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Hamidou Djimdé, président du mouvement Baguine sô, sur la détérioration de la situation sécuritaire au pays dogon : « nous sommes traqués et fusillés dans nos champs… »
Publié le mardi 20 aout 2019  |  Le Pays
Marche
© Autre presse par DR
Marche contre les massacres
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Au cœur de la Maison des Ainés sise à l’ACI 2000, le grand meeting du Mouvement Baguine sô a été tenu. Avec à sa tête le président Hamidou Djimdé, l’évènement a eu lieu le dimanche 18 août courant. À l’ordre du jour, « Détérioration de la situation sécuritaire au pays dogon ». Du cercle de Koro, passant par ceux de Bandiagara, Douentza et de Bankass, nombreux étaient ces ressortissants dogons qui ont pris part au débat du jour. Occasion pour les conférenciers d’exprimer la triste réalité du pays dogon.




Le dimanche 18 août 2019, la salle de la Maison des Ainés était pleine à craquer. Tous habillés en tenue traditionnelle dogon, ils étaient venus de Koro, Douentza, Bankass, Badiangara et de la ville de Bamako pour se pencher sur un seul sujet : « La détérioration de la situation sécuritaire au pays dogon ». Les dernières menaces contre les populations et la situation des chasseurs dogon ont fait l’objet d’éclaircissement par le président du Mouvement, Hamidou Djimdé : « Lors de nos différentes sorties, nous avons alerté sur la menace qui plane sur l’hivernage au pays dogon, et dénoncé les allégations mensongères portées à l’égard de nos vaillants chasseurs qui demereurent ,jusqu’à preuve de contraire, nos défenseurs et nos protecteurs ».Cette menace du pays dogon demeure une réalité. Puisque, dit M. Djimdé, beaucoup des terres sont restés non cultivables de nos jours. Au sujet de l’appellation ‘’pays dogon’’ qui suscite la colère de certains, le président du Mouvement Baguine sô précise : « Le pays dogon a existé, il existe, et existera ». Hamidou Djimdé de dire : « Il n’est à cacher à personne qu’un conflit existe entre les dogons et leurs frères peulh. Ce conflit nous a été transporté par eux, et nous ne faisons que nous protéger ». Ce qui a, pour lui, créé une situation « d’amalgame et de suspicion » en mettant en mal le vivre ensemble des deux ethnies. Sans hésitation aucune, le président s’est prononcé sur le PM Boubou Cissé : « Le nouveau premier ministre a amené une nouvelle approche de gestion de la crise. Celle d’aller vers les populations à la base, voire les vrais acteurs et les ressortissants sur le terrain. Nous avons accepté malgré la réticence de certains quand nous avons été sollicités. Nous sommes allés, et nous avons pu rencontrer nos acteurs sur le terrain (Danan Ambassagou) qui ont même accueilli le gouvernement. C’était pour témoigner notre volonté d’aller vers la paix. Cela devrait être fait pour nos frères peuls mais hélas ! ». La surprise des dogons fut grande après cette tentative de nouvelle approche du Premier ministre et son équipe : « A peine retourner à Bamako, la base de pré cantonnement de Wadouba de Danan Ambassagou a été attaqué par les FAMAs. Ce qui a entrainé l’indignation totale, à la limite la révolte ». De nos jours, lit-on dans le discours du conférencier, les jours passent et se ressemblent pour les dogons. Nonobstant notre volonté d’aller vers la paix, poursuit-il, « nous sommes traqués et fusillés dans nos champs. Et même accueillis jusqu’au fond de nos cases avant d’être égorgés dans nos sommeils, voire abattus sur la route des foires ». Aux dires du président, certains militaires retirent les armes aux groupes d’autodéfense des dogons. Pendant qu’ils montent la garde pour que les autres puissent cultiver. Ils leur retirent les armes quand ils accompagnent les femmes d’un village à un autre. Des désarmements forcés qui se font par nos militaires pendant que les ennemis ne sont pas inquiétés, déplore Djimdé qui ajoute par la suite : « Le changement du gouvernement intervenu nous avait donné une lueur d’espoir avec à sa tête le Dr Boubou Cissé. Cette lueur d’espoir, tend vers une lueur de désespoir ». Alors qu’aucun dogon n’a tiré un seul coup de fusil depuis le voyage de Boubou Cissé au pays dogon, le conférencier déplore la mort de plus d’une cinquantaine de dogons par des bandits armés peuls sans omettre des milliers de bétails emportés. Comme proposition de solution, M. Djimdé recommande au nom du Mouvement ‘’Baguine sô’’ : le désarmement de tous les détenteurs illégaux d’armes de guerre ; la sécurisation des champs de culture ; la prise des mesures pour protéger les civils menacés par cette violence communautaire en particulier des patrouilles et installation des postes supplémentaires dans les zones vulnérables ; et le dédommagement des victimes civiles. Retenons que tour à tour, les ressortissants des différents cercles et associations se sont prononcés sur le sujet, de même que le représentant de la diaspora, Drissa Kananbaye. Qui ont ensemble dénoncé l’indifférence des autorités du pays d’une part. Et d’autre part, les cadres du pays dogon, voire la communauté internationale face à cette situation qu’ils estiment qu’il y a « deux poids et deux mesures » de la part des autorités nationales.

Mamadou Diarra

Source : Le Pays
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