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Enseignement: les promesses oubliées
Publié le mercredi 7 aout 2019  |  Info Matin
Cérémonie
© aBamako.com par Androuicha
Cérémonie de remise de 13 000 tablettes-PC aux étudiants
Bamako, le 05 juillet 2018 à la Cité universitaire de Kabala. Le Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar Keïta, a doté les étudiants du Mali de 13 000 PC-tablettes tenant ainsi sa promesse faite à ces apprenants le 16 juillet 2013
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Le projet de tout mettre en œuvre pour un redressement durable des performances du Système éducatif, en particulier l’amélioration effective des apprentissages et la préparation à la vie active, a été contrarié par des promesses oubliées ou non tenues. Est-on sorti ‘’des demi-mesures de dirigeants gouvernementaux exclusivement soucieux d’assurer un semblant de paix scolaire’’ ? Est-on sorti de la fameuse crise qui a conduit à l’effondrement de notre école ?

Dans le Projet présidentiel ‘’le Mali d’abord’’, juin 2013, par rapport à l’Éducation nationale, l’une des mesures annoncées par le candidat IBK était : ‘’un ordinateur pour chaque étudiant’’ (Page 17). Pour la mise en œuvre de cette promesse qui allait propulser les étudiants maliens au cœur de la modernité, les mettre en phase avec leur temps, il a été concocté un projet dénommé ‘’DONIYA’’ porté par le Président IBK, visant à doter chaque étudiant malien d’un ordinateur portable avec connexion à internet haut débit. Dans le cadre de la première phase (pilote) de DONIYA, ce sont 13 000 PC-tablettes qui sont offerts gratuitement aux étudiants par le Président de la République, le 5 juillet 2018.

Problèmes :

Pour autant, des problèmes sont apparus qui sont autant d’entorses à la parole donnée par le candidat IBK.

Le matériel remis aux étudiants : ce sont des ordinateurs qui ont été promis, non des PC-tablettes quoi que la communication présidentielle en fasse le meilleur choix possible sur cette terre des hommes. ‘’Un outil de travail conçu et adapté pour eux (Ndlr : les étudiants) par des ingénieurs maliens. À la différence des tablettes, le PC-Tablette est équipé, entre autres, d’un clavier et d’un disque dur interne pour répondre aux besoins d’utilisation des étudiants’’, se montre dithyrambique le communiqué de la présidence de la République. Il y a tromperie sur la marchandise fourguée aux étudiants qui ont néanmoins versé dans une flagornerie digne de la coterie.

« Vous venez de réaliser l’une des plus belles actions jamais posées dans l’histoire de l’école malienne en faveur de l’étudiant. Vous incarnez l’espoir de toute une génération », a remercié le Secrétaire général de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), Moussa NIANGALY.

L’introduction de critères d’attribution : ce n’est plus chaque étudiant qui a droit à un ordinateur (mué en PC-tablettes), tel que cela a été explicitement dit dans le Projet présidentiel ‘’le Mali d’abord’’, ce sont désormais les meilleurs étudiants qui en auront droit. Culture de l’excellence oblige : pour aller « au rendez-vous de l’universel », il faut laisser en rade les moins méritants. Pourtant, un ordinateur est un outil de travail, censé améliorer la performance des étudiants. En 2019, un ordinateur serait-il un matériel de luxe pour un étudiant ? Tenez, pour fêter ses 85 ans, Paul Biya a promis d’offrir 500 000 ordinateurs aux étudiants des universités d’Etat et privées du pays. Ainsi, après un premier lot de 80 000 ordinateurs réceptionnés en 2017, le pays a réceptionné un deuxième lot de 100 000 ordinateurs, « dons » du chef de l’État promis aux étudiants en 2016. L’arrivée du deuxième lot d’ordinateurs porte à 180 000 le nombre d’appareils réceptionnés. Que l’on est loin des 13 000 PC-tablettes remis à l’Université de Kabala.

Le saupoudrage : il y avait, selon des données approximatives (parce que connaître le nombre exact d’étudiants maliens relève de la magie), il y avait plus de 200 000 étudiants recensés pour les universités de Bamako, pour qui Kabala est devenu un lieu de convergence. À ces 20 000 étudiants, il faut ajouter ceux de l’Université de Ségou dont le nombre s’élève également à des milliers.

Ceux qui fréquentent les universités n’ayant pas le monopole de l’appellation ‘’étudiant’’, il faut donc intégrer les étudiants de l’ENA, de l’ENI, de l’ENSup, l’IPR. La liste n’est pas exhaustive. Il est donc évident que 13 000 PC-tablettes ne représentent qu’une goutte d’eau dans un océan de besoins. N’est pas l’incapacité manifeste à tenir la promesse ‘’un ordinateur pour chaque étudiant’’ qui a conduit à l’introduction du critère d’excellence ? Rien n’est moins sûr.

Promesse électorale ou promesse d’électorat ? La frontière est maigre. Le tempo est loin de relever d’un hasard de calendrier. Pour le Président candidat à sa propre succession, pour une élection présidentielle dont le premier tour était prévu le 29 juillet 2018, le momentum était propice. Sinon, l’on ne manquera pas d’observer qu’il s’est écoulé cinq bonnes années entre la promesse et un début de réalisation. D’ailleurs, l’on attend toujours la phase II du Projet ‘’DONIYA’’.

Un autre objectif du candidat IBK dans le domaine de l’Éducation était : ‘’la revalorisation de la fonction enseignante’’ (Page 16). Ceci implique une amélioration substantielle des conditions de vie et de travail ; subséquemment, un meilleur traitement financier.

Ironie de l’histoire, c’est sur une histoire de prime de logement pour les enseignants que le Mali a frôlé la catastrophe d’une année blanche. Après avoir usé et abusé de faux-fuyants sur les terminologies (prime de logement, indemnité de logement, indemnité de résidence), après avoir battu tous les records en matière de durée de négociations, finalement, les deux parties ont convenu de procéder à une majoration de l’indemnité de résidence pour un montant de 20 000 FCFA par enseignant payables sur deux ans soit 10 000 FCFA, à compter de janvier 2020. La facture morale, psychologique, et même académique (parce qu’il a fallu organiser des cours intensifs pour rattraper le temps perdu du fait des grèves perlées des enseignants) est salée. Ainsi, si au forceps, les examens et concours sont organisés, l’on ne saurait crier victoire. Les admis seront-ils vraiment méritants ? Les recalés seront-ils considérés comme les cancres de la classe, d’autant plus qu’il n’y a pas eu classe à hauteur de souhait ? En fait, l’on a juste sauvé les meubles. C’est cela ‘’revaloriser la fonction enseignante’’, promouvoir la culture de l’excellence ? Il y a un arrière-goût d’inachevé qui pose la question fondamentale : que valent les promesses des hommes politiques ?

À suivre le dossier sur la sécurité

PAR BERTIN DAKOUO
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