Un constat qui fait l’objet de peu de polémique : les gouvernances démocratiques et politiques semblent mieux se porter dans les anciennes colonies anglophones d’Afrique que celles francophones. Où les alternances politiques ne sont, à quelques exceptions près, pas encore à l’ordre du jour.
A défaut de pouvoir se faire succéder par un proche, les ‘’hommes forts’’ de ces contrées ont une propension à se maintenir indéfiniment au pouvoir. Alors que la majorité des pays anglophones connaissent, depuis près de trois décennies, l’alternance politique à travers les urnes. Comme au Ghana. Comme au Botswana. Comme en Tanzanie pour ne citer que ces cas.
Pour le besoin de la cause, ces «hommes providentiels» n’hésitent pas à tripatouiller la Loi fondamentale du pays avec la complicité d’un Parlement aux ordres. Pour remettre en cause la limitation du mandat présidentiel et empêcher toute alternance démocratique au pouvoir par la voie des urnes. C’est le cas au Togo, Tchad ou encore de la Côte d’Ivoire et du Congo. En Guinée Conakry, le président Alpha Condé est fortement suspecté par l’opposition de vouloir amender la Constitution afin de pouvoir briguer….un troisième mandat présidentiel !
Après deux mandats consécutifs, le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, un ancien putschiste – ‘’le dictateur’’ selon ses détracteurs- a réussi le pari de se faire succéder, il y a tout juste quelques semaines, par son ancien ministre de la Défense.
Mahamadou Issoufou du Niger pourra-t-il réussir le même pari de se faire succéder par son ministre de l’Intérieur? Dans son interview publiée le 14 août dernier, lui, qui a d’ores et déjà désigné son dauphin à deux ans de l’échéance de la présidentielle, persiste et signe: ‘’Ma décision de respecter la Constitution et de ne pas me représenter est irrévocable’’. Reste que ce sont les électeurs nigériens qui auront le dernier mot dans les urnes.
Ces deux exemples sont rarissimes (voir atypiques) en Afrique francophone. Même si certains analystes voyaient, à tort ou à raison, un risque de dyarchie dans ce genre de succession au pouvoir, leur démarche politique respectant la limitation au pouvoir semble au moins constituer une étape pour l’alternance politique dans leurs pays. Un nouveau Chef d’Etat est donné à leur pays. Ce qui n’est pas peu pour la promotion du processus démocratique en Afrique notamment francophone !