L’Administration malienne peut-elle revenir à Kidal malgré les violences ? En tout cas rien n’est encore sûr.
L’envoyé spécial de l’ONU pour le Mali, Mahamat Saleh Annadif, était en visite à Kidal le mercredi 14 août dernier. Il a été question notamment du retour de l’administration malienne, absente depuis de longues années dans cette ville du Nord en proie au terrorisme.
« Un sanctuaire pour les terroristes », c’est en ces termes que Mahamadou Issoufou, qualifie la ville de Kidal, dans le nord du Mali. « Le statut actuel de Kidal est une menace pour le Niger, affirme le président nigérien dans une interview à Jeune Afrique la semaine dernière. L’État malien doit impérativement y reprendre ses droits. »
« C’est toujours de la faute de Kidal. La prochaine fois qu’ils auront mal à la tête, ce sera aussi à cause de Kidal », s’agace Alghabass Ag Intalla. Pour le Secrétaire général du groupe armé HCUA à Kidal, le Haut conseil de l’unité pour l’Azawad, membre de la CMA, la Coordination des mouvements de l’Azawad, le président nigérien est allé trop loin. « A Kidal, il y a la force française Barkhane et la Minusma des Nations unies. Toute la communauté internationale est là ! », martèle Alghabass Ag Intalla.
L’envoyé spécial des Nations unies s’est d’ailleurs rendu à Kidal la semaine dernière pour y discuter, entre autres, du retour de l’administration.
Selon un membre du comité directeur de la CMA à Kidal, les directeurs régionaux de l’Hydraulique, de la Santé, de l’Énergie et de l’Enseignement, sont déjà sur place.
« Ils sont là mais ils n’ont aucune marge de manœuvre, explique un ancien élu de la ville. La CMA a ses propres commissions pour l’eau, la santé, etc. Et ce sont elles qui prennent toutes les décisions. »
Étape essentielle de la mise en œuvre de l’accord pour la paix, le retour de l’administration à Kidal devrait consacrer l’opérationnalisation du Mécanisme opérationnel de coordination «MOC» dans la région. Cette force est constituée de 600 hommes soit 200 éléments pour chaque partie.
Le vice-président du collège transitoire de Kidal se montre « prudent » quant au respect de la date du 20 juillet dernier. Selon lui, le retour effectif des services publics de l’administration est « incertain dans ces conditions ». Pour Abda Ag Kazina, les conditions sécuritaires ne sont pas réunies et aucune cérémonie n’est pour le moment prévue pour célébrer cet événement.
Devant le Conseil de sécurité, le patron de la MINUSMA a mis en exergue le fait que le calendrier de mise en œuvre de l’accord a subi de graves revers, à cause principalement de fréquentes violations du cessez-le-feu, par les parties signataires de cet accord.
Selon les dispositions de l’accord, la première patrouille mixte devrait avoir lieu au plus tard le 60ème jour suivant la signature de l’accord ; le Mécanisme opérationnel de coordination (MOC), chargé de planifier et de coordonner toutes les actions et mouvements des combattants pour toute la durée du processus de cantonnement ; dans les 60 jours suivants la signature de l’accord, la CTS et le MOC devraient présenter un plan de mise en œuvre des arrangements sécuritaires pour le Nord du Mali, dans lequel les patrouilles mixtes auront un rôle primordial dans la sécurisation du processus de cantonnement/regroupement et de démobilisation. Ce plan aura pour objectif de prévenir/réduire tout vide sécuritaire avant, durant et après les processus de cantonnement, d’intégration et de DDR.
À la rentrée dernière, le gouverneur de Kidal avait lancé un ultimatum aux enseignants pour qu’ils reprennent leurs postes. Sans résultat.
Au regard de toutes ces situations, le retour de l’administration à Kidal n’est pas pour demain.