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Gouvernance territoriale au Mali : « Il faut changer d’Etat », Dr Ousmane Sy dixit
Publié le lundi 26 aout 2019  |  Le Prétoire
Conférence
© aBamako.com par Momo
Conférence de presse sur les pourparlers intermaliens d’Alger
A l’issue du round de la semaine dernière des pourparlers d’Alger entre le gouvernement et les groupes armés, l`équipe de médiation conduite par les Ministres de la Solidarité, de l’Action Humanitaire et de la Reconstruction du Nord, M. Hamadou KONATÉ, de la Réconciliation Nationale M. Zahabi Ould Sidi MOHAMED et de la Décentralisation et de la Ville M. Ousmane SY.
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S’il y a de plus en plus une demande d’Etat au Mali, il n’en demeure pas moins que l’Etat est rejeté dans sa forme actuelle. C’est du moins l’analyse de l’ancien ministre Dr Ousmane Sy.

«Régionalisation et gouvernance territoriale ». Voilà le thème développé ce samedi par Dr Ousmane Sy, ancien ministre malien de la Décentralisation. Expert des questions de gouvernance locale, il intervenait en tant que paneliste dans le cadre de la journée de réflexion que le parti l’Asma-CFP organisait sur le dialogue politique inclusif, dont les préparatifs sont en cours. L’une des voix les mieux indiquées en matière de décentralisation au Mali, M. Sy, dans son exposé, a d’emblée souligné que le Mali, comme beaucoup d’autres pays africains, est confronté à un certain nombre de défis internes et externes. Défis auxquels il est appelé à donner des réponses. Malheureusement, a regretté le conférencier, les Maliens sont confrontés à un immobilisme dû à deux facteurs : la faible intelligence stratégique et la faible intelligence historique. Conséquence : « Nous avons du mal à répondre à la mutation profonde dans notre pays », analyse Dr Sy, pour qui les crises sociopolitiques que le Mali a connues jusqu’ici sont la conséquence de cet immobilisme.

Il a ensuite estimé, sur le plan de la gouvernance, que le Mali s’est jusque-là contenté d’administrer ses territoires, sans les gouverner. Administrer, explique-t-il, c’est l’unilatéralisme alors que gouverner, c’est l’interaction. « De Bamako, on a décidé pour tout le pays. On a pris peu de temps à connaitre nos territoires pour en faire des instruments de travail. Nous avons eu beaucoup de mal à intégrer les territoires dans nos politiques publiques », analyse le conférencier.

Tout cela a eu pour conséquence une rupture profonde entre les communautés et les institutions. Ce, parce que beaucoup de Maliens ne se sentent pas concernés par une gouvernance à laquelle ils ne se sont pas associés. « Certes il y a une demande d’Etat, mais il y a aussi un rejet de la forme actuelle de l’Etat. C’est pourquoi il faut changer d’Etat », a suggéré Dr Ousmane Sy.

Régionalisation, un concept bien plus ancien

Selon le conférencier, la régionalisation au Mali, supposée contenir les germes de la division, est loin d’être un nouveau concept. « La régionalisation n’est pas une nouvelle réforme. Les premières études sur la régionalisation datent de 1994. Ce n’est pas quelque chose qui est lié à l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Il faut faire revivre les territoires à l’intérieur du Mali. Les territoires se vident. On est en train de les appauvrir. On ne peut pas parler d’unité nationale en continuant à appauvrir les territoires régionaux et locaux », estime-t-il. Deuxième du processus de décentralisation, la régionalisation devrait en effet faire suite à la phase de communalisation. C’est pourquoi, le ministre Sy a souhaité que soient relativisés « les discours un peu catastrophiques des gens qui ne prennent pas souvent le temps d’approfondir les choses ». Selon lui, la régionalisation est d’autant plus nécessaire aujourd’hui que les territoires ont été appauvris par le pouvoir central. « On a décentralisé le territoire, mais on a continué à maintenir l’Etat centralisé », regrette l’expert. Pour s’en convaincre davantage, il suffit d’analyser le Budget d’Etat, soutient-il, faisant remarquer que le Mali est encore loin des 30% des ressources budgétaires qui devaient alloués aux collectivités territoriales à l’horizon 2018.

Bakary SOGODOGO
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