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30 ans après la subvention du gaz butane : Un bilan désastreux
Publié le lundi 26 aout 2019  |  Mali Tribune
Gaz
© Autre presse par DR
Gaz butane
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Depuis près de 3 décennies, notre pays a lancé une politique de vulgarisation des combustibles ligneux et gazeux visant la protection de nos faunes et flores. Près de 30 ans après, le bilan est presque désastreux car le gaz butane qui devrait être à la portée de tous est plus qu’un luxe. La faute à un manque de volonté politique, mais également à un manque de stratégie réfléchie de subvention des produits gazeux pour éviter la crise récurrente.

Mali Tribune a mené une enquête auprès des fournisseurs, distributeurs et décideurs techniques de la question. Effarant !

Le Mali a commencé à développer le secteur gazier à partir de 1982. En cette période, le régime de Moussa Traoré avait mis un accent sur la lutte contre la désertification avec la prise de mesures énergiques de reboisement, de lutte contre la coupe abusive de bois.

Des mesures coercitives étaient prises contre les contrevenants par les services des eaux et forêts, jadis dotés de moyens conséquents pour la réussite de leur mission. C’est ainsi qu’est née la politique “Sahel vert”, vivifiée d’ailleurs à l’époque par une émission radiophonique de l’ORTM. Chaque vendredi, cette émission diffusée sur la radio nationale en langue nationale bamanan, informait, sensibilisait, interpellait le monde rural et l’ensemble des populations sur les bienfaits de la protection de la nature et les dangers de la déforestation.

A partir de cette date, les politiques nationales ont plaidé en faveur de stratégies nationales de vulgarisation des combustibles gazeux, liquides et ligneux pour la lutte contre la déforestation et la désertification et la sauvegarde de nos ressources naturelles. Grâce aux partenaires au développement comme le Fonds européen de développement (Fed), est entrée en application l’utilisation de différents moyens de combustibles à la disposition de nos cuisinières. Il s’agit des foyers améliorés, des fourneaux “gwakoulou ngana ou foyer pilote” (fonctionnant avec de bois ou de charbon de bois), les réchauds à pétrole et à gaz, entre autres.

Plus de 30 ans après ces premières expériences réussies dans notre pays, le constat laisse à désirer. Faute de politique adéquate, l’Etat a lamentablement échoué dans la vulgarisation des combustibles ligneux, liquides et gazeux. L’exploitation outrancière de nos forêts se passe au vu et au su de tous sans offusquer qui que ce soit.

Échec de l’utilisation et la vulgarisation

Le cas particulier de l’utilisation et la vulgarisation du gaz butane qui avaient d’ailleurs le vent en poupe ces dernières années est plus qu’un échec. L’absence d’une politique de subvention pérenne ces dix dernières années ; de soutenabilité d’un système de péréquation idoine sont à l’origine de la déliquescence du secteur. Depuis que les bailleurs de fonds ont tourné le dos, il y a une décennie, les pouvoirs publics manquent de moyens financiers constants ou de plans de décaissements pour soutenir le secteur gazier.

Le Mali a procédé à une libéralisation du domaine du gaz depuis quelques années. Sept sociétés de distribution de gaz butane sont installées à Bamako et environ. Les opérateurs sont tous des privés nationaux : Sigaz, Coumba gaz, Kama gaz, Fasogaz, Dilli gaz, Bama gaz et Sodigaz et MG gaz.

Les quelques multinationales qui y opéraient dont la dernière en date est Total, ont toutes arrêté leurs activités. La faute aux difficultés d’entrer dans les subventions que l’Etat leur doit annuellement. Les autres qui y demeurent encore s’accrochent à leur corps défendant. Obligés de payer au comptant du gaz à leurs fournisseurs dans les pays d’approvisionnement comme le Togo, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le retard de paiement de la facture de subvention de la part du ministère de l’Economie et des Finances a mis en péril leurs activités.

La conséquence, c’est la pression qu’ils sont obligés d’exercer régulièrement, en menaçant d’arrêter toute fourniture, surtout en période de ramadan, pour que l’Etat solde les comptes de façon sporadique. C’est le consommateur final qui trinque, avec souvent la forte spéculation sur le produit de la part de quelques revendeurs véreux.

Le coût de la subvention du gaz butane s’élève à 6 milliards de F CFA par an au Mali. La consommation annuelle est estimée à 18 000 tonnes de bouteilles, toutes catégories confondues. Une infime quantité de consommation au eu égard au rôle pionnier du Mali. Selon toujours les mêmes estimations, des pays voisins ont des quantités de consommation plus élevées. Le Burkina Faso est à 100 000 tonnes, 200 000 tonnes sont enregistrées en Côte d’Ivoire, 160 000 tonnes au Sénégal et 80 000 tonnes en Mauritanie.

Cette même subvention permet au consommateur d’acheter à 3 500 F CFA la bouteille de 6kg. Sans cela, la même charge lui reviendra à 5 000 F CFA. C’est l’Etat qui prend en charge la différence.



BIRAMA YATTASSAYE, PRESIDENT DES REVENDEURS DE GAZ BUTANE

“Augmentons d’1 franc le prix des appels téléphoniques pour subventionner le gaz !”

Birama Yattassaye est le vétéran des revendeurs de gaz au Mali. Il a commencé à rouler sa bosse depuis 1982 chez plusieurs multinationales comme la défunte Mobil, ou encore Total ou Shell. Sa solution consiste à majorer de 25 F CFA, le prix des produits de consommation courante comme les denrées alimentaires, la téléphonie mobile ou encore l’électricité ou l’eau pour que l’Etat ne supporte plus la subvention.


Biraima Yattassaye
Birama Yattassaye, président de l’Association des revendeurs de gaz butane

Mali Tribune : Comment faire face au coût de la subvention du gaz butane au Mali ?

Birama Yattassaye : La solution, à mon sens, pour soutenir de façon constante et définitive consiste à majorer de 25 % le prix d’un produit de consommation courante comme les boissons, les tarifs d’électricité ou d’eau pour faire face à la subvention. Cette solution, je l’ai proposé lors de la Can 2002 au Mali. Elle a été appliquée par Bramali sur ses boissons pour contribuer à sa participation comme opérateur économique aux frais de la Can 2002. Sur chaque boisson payée, le consommateur payait en sus 25 F CFA. Cet argent était reversé à l’Etat pour faire face à ses charges en faveur des Aigles et la construction des stades érigés à Bamako et dans les régions. Cela a été positivement ressenti par le budget d’Etat.

Mali Tribune : Quelle autre astuce voyez-vous ?

B Y. : Nous avons actuellement au Mali trois compagnies de téléphonie mobile. Augmentez seulement de 1 F CFA le prix de communication clientèle sur chaque appel téléphonique. Au bout d’un mois de communication, ce sont des milliards de F CFA que vous récolteriez en faveur de l’Etat malien. EDM-Sa ou encore Somagep peuvent se rendre utiles au bout de la chaîne. L’éclairage public génère de l’argent que vous ne pouvez pas estimer par mois ou par an. Ce pactole constitue des centaines voire des milliards de F CFA par mois ou par an au bout du rouleau.

Mali Tribune : Pensez-vous qu’il y a d’autres créneaux porteurs en plus de tout ce que vous venez de citer ici ?

B.Y. : Vous savez, l’Etat seul ne peut aucunement faire face à ces dépenses à cause de ses nombreuses charges. Il serait utopique de compter sur l’Etat. Les compagnies de téléphonie mobile sont des créneaux sur lesquels nous pouvons également compter. Avec les trois compagnies qui opèrent présentement au Mali. Les opérateurs de gaz, les consommateurs, le gouvernement et même nous revendeurs, nous pouvons avoir de l’espoir dès que la solution est trouvée. Il suffit de faire un montage pour trouver comment financer le secteur.

L’Etat seul ne peut pas du tout supporter le Fonds gazier à l’absence d’un partenaire financier comme les partenaires techniques et financiers telle que l’Union européenne comme c’était le cas dans le temps ou encore des ONG allemande, française, norvégienne ou autre.

Le juste milieu ou la solution de proximité n’est autre que nous Maliens. Si Bramali majorait chaque bouteille de boisson de 5 F, 10 F ou 25 F CFA, la solution serait trouvée pour de bon. Ou qu’Orange Mali, Malitel ou Télécel fassent payer sur chaque minute de consommation 1 F C FA à reverser au trésor public pour le Fonds gaz. Nous verrons le bout du tunnel sans problème.

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ARBY TOURE, DG DE KAMA-SA

“La mise en place du fonds gaz est l’idéal”

La subvention du gaz est le souhait des professionnels du secteur. Arby Touré, directeur général de Kama Gaz pense que c’est la meilleure des solutions malgré les difficultés de trésorerie de l’Etat malien.

monétaire ouest africaine (Uémoa), la subvention du gaz est soutenue par un fonds appelé “Fonds gaz butane”. Il évoque le problème de structuration de leur secteur : “nous sommes dans une situation quasi-informelle due à nous-mêmes opérateurs gaziers”. Il dit ne pas connaître le mécanisme de dotation de ce fonds gaz butane, mais soutient que cela doit être la solution à long terme et qu’il doit être soutenu par des prélèvements sur certains produits de grande consommation.

« Nous avons conscience que notre handicap majeur est cette subvention », soutient-il. Pour lui, la prise en charge mensuelle va éviter les arriérées annuelles et soulagera les opérateurs gaziers. “Nous ne devons pas passer une année sans être payés. La dotation de 2019 sert à éponger celle de 2018”, explique-il. Il reconnait toutefois que l’Etat fournit des efforts et que ce n’est financièrement facile pour personne. “Nous sommes dans un Etat fragilisé, mais il faut faire un peu plus”, reconnaît-il.

Des bonbonnes de Kama gaz à leur siège situé à Hamdallaye ACI 2000, Bamako

Le directeur général de Kama Gaz plaide pour une politique de promotion du gaz afin de ramener le maximum de population à sa consommation en laissant le bois de chauffe et sauvegarder ainsi la forêt menacée de disparition. Il garde espoir néanmoins de voir l’aboutissement de l’arrêté pris par le gouvernement malien, autorisant l’Office national du pétrole (Onap) à lancer une étude de financement de la subvention du gaz à travers le Fonds gaz.

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MICRO TROTTOIRE

La grogne des femmes

Les femmes sont les plus concernées par la consommation du bois, le charbon et le gaz butane car ces combustibles entrent beaucoup plus dans la préparation des repas. Les avis diffèrent par rapport à leur préférence, mais toutes se plaignent …

Mme Samaké Mariam Coulibaly (ménagère) : Parmi le gaz butane, le charbon et le bois tout est pareil. Parce qu’avant, le gaz butane était à 2000 F CFA, mais ces temps-ci, cela a augmenté de même que le bois de cuisine et le charbon. En cette période d’hivernage le bois et le charbon sont tous humides, à cela s’ajoute le coût, ce qui nous rend la tâche plus difficile. Je préfère le gaz si ce n’est pas son coût de recharge qui devient de plus en plus cher. Préparer avec le gaz butane requiert beaucoup de patience, pour une bonne cuisson il faut diminuer la flamme.

Mme Dicko Hawa Haïdara : (ménagère) : Moi je prépare avec le charbon et le gaz butane, mais ils sont tous chers. Nous faisons face à une hausse de prix du gaz butane à chaque fois qu’il y’a pénurie et la cherté du charbon est due à l’hivernage et il est aussi humide tout comme le bois de cuisine. Je préférais le gaz butane au charbon mais au jour d’aujourd’hui, je cuisine parfois avec le charbon ou le gaz butane.

Mme Camara Mariam Koné : (ménagère) : Pour moi, l’utilisation de tous ces combustibles est difficile. Si le bois et le charbon sont humides et chers, le gaz butane nous n’en parlons pas, car on assiste à sa hausse chaque jour. Je préfère le charbon aux deux autres, pour la simple raison qu’on peut l’utiliser à notre guise.

Mme Coulibaly Aïssata Kanté : (ménagère) : Je préfère le bois de cuisine au charbon et au gaz butane. Le charbon dégage plus de gaz toxique et le gaz butane est plus dangereux, il faut mettre les enfants à l’abri. Ils sont tous les deux dangereux, d’où ma préférence pour le bois de cuisine, et avec ce dernier on peut faire une pierre deux coups. On peut l’utiliser et aussi extraire le charbon. Dans les grandes familles, le bois de cuisine est préférable, pour sa rapidité malgré son prix et les difficultés qui vont avec.

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CONSOMMATION ET SUBVENTION DU GAZ AU BURKINA FASO

Un secteur partiellement libéralisé, mais dynamique

Dans le pays des Hommes intègres le juste milieu a été trouvé pour maintenir une politique adéquate de commercialisation des produits pétroliers dont le gaz butane. L’Etat a procédé à une libéralisation partielle, plusieurs acteurs étatiques et privés interviennent dans la structuration des prix et il n’y a aucun problème dans l’approvisionnement en carburant et gaz.

Le Comité interministériel de Détermination des Prix des Hydrocarbures (CIDPH), créé en 2010, est le principal organe intervenant dans la fixation des prix des hydrocarbures liquides ou gazeux au Burkina Faso. Il a pour rôle fondamental de statuer sur tout ce qui a trait au prix. Le gouvernement du Faso l’a mis en place pour qu’il soit une aide à la décision de propositions pertinentes sur les structures des prix. C’est une sorte de cadre d’experts de mise en commun d’informations, d’analyses, de visions à même de faire des propositions plus ou moins consensuelles au gouvernement.

Le CIDPH est composé de quatre structures chapotées par la Primature (appelée Premier ministère au Burkina Faso), le ministère de l’Économie et des Finances, ceux du Commerce, de l’Énergie, des Mines et des Carrières. La Société nationale burkinabè (qui a le monopole d’importation des hydrocarbures) en est membre observateur.

La subvention du prix des hydrocarbures au Burkina Faso se passe dans le cadre d’une libéralisation partielle. Contrairement à d’autres pays de la sous-région comme le Mali, le Bénin, le Togo, etc., où il y a une libéralisation totale, le Burkina est dans une libéralisation partielle qui lui permet de bloquer le prix à la pompe. La Société nationale burkinabè d’hydrocarbures (Sonabhy, qui est une société d’Etat joue un rôle de quasi-monopole. C’est elle qui est en charge de l’importation, le transport, le stockage, le conditionnement, la vente et la distribution des hydrocarbures liquides et gazeux, mais avec l’intervention d’autres acteurs privés du secteur. Elle travaille également dans l’appui à la recherche d’énergie de substitution ainsi qu’à la vulgarisation des techniques d’utilisation ou de consommation d’énergie, les opérations industrielles, commerciales, financières, mobilières ou immobilières se rapportant directement ou indirectement aux produits pétroliers. La Sonabhy s’approvisionne essentielle par appel d’offres ou contrats de longues durées auprès de certains fournisseurs disposant de capacités de stockage portuaire et par achats directs.

Aux dires du directeur du CIDPH, Zerbo Youma, parlant du sujet dans “Bendré”, un confrère Burkinabé, ce système a permis depuis 2010, de bloquer les prix à la pompe. En cas de hausse sur le marché international, le manque à gagner est pris en charge par l’Etat dans le cadre de la subvention. Ce qui permet aussi aux consommateurs d’être soulagés malgré les augmentations de prix à la pompe.

Le gap de la subvention est énorme. Les calculs de rapprochement qui se font mensuellement ont selon lui atteints le chiffre record de 3,5 milliards de F CFA supporté d’ailleurs par la Sonabhy. Mais les réflexions continuent, puisque les décideurs burbinabè ont constaté qu’à la longue, il faudrait trouver un mécanisme plus allégeant pour sortir la Sonabhy de ce gouffre financier pour lui permettre d’honorer ses engagements sur le marché international et au bonheur de la population.

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PRISE EN CHARGE DU COÛT DE LA SUBVENTION DU GAZ AU MALI

Le Fonds gaz, une aubaine attendue

Au Mali, la question de la subvention du gaz butane est comme un serpent de mer. Chaque fois elle surgit en faisant des menaces et mêmes dégâts mais personne ne parvient à le maîtriser jusque-là. Les arriérés cumulés de la subvention s’élèvent à des sommes faramineuses estimées à des milliards de F CFA. L’Etat investit plusieurs dizaines de milliards de F CFA par an dans cet exercice pour soulager les consommateurs de gaz. Si lapéréquation marche pour les hydrocarbures liquides (essence, gas-oil, pétro lampant, fuel), tel n’est pas le cas pour le gaz. Par manque de stratégie huilée, il n’y a pas à ce jour de système adéquat pérenne pour prendre en charge le volet Fonds gaz.

C’est ce volet qui est en train d’être pris en charge par le ministère de l’Economie et des Finances pour juguler le problème.

Si l’on en croit Ahmadoun Touré, chef de projet Système hybride d’énergie rurale (Sher) à l’Agence malienne de développement de l’énergie domestique et de l’électrification rurale (Amader), le ministère de l’Economie et des Finances a commandité une étude auprès de l’Office national du pétrole (Onap) pour étudier la question.

Selon M. Touré, un cabinet d’expert est engagé sur cette étude, qui est d’ailleurs avancée sur le travail et qui vise à mettre en place un Fonds gaz. Il ajoute que c’est aujourd’hui la seule réponse attendue pour faire face à cette question récurrente de subvention du gaz butane.

En 2000, l’Amader avait lancé une étude sur le Fonds gaz qui devrait être soutenu par les taxes sur les véhicules usagers, l’importation de colas, etc. Mais la question a été vite abandonnée. Puisque que les commanditaires se sont rendus compte de son inefficacité. Plus tard en 2012, il y a eu un financement de la Banque mondiale sur 5 ans, qui a pris fin.

Le Fonds gaz est la seule solution pour venir à bout de cette problématique de façon constante. “L’Etat seul n’a pas la force financière de supporter les charges “. A indiqué Ahmadoun Touré, chef du projet Sher à l’Amader, avec tout l’espoir qu’il y fonde.

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OUDIARY DIAWARA, PRESIDENT DES OPERATEURS GAZIERS DU MALI

“Il faut une prise en charge correcte de cette subvention”

Sur la question du Fonds gazier, les impayés que l’Etat leur doit, la lutte contre la déforestation avec l’utilisation de l’énergie de substitution, la quantité de gaz consommée au Mali, entre autres, le président des opérateurs gaziers du Mali et PDG de Sodigaz, Oudiary Diawara nous livre son point de vue.

Un centre d’emplissage de Sodigaz à Yirimadio Bamako

Mali Tribune : Pourquoi la création du Groupement des opérateurs Gaziers du Mali ? Depuis quand vous exister ? Combien de sociétés de production de gaz butane y a-t-il au Mali ?

Oudiary Diawara : La création du GIE répond aux besoins de défense de nos intérêts. Il est créé depuis 2005. Il y a 8 sociétés de distribution au Mali. Ce sont : Sodigaz, Fasogaz, Sigaz, Kama gaz, Mg gaz, Coumba gaz, Bama gaz et Dilli gaz. Comme vous le constatez, il n’ya pas grand monde dans notre milieu. Peu de secteurs économiques au Mali ne comptent pas si peu de monde comme ça. Même les grandes multinationales œuvrant depuis plus d’une cinquantaine d’années dans les hydrocarbures dans notre pays ont abandonné le domaine du gaz butane à cause des difficultés que nous y vivons.

Mali Tribune : Combien de tonnes de gaz butane les Maliens consomment par an ? Cette consommation est-elle en hausse ou en deçà des autres pays voisins ?

O D. : La consommation de gaz au Mali est de près de 19 000 tonnes par an, largement inférieure à celle de nos voisins dont la plus petite consommation dépasse 70 000 tonnes/an.

Mali Tribune : Quels sont les objectifs visés par votre groupement ?O D : Au-delà de notre souci de nous organiser pour la défense de nos intérêts dans le cadre d’un regroupement professionnel, notre souci majeur est de rendre le gaz accessible par tous à moindre coût.

Mali Tribune : Dans la lutte contre la déforestation et l’avancée du désert, le Mali depuis plus de 15 ans, avait fait la promotion du gaz butane. Cette politique n’a pas été un succès contrairement aux autres pays de la sous-région qui ont commencé avec notre pays. Pourquoi cela n’a pas marché chez nous ?

O D : Cette politique de promotion de gaz butane n’a pas marché à cause d’un manque de volonté politique. La limitation de l’enveloppe allouée à la subvention fait que presque 80 à 85 % des Maliens n’ont pas accès à ce produit dont l’objectif primaire est la protection de leurs forêts qui sont aujourd’hui massacrés par un prélèvement de six (6) millions de tonnes de bois par an. Le fonds de soutien à la consommation du gaz butane, qui existe dans tous nos pays voisins, transfert la charge de cette enveloppe sur des structures et les vrais utilisateurs.

La majorité paysanne qui n’a jamais consommé un Kg de gaz ne paiera pas et avec la vulgarisation du gaz, peut nourrir l’espoir de voir son environnement protégé.

Mali Tribune : Que pensez-vous de la mise en œuvre d’un mécanisme de financement pérenne pour la réussite de la politique de subvention ? Quel genre de mécanisme de financement préconisez-vous ?

O D. : La mise en œuvre d’un mécanisme de financement pérenne est la seule solution et nos voisins l’ont compris et l’ont mis en place avec des résultats très appréciables. Il s’agit du Sénégal, de la Côte d’ivoire et du Burkina Faso.

Mali Tribune : L’Etat vous doit effectivement des arriérés dus à la subvention du secteur. A combien se chiffrent vos impayés ?

O.D. : Nous n’avons pas le cumul des impayés de tous les opérateurs, ce sont des chiffres que vous pouvez obtenir au niveau de l’Amader, chargée de la centralisation et du traitement de nos factures de subvention. Cependant, nous pouvons dire que nous souffrons du non-paiement de ces factures depuis bientôt huit mois et surtout que nous n’avons aucune lisibilité pour le traitement et le règlement de nos factures de 2019 par manque de crédits disponibles pour leur couverture.

Mali Tribune : Quelle est le montant de l’enveloppe allouée à la subvention du gaz au Mali ?

D. : Cinq milliards (5 000 000 000) F CFA, invariablement depuis plus de quinze ans.

Mali Tribune : Les pauvres clients qui font les frais de la rupture de gaz sur le marché à cause souvent de vos cessations récurrentes de travail, peuvent-ils s’attendre rapidement à sortir de ce cycle infernal ?

O D. : Il est évident que ce montant alloué à la subvention est loin de couvrir les besoins des Maliens en gaz butane. Pour sortir de ce cycle infernal, comme vous le dites, il faut tout simplement une prise en charge correcte de cette subvention dont les bénéficiaires augmentent avec la croissance démographique au Mali.

Dossier réalisé par Abdrahamane Dicko

Oumou Fofana, Sira Diarra

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