C’est une foule nombreuse de parents, de collègues, d’amis et de militants de la démocratie qui a accompagné vendredi dernier Souleymane Doumbia en sa dernière demeure au cimetière de Samé. Journaliste à l’Agence malienne de presse et de publicité (AMAP), Souleymane Doumbia a été arraché à l’affection de tous jeudi des suites d’une longue maladie. Les travailleurs de l’AMAP, particulièrement ceux du quotidien national L’Essor, gardent de lui l’image d’un gros travailleur, doublé d’un bon vivant et plein d’humour.
Né le 5 août 1963 à Bamako, Souleymane Doumbia a fréquenté l’école fondamentale du Badialan III. Après avoir obtenu son DEF, il est orienté au lycée Prosper Kamara. Pour les études supérieures, il fréquente la section poste de l’Ecole nationale des postes et télécommunications (ENPT) où il sort avec un diplôme en 1986.
Déterminé et très volontaire, il s’engage dans le programme d’insertion des jeunes diplômés à travers l’agriculture et bénéficie d’une parcelle dans l’Office du Niger à Niono pour la culture du riz. Malgré une méconnaissance totale du milieu rural, une inexpérience totale de l’agriculture et le manque de préparation, Souleymane Doumbia accepte de s’engager.
Au bout de quelques saisons, la situation devient intenable. La production de riz ne suffisait pas à s’acquitter de la redevance eau et du remboursement des intrants agricoles comme les engrais et les pesticides. Solo et la plupart de ses compagnons ont été obligés de jeter l’éponge. De retour à Bamako, Solo se retrouve au chômage. C’est ainsi qu’avec des camarades et amis, dont Moussa Kéïta, ils décident de créer en 1990, l’Association des jeunes pour la démocratie et le progrès (AJDP) qui a organisé la première marche pacifique en 1990 pour dénoncer les dérives autoritaires du président Moussa Traoré et demander l’instauration de la démocratie au Mali. Avec une dizaine de marcheurs accompagnés de tam-tam et de porte voix, la marche de ces «fous de la démocrates» a été brutalement réprimée.
C’était l’une des prémices de la Révolution de mars 1991, qui a abouti à la chute du régime de Moussa Traoré. Souleymane Doumbia s’implique ainsi dans la création de l’hebdomadaire intitulé « Le Malien ».
Ce journal s’illustre dans la lutte pour l’instauration de la démocratie dans notre pays. Il ne manque pas de dénoncer les mauvais comportements des hommes politiques de l’époque. Souleymane Doumbia quittera «Le Malien» plus tard à cause des difficultés de parution du journal. Il sera recruté à l’AMAP pour le compte du quotidien national L’Essor en 1997. Aussitôt orienté au desk politique, il écume le landernau politique.
Il couvre des grands évènements politiques : congrès et autres assises des partis ; élections municipales, législatives, présidentielles. Il couvre également de nombreuses missions des autorités maliennes aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
A ce titre, il fera le tour des régions, cercles et autres arrondissements et communes. Il avait le souci de rendre compte de la vie de nos concitoyens et restait convaincu de la capacité de notre pays à s’en sortir. Pour lui, il n’y avait pas de raison que notre pays ne puisse pas se développer compte tenu de nos richesses naturelles et de la volonté de nos populations de s’émanciper.
Dors en paix Solo !