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Se disant victime d’une injustice de la part de la mairie de Gao : Le Béninois Joachim Abouta résidant à Gao depuis 1967 dénonce la démolition de son hôtel «Bel Air»
Publié le samedi 10 aout 2019  |  Aujourd`hui
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Sur ses 78 ans, Joachim Abouta en a passé 52 dans la ville de Gao où il a servi depuis son jeune âge comme instituteur, avant de se lancer dans l’hôtellerie avec la construction de l’hôtel Bel Air qui fut inauguré en grande pompe en 2000 par le gouverneur de la huitième région, Amadou Baba Touré. Saccagé et pillé en 2012 avec l’arrivée des djihadistes dans la cité des Askia, l’hôtel Bel Air vient de connaitre un second drame, cette fois-ci avec le maire de la ville de Gao et son deuxième adjoint qui ont fait démolir une partie de ce complexe hôtelier sous prétexte qu’elle obstrue la fluidité de la circulation. Un argument battu en brèche par le sieur Joachim Abouta.

Joachim Abouta est un nom connu presque par tout Gao à l’image de son complexe hôtelier Bel Air. A 78 ans révolus, le vieux Abouta (père de l’ex footballeur de l’équipe nationale et du Djoliba AC Janvier Abouta) a atterri à Gao en 1967 comme jeune instituteur. A cet effet, il a eu dans ses classes, comme élèves, beaucoup de grands commis de l’Etat dont des ministres, même un ancien Premier ministre. Jochim Abouta, ayant la double nationalité béninoise et malienne, a embrassé en 1985 le métier d’hôtelier et a fini par y investir avec l’achat de parcelles où il a bâti un complexe hôtelier dénommé Bel Air, avec près de 60 chambres dont 45 climatisées dans deux bâtiments. Son établissement hôtelier, inauguré en l’an 2000 par le gouverneur de l’époque, qui emploie 18 Maliens, a été exonéré d’impôts durant 12 ans, “parce que les investissements dans ce domaine étaient rares et l’Etat voulait encourager les privés à investir dans cette partie du pays” nous a-t-il précisé, pour justifier cette exonération.

Cependant, a-t-il poursuivi, à 19 ans d’existence son hôtel, qui paye à la mairie régulièrement toutes les patentes afférentes au fonctionnement d’un hôtel, n’a jamais eu de problème jusqu’avec l’arrivée de l’actuel bureau du conseil communal. “Tous les jours que Dieu fait depuis 2017, j’ai l’impression que je suis victime d’un acharnement de la part du maire principal et de son 2ème adjoint dont la maison se trouve non loin de l’hôtel et qui ne veut pas sentir mon établissement. Il le dit à qui veut l’entendre alors que tous les maires qui se sont succédé, de Hangadoubou jusqu’à Sadou Diallo, ont salué cette initiative” a soutenu le promoteur de Bel Air. Cependant, selon lui, le prétexte trouvé par le maire et son adjoint, Yacouba Maïga dit Jacob considéré comme le cerveau de cette cabale, a été de souligner que le complexe a été construit sur la voie publique perturbant ainsi, selon eux, la fluidité de la circulation dans la cité des Askias.

Ces propos, selon Jocahim, sont sans fondement. “Il y a environ 13 mètres entre mon hôtel et la voie principale, le goudron, sans oublier aussi qu’il y a un caniveau de séparation” a rappelé M. Abouta. Selon lui, tout récemment, le deuxième adjoint au maire accompagné des forces de l’ordre ont saccagé une partie de son complexe hôtelier en rasant aussi tout le jardin, à savoir la verdure qui se trouve tout au tour du bâtiment pour le rendre attrayant. “Sans ce jardin-là, l’hôtel ressemble à un bâtiment ordinaire” a souligné M. Abouta.

“Aujourd’hui à 78 ans, je ne veux que vivre en paix, qu’on me laisse travailler et que justice me soit rendue par rapport à tous les dommages causés par le maire et son adjoint” réclame le propriétaire de Bel Air, même s’il révèle que bien avant cette démolition, il avait en 2017 introduit une plainte contre le maire central de la commune près le Procureur de la République du tribunal de grande instance de Gao afin d’alerter sur les intentions du maire à l’encontre de son hôtel. Cette plainte, selon lui, a été en son temps classé sans suite. Cependant, le vieux Abouta ne veut pas baisser les bras. C’est pourquoi, il a interpellé le ministre de l’Administration territoriale de s’investir auprès du maire afin que cet acharnement cesse contre son complexe hôtelier.

Approché par nos soins, le deuxième adjoint au maire de la ville de Gao, Yacouba Maïga dit Jacob, a balayé d’un revers de la main les accusations du promoteur du complexe hôtelier le Bel Air. “C’est vrai que j’aurais voulu que vous fassiez le déplacement pour constater de visu si oui ou non son endroit déborde. C’est vrai, la mairie n’a pas ciblé directement Joachim Abouta, mais c’est une partie de son hôtel qui a été concernée dans le cadre d’une opération globale dénommée “Yirima” qui a concerné toute la ville de Gao. Cette opération a permis de démolir toutes les installations et constructions qui empêchaient la fluidité de la circulation. D’ailleurs, je pense, quant à son cas, ce sont les autres maires qui n’ont pas eu le courage de recadrer sa zone, comme cela a été fait durant notre mandat au cours de cette opération” a précisé de son côté le deuxième adjoint au maire de Gao.

En tout cas, M. Abouta n’entend pas baisser ses bras face à ce qu’il qualifie d’injustice avérée et flagrante.

Kassoum THERA

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