Le Bureau du Vérificateur général, les Organisations de la société civile ainsi que les Pôles économiques et financiers sont désormais mobilisés pour une meilleure synergie d’action
Le Premier ministre, Boubou Cissé a présidé, hier, la cérémonie de lancement du Projet redevabilité publique et participation des femmes au Mali (RPPFM). Ce projet, financé par le Canada à hauteur de 10,1 millions de dollars canadien, soit environ 4 milliards de Fcfa, œuvre désormais avec le Bureau du Vérificateur général, les Organisations de la société civile (OSC) ainsi que les Pôles économiques et financiers pour une meilleure synergie d’action dans le cadre de la lutte contre la délinquance économique et financière.
Pour Michelle Akpo, la cheffe de la RPPFM, ce projet vise à renforcer cette collaboration tripartite dans la lutte contre la corruption. Cela passera par la réduction des insuffisances observées au niveau de ces trois acteurs-clés que sont le BVG, les Pôles économiques et financiers et ainsi que les OSC, a-t-elle précisé.
«Pour le BVG, il s’agit de l’insuffisance des ressources et d’outils adéquats pour couvrir efficacement son mandat. Pour les Pôles économiques et financiers, une pleine capacité à accomplir les enquêtes et investigations. Pour la société civile, une vélocité à dénoncer les crimes économiques et financiers, et à conscientiser les citoyens», a-t-elle expliqué.
Michelle Akpo ajoutera qu’en améliorant les capacités des institutions de contrôle dans la surveillance des finances publiques, les pratiques de lutte contre la corruption renforcées avec une société civile forte, il y aura une amélioration de l’indice de développement humain. Surtout pour les filles et les femmes, qu’elle considère comme les plus grandes utilisatrices des services sociaux de base.
L’ambassadeur du Canada au Mali, Louis Veret a, pour sa part, rappelé que la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption occupent une place importante dans la coopération entre le Mali et le Canada. Il s’est réjoui des relations cinquantenaires qui lient les deux pays.
Boureima Allaye Touré, président du Conseil national de la société civile, a souligné que ce projet est une action qui renforce le bien-être socio-économique des femmes et des filles par la livraison des services publics. Ainsi, a-t-il ajouté, le PRPPFM envisage de renforcer les capacités des comités de veille pour le contrôle citoyen de l’action publique dans les régions de Sikasso, Ségou, Koulikoro, Kayes et le district de Bamako. Notamment, à travers un mécanisme de collaboration bien structuré entre le BVG, les Pôles économiques et financiers et le CNSC.
Pour ce faire, le groupe cible le plus engagé qui sera à l’œuvre ce sont les femmes membres des Organisations de la société civile, a expliqué le patron du CNSC, avant d’ajouter que les femmes seront mobilisées, renforcées en capacités, dotées d’outils sur la détection de la fraude et seront en première ligne pour la promotion de la bonne gouvernance économique.
ÉGALITÉ DE CHANCE – Le renforcement de leurs capacités portera essentiellement sur les politiques nationales, la collecte de données, la gestion des finances publiques, les techniques d’appropriation du rapport du Vérificateur général et le lobbying auprès du gouvernement pour la mise en œuvre de ce rapport, a-t-il noté.
Le Vérificateur général, Samba Alhamdou Baby, a estimé que la collaboration entre sa structure et les autres déjà cités, apporte un soutien emblématique à la pierre qui manquait à l’édifice de la lutte contre la corruption. Ainsi, a-t-il fait savoir, le Bureau du vérificateur général pourra être efficace dans l’atteinte de ses objectifs et avoir plus de visibilité dans ses tâches. Par ailleurs, le Vérificateur général a signalé que ce projet cadre avec les actions des partenaires techniques et financiers qui souhaitent, à leur tour, plus de visibilité dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière.
Boubou Cissé a précisé que le projet s’articule autour de trois composantes. Premièrement, la surveillance améliorée du gouvernement dans la mise en œuvre des politiques et programmes sexo-spécifiques, pour équilibrer les chances entre hommes et femmes. Deuxièmement, la pratique de lutte contre la corruption intégrant les manifestations sexo-spécifiques. Troisièmement, la mobilisation accrue des femmes membres de la société civile pour la promotion de la bonne gouvernance», a détaillé le chef du gouvernement.
Le Premier ministre ajoutera qu’une analyse étiologique de la corruption montre qu’elle est devenue complexe. Les conséquences économiques et sociales qu’elle revêt appellent des solutions efficaces. «De l’indépendance à nos jours, nos gouvernements en ont fait une de leurs priorités. A travers l’adoption de textes répressifs et la création de structures de contrôle. Mais devant la persistance du fléau de la corruption, des innovations importantes ont été faites, à savoir la mise en place des Pôles économiques et financiers et du Bureau du vérificateur général, ainsi que l’implication de la société civile», a-t-il fait remarquer. Mais, à ses yeux les valeurs morales et citoyennes sont aussi des moyens de lutte contre ce fléau.
Boubou Cissé a rappelé aussi que le gouvernement a adopté la Politique nationale genre qui vise à établir l’égalité de chance entre les genres afin de construire un développement économique de tous les citoyens.