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Art et Culture

Chorégraphie : Le Pipi de Kati : quatre filles, un pas de danse !
Publié le samedi 24 aout 2019  |  Aujourd`hui
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Depuis quelques années, un groupe de danse féminin domine la scène. Il s’agit du Pipi de Kati, un groupe de quatre jeunes filles. De par leur talent et l’amour de la danse elles font la fierté de la danse malienne tant sur le plan national qu’international. Vainqueur de la catégorie danse du festival Mali Hip-hop Awards en 2016 et du concours international Danse Fe (Danse au féminin) en Côte d’Ivoire en 2017, le groupe Pipi de Kati a été beaucoup plus révélé au monde suite à sa participation à ”L’Afrique à un incroyable talent ” de Canal+ Afrique. Portrait !

Au Mali, si vous êtes fan de la danse moderne, vous connaissez ou avez certainement entendu parler du groupe “Pipi de Kati”. Composé de quatre (4) jeunes filles : Mariam Diakité, Sanata Marie Antoinette Samaké, Nassa Kéita et Fatoumata Geneviève Maiga, toutes issues de la ville de Kati. Le Pipi, très sollicité aujourd’hui est apprécié à travers son talent et son style de danse très moderne dans des clips vidéo de nombreuses stars de la musique malienne, comme Salif Kéïta, Iba One et Tal B.

Officiellement créé en 2015, le groupe n’a pas pris des lustres pour attirer les regards sur lui. Talentueuses, dynamiques et éprises de danse, ces jeunes demoiselles ne passent inaperçues sur une scène ou sur les petits écrans. “A la base, nous sommes des amies du même quartier et nous nous sommes connues au cours de notre parcours scolaire. Nous nous sommes rencontrées au lycée ou nous nommes devenues de vraies amies inséparables”, nous explique Mariam Diakité, leader du groupe.

Pipi comme diminutif de “Personnes intouchables avec des personnalités imparables”. Un nom assez original dont les filles ignoraient elles-mêmes le sens au départ “On était tout le temps ensemble, il nous arrivait de porter les mêmes habits et d’aller à l’école en uniforme. En un moment donné, ça chipotait beaucoup à l’école sur nous et les élèves nous appelaient “Pipi”. On ne savait pas ce que veut dire Pipi et un jour dans la salle informatique de l’école, nous avions décidé de faire des recherches sur internet pour savoir ce que signifie ce nom que les élèves nous collaient à la peau et nous avons découvert que Pipi est l’acronyme de “Personnes intouchables avec des personnalités imparables”. Et quand nous avons créé le groupe, nous avons pris ce nom”, nous racontent-elles.

Au départ, les Pipi n’avaient la vocation de devenir des danseuses professionnelles. Elles aimaient seulement la danse et leur seule satisfaction était de danser dans les petites soirées dansantes “Balani Show” dans les rues de Kati. “C’est après notre participation à des concours de danse lors de ces petites soirées de quartier ainsi qu’au concours d’Azonto au ciné Lafia de Kati que nous avons décidé de créer officiellement le groupe en 2015”.

Le groupe s’est révélé au grand jour comme groupe professionnel de danse et multipliera les concerts dans la capitale malienne où il est très apprécié, notamment par la jeunesse et ainsi qu’à l’intérieur du pays, attirant ainsi l’attention des médias. Dans cet élan, le groupe participera à plusieurs manifestations culturelles nationales et internationales. Les sublimes danseuses ont été encore plus révélées au monde culturel grâce à leur sacre au festival Mali Hip-hop Awards dans la catégorie danse et leur participation, la même année (2016) en Côte d’ivoire, à la compétition internationale, “L’Afrique a un incroyable talant”. Une année plus tard, en 2017, le Pipi de Kati renforce sa notoriété internationale en remportant le concours Danse Fe (Danse au féminin) en Côte d’Ivoire. Fort de ce parcours, le Pipi de Kati est devenu une fierté pour toute la nation malienne dans le domaine de la chorégraphie.

Cependant, les difficultés font toujours partie du travail, notamment celui d’un artiste et le Pipi de Kati en connait également : “Notre difficulté majeure est le manque d’un moyen de transport. Avec ce manque de moyen de déplacement nous ne pouvons pas aller faire nos répétions régulièrement avec notre maitre danseur, Tyson, à Bamako. On y va qu’occasionnellement, par exemple si nous avons un évènement à préparer”, nous confient-elles.

Une autre difficulté, selon elles, c’est le problème de manager. Elles estiment qu’il est difficile de trouver quelqu’un de fiable aujourd’hui dans le showbiz malien. “Ce sont généralement des personnes qui profitent des gens. Etant des filles, c’est encore plus grave ! A chaque fois que nous demandons de l’aide soit on nous fait des avances soit nous ne sommes pas prises au sérieux”, ajoute Mariam, leader du groupe.

Aussi, dans notre pays, force est de reconnaitre que l’Etat accorde très peu d’intérêt à la culture et se sont les artistes qui en pâtissent. Le Pipi de Kati ne fait pas non plus exception sur ce plan.

“Nous n’avons pas de soutien de l’Etat contrairement aux danseurs des pays de la sous-région qui viennent en aide à leurs acteurs culturels, les danseurs y compris. Je me demande si les autorités maliennes nous ont vues dans “L’Afrique à un incroyable talent” où nous avons dignement représenté le Mali. Les danseurs des autres pays ont reçu les encouragements de leur gouvernement, mais nous, rien !”. Regrettent-elles.

Néanmoins, malgré toutes ces difficultés, ces femmes jeunes battantes restent positives. Elles ont l’ambition de devenir l’un des meilleurs groupes de danse de l’histoire du Mali, de l’Afrique, voire du monde.

Youssouf KONE
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