Les condamnations se multiplient en Guinée face à l’intimidation et au harcèlement dont les médias guinéens sont victimes ces derniers temps. Le placement sous contrôle judiciaire ce lundi 19 août, du Doyen Souleymane Diallo, l’un des pionniers de la presse indépendante-Libre en Guinée, a été la pilule de trop, dure à avaler.
Depuis, c’est une avalanche de réactions qui fuse de partout (hommes politiques, acteurs de la société civile, citoyens ordinaires) pour condamner cet acharnement auquel les hommes de médias sont victimes, mais aussi lancer un appel à la résistance pour la sauvegarde de cette liberté chèrement acquise au prix de lourds sacrifices consentis.
La dernière réaction en date est celle du FNDC qui dénonce l’attitude de certains magistrats. Merci de lire ce communiqué qui vient de nous parvenir à cet effet.
Depuis un certain moment, nous observons avec beaucoup d’amertume les convocations fantaisistes des journalistes Guinéens devant les tribunaux, cela, en violation flagrante de la Loi organique N° 002/CNT/ 2012 sur la liberté de presse en Guinée.
En lieu et place de cette loi qui encadre la liberté de la presse dans notre pays, les autorités administratives et judiciaires font recours à la loi L0029 de 2016 sur la cyber-sécurité qui, aujourd’hui, serait devenue le nouvel épouvantail contre les médias libres et indépendants en République de Guinée.
La Loi organique N°002/CNT/ 2012 relative à la liberté de la presse devrait être aujourd’hui le seul texte juridique devant fonder la conviction du juge dans l’interpellation d’un journaliste qui commet une infraction dans l’exercice de sa profession. Le FNDC dénonce les abus dont sont victimes les journalistes de la part des autorités publiques.
Pour des raisons inavouées, certains magistrats de façon subtile mettent en avant la loi sur la cyber-sécurité en lieu et place de la loi sur la liberté de la presse. Cette dérive ne doit pas laisser indifférents les défenseurs de la liberté de presse et de la démocratie. C’est pourquoi, tous les citoyens doivent se lever pour empêcher la confiscation de l’exercice de la liberté de presse en Guinée.
Le FNDC condamne cette imposture qui est de trop dans l’envie exagérée de museler la presse dans le but de faire passer par la force le projet de troisième mandat. Il apporte son soutien à la presse guinéenne, en particulier au patron du Groupe de presse ‘’Le Lynx’’ et ‘’La Lance’’ pionner de la liberté de presse en Guinée, tout en lui demandant de ne pas céder à l’intimidation.
Le FNDC appelle toute la presse privée, épine dorsale de la démocratie dans notre pays, à plus de courage et d’abnégation pour ne pas perdre les acquis obtenus au prix d’une rude bataille.
Conakry le 20 août 2019
La coordination Nationale du FNDC
Le responsable des opérations
Ibrahima DIALLO
NOTE EXPLICATIVE
Le 19 août 2019, le pouvoir de Conakry a jugé nécessaire de me mettre sous contrôle judiciaire en attendant un éventuel procès en diffamation. La Direction de notre radio, Lynx-FM, a été convoquée le 19 août 2019 à la police judiciaire guinéenne pour des propos jugés diffamatoires tenus par Mme Doussou Condé, une ancienne militante du RPG d’Alpha Condé, installée aux Etats, que nous avons interviewée le 31 juillet dernier. Mme Condé a dénoncé la gouvernance Alpha et est revenue sur certains passages du livre-interview, Une certaine idée de la Guinée, d’Alpha Condé dans lesquels le président guinéen évoque brièvement sa famille.
Comme vous le savez, la Guinée a décriminalisé les délits de presse à travers la loi 002 du 22 juin 2010 relative à la liberté de la presse. Au lieu d’être gérée par cette loi-là, l’affaire a été placée sous l’égide de la loi sur la cyber sécurité qui traite, certes, de délits, injures, diffamation…mais dans des contextes différents. La loi sur la cyber-sécurité est reconnue hautement liberticide.
Remarques :
1)- Les délits de presse n’étant gérés ni par le code pénal ni par la loi sur la suber-sécurité, la Direction de la police judiciaire ne devrait pas nous convoquer. Nous n’avions affaire qu’au tribunal. Mais nous étions à la police toute la matinée du 19 août. Devant mon silence volontaire, nous avons été déférés au tribunal de Conakry 1 pour la suite de l’événement.
2) – Au tribunal de première instance de Conakry 1, nous avons eu affaire à des actes d’accusation à géométrie variable. On nous a collé des griefs différents de ceux que la police nous avait tendus une heure auparavant, directement tirés de la loi sur la cyber-sécurité. Juste pour obtenir une peine privative de liberté et de très lourdes amandes à l’issue du procès. L’acte est hautement illégal.
3) – Le pouvoir entreprend ainsi de réduire la presse au silence avant de commencer le forcing tous azimuts qu’il compte utiliser pour aller au 3è mandat pour Alpha Condé. Votre solidarité sans faille est requise pour faire échouer ce projet de 3è mandat suicidaire pour le pays.