Un nouveau phénomène a vu le jour à Bamako. Il s’agit des anniversaires « épidémiquement » fêtés par les filles. L’anniversaire, désignant la commémoration de sa propre naissance, et donc, une pratique techniquement noble, s’est transformé en un véritable moyen d’arnaque pour les filles qui y voient désormais une nouvelle source de jouissance financière aux dépens de leurs différents prétendants.
Depuis quelques années, dans la capitale malienne, le phénomène des anniversaires a pris une dimension quasi-mystique chez les jeunes filles à tel point que nombreuses ont fini par devenir des arnaqueuses professionnelles. Il existe, en vérité, à Bamako, un nombre très restreint de jeunes filles qui sont économiquement indépendantes au point d’avoir l’essentiel de leurs plaisirs à leur portée. En d’autres termes, il existe un nombre incalculable de filles qui sont toujours à la charge de leurs familles ou entretenues par des hommes avec qui elles sont en couple.
Si un seul ne suffit plus, elles accepteront les avances d’autres mecs pour grossir davantage leurs chances financières pour se donner plus de visibilité sociale. Chaque fois qu’un mec leur « pose son cas », elles ne lui disent peut-être pas directement oui, mais lui feront nourrir un certain espoir dans l’intention de mieux lui extorquer de l’argent par la suite. Et, un des prétextes les plus en vogue pour réussir cette escroquerie, c’est d’inventer un anniversaire et demander une certaine somme d’argent au nouveau soupirant pour prétendument servir de frais de dépenses des festivités de l’anniversaire imaginaire.
Cette demande d’argent peut être formulée à autant de prétendants que possible afin de se faire le maximum de sous. Pour d’autres filles, c’est un « test » pour savoir qui parmi les dépensiers est le plus intéressé par leur amitié. « Lorsque je demande de l’argent à chacun de mes prétendants, seul celui qui sera capable de m’en donner plus, aura droit à mes faveurs », avoue une jeune étudiante en licence dans une université professionnelle de la capitale.
En général, les filles responsables de telles arnaques finissent par se retrouver dans une situation de débauche d’où elles s’extirpent difficilement. Car, à force de s’enfoncer dans de telles facilités, elles mettent, non seulement, leur honneur en péril, mais aussi s’éloignent chaque jour de l’esprit de combattivité caractéristique de toute personne digne dans sa quête d’un mieux-être socialement acceptable. Alors que cette façon des filles de gagner leur vie en profitant des hommes, est loin de projeter une image moralement saine de la femme qui est appelée à se battre au même titre que l’homme en vue d’assurer son autonomie sociale.
Moulaye Diop