Les initiateurs du blocage des voies réclament la reconstruction de la route Bamako-Kayes-Diboly, la reprise immédiate du trafic ferroviaire et la relance du trafic aérien national et international à l’aéroport de Kayes Dag-Dag
Les Kayésiens, à travers le regroupement des mouvements, associations et syndicats, ont mis à exécution leur menace de bloquer le pont de Kayes le 23 août dernier. Avant le jour J, le gouverneur de la région de Kayes, le contrôleur général de police Mahamadou Z. Sidibé, avait invité les organisateurs à renoncer à leur action. Le jour du blocage, il a aussi rencontré les marcheurs qui lui ont remis un mémorandum.
Les initiateurs (syndicats, associations et mouvements) de cette marche ont bloqué le pont de Kayes et d’autres voix, interdisant tout trafic. Ils réclamaient la remise en état de fonctionnalité immédiate de la route nationale (RN1) Bamako-Kayes-Diboly, la reprise immédiate du trafic ferroviaire et la relance du trafic aérien national et international à l’aéroport de Kayes Dag-Dag.
Depuis la veille, les jeunes avaient déjà placé à l’entrée du pont des chaises, des pneus et autres objets pour barrer la route aux véhicules. Le matin, ils ont érigé des barrages à près d’une centaine de mètres du pont à Kayes N’Di et à Kayes Ba. Par la suite, des jeunes déterminés ont fermé carrément le pont aux usagers. Ces dispositifs étaient fonctionnels jusqu’à minuit. Seuls les piétons et les ambulances transportant des malades étaient autorisés à traverser le pont.
Toute la journée, les activités étaient au ralenti dans la Cité des rails, faute de moyens de transport. Au niveau de l’hôpital régional de Kayes, un jeune manifestant faisait la ronde devant la grande porte, en brandissant sa pancarte sur laquelle on pouvait lire : « Trop d’accidents, trop de blessés, trop de morts ». Une manière pour lui d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur les dangers et risques auxquels les passagers sont exposés sur la route internationale qui relie Bamako à Dakar, en passant par Kati, Kolokani, Didiéni, Diéma et Kayes.
Au niveau du service d’odonto-stomatologie de l’établissement hospitalier, un agent nous a dit qu’il n’y avait pas de travail et que seuls les cas d’accidents étaient pris en charge. D’un ton courtois, il présentait ses excuses aux patients et à leurs accompagnateurs.
Les compagnies de transport ont dû interrompre les mouvements de leurs cars. Qu’à cela ne tienne, le représentant de Gana Transport à Kayes, Issa Koné, s’est dit solidaire des manifestants, quelque soit le prix à payer. Le blocage du pont est, selon lui, une très bonne lutte, même si sa compagnie n’a pas encaissé un kopeck ces derniers jours du fait de ce mouvement. « Les pertes de deux jours d’inactivité sont insignifiantes par rapport à celles que l’on subit lors du trajet. En 2016, Gana Transport a acquis des matériels, dont des cars, à hauteur de 2 milliards de Fcfa. Nous avons sollicité une banque qui a accepté de financer cette opération à hauteur de 50%. L’autre moitié a été payée par Gana Transport. En deux ans, ces matériels ont été sérieusement endommagés à cause du mauvais état de cette route. On ne peut plus compter sur ces engins. Nous sommes au bord de la faillite, alors que nous devons rembourser l’argent qu’on a pris à la banque. Et puis, la compagnie a des difficultés pour payer ses employés », a-t-il souligné.
D’après Issa Koné, les clients de sa compagnie ne cessent d’appeler pour savoir s’il y a des cars qui vont à Bamako. « Je leur demande d’attendre jusqu’à ce que la voie soit totalement libérée. Notre compagnie ne veut pas prendre de risque, surtout que des clients nous chargent des transporter des marchandises, souvent périssables. A tout moment, on rembourse nos clients. A cause de ces désagréments, on a arrêté de transporter le poisson. Nos véhicules peuvent faire 13 à 15 heures sur un tronçon qui peut être parcouru en 8 heures. C’est très compliqué. La route est trop étroite et très mauvaise », a souligné Issa Koné.
Le directeur régional des routes de Kayes, Moustapha Sissoko, a expliqué qu’il y a des difficultés parce que les besoins sont immenses et les ressources limitées. « Cette année, près de 2 milliards sont retenus pour l’entretien de l’ensemble des routes du réseau. Or les besoins sont évalués à plus de 10 milliards de Fcfa. La réalisation des infrastructures demande beaucoup de ressources, c’est un fait universel. Mais ces infrastructures favorisent le développement et génèrent des emplois », a rappelé le directeur régional des routes de Kayes.