépatites peuvent évoluer vers la chronicité. Il s’empresse de préciser que cette chronicité peut aboutir à la cirrhose et au cancer du foie.
L’hépatite B se manifeste par une sensation de fatigue, avec la fièvre, des maux de tête, des douleurs musculaires et articulaires et une augmentation du volume du foie. A en croire l’hépato gastro-entérologue, l’hépatite B est dans 30% responsable du cancer du foie.
Le spécialiste précise aussi que, selon les statistiques, environ 2 milliards de personnes à l’échelle planétaire ont été en contact avec l’hépatite B. Parmi ces personnes, 400 millions d’entre elles peuvent évoluer vers la cirrhose (une production excessive de cicatrices dans le foie) ou le cancer du foie.
Au Mali, les études ont démontré que 15% de la population ont une infection chronique susceptible d’évoluer vers ces deux maladies. A cet effet, il prévient qu’un million de Maliens feront ces maladies dans les années à venir. L’hépatite B touche plus les jeunes dans la tranche d’âge de 15 à 45 ans. Le spécialiste précise que parmi ces jeunes, les hommes sont plus nombreux (trois hommes contre une femme). Selon lui, c’est une situation qui peut fortement compromettre notre développement économique. A ceux-ci, il ajoute que les femmes enceintes sont les plus affectées par cette maladie. Elles représentent 15%.
Le virus de l’hépatite B se transmet principalement à travers tout ce qui est sang et tous les produits dérivés du sang. Mais, également à travers du matériel souillé et utilisé par exemple pour faire l’excision, les tatouages, etc. Elle se transmet aussi par voie sexuelle ou par voie intra familiale. Le risque pour ces femmes de contaminer leur bébé est de 43%.
Cet enfant aussi risque à 90% d’évoluer très vite vers la chronicité et de développer le cancer du foie ou la cirrhose. Il ajoute que chez les couples, le risque est de 75% et de 59% chez les enfants d’une même famille. La résistance du virus de l’hépatite est énorme. Cet agent infectieux peut résister 10 heures à l’air libre.
Pour ce qui concerne l’hépatite C, le Pr Konaté révèle que les modes de transmission sont identiques à ceux de l’hépatite B. Contrairement à cette affection, la transmission de l’hépatite C par voie sexuelle est rare. Mais, celle-ci se manifeste aussi comme l’hépatite B. Elle touche 170 millions de personnes dans le monde, soit environ 3% de la population mondiale.
Sur 100 Maliens, 4% sont touchés par l’hépatite C. Le médecin spécialiste précise qu’à la différence de l’hépatite B, celle-ci évolue rapidement vers la chronicité avec 70 à 90% de risque d’évoluer vers la cirrhose ou le cancer du foie. Selon lui, 10% des diabétiques sont aussi porteurs d’hépatites C.
Il faut s’inscrire dans la prévention, faire le dépistage de la pathologie. Il souligne que les personnes qui ne sont pas dépistées constituent un bassin potentiel de contamination.
C’est ce qui lui fait dire que le dépistage est capital pour éviter la maladie et surtout la transmission mère enfant. Notre interlocuteur insiste sur la vaccination plus particulièrement chez les nouveau-nés et cela dès les premières minutes qui suivent leur naissance.
Concernant le traitement, il assure que nous disposons de bons traitements pour faire face à ces affections. « Nous envisageons de développer un programme pour offrir des traitements à moindre coût », confie Anselme Konaté qui incite chacun au dépistage pour connaître son statut. Parce que pour lui, c’est l’arme essentielle. Il exhorte également à se faire vacciner contre les hépatites.