L’armée malienne désarmée et cantonnée. En violation flagrante de l’accord préliminaire de Ouaga, la France a procédé au désarmement de l’armée malienne, condition sine qua none, unilatérale et humiliante pour son entrée à Kidal. Cette décision est d’autant plus incompréhensible qu’elle est prise sans consultation préalable de la Commission Technique Mixte chargée de la mise en œuvre de l’accord préliminaire. Cela sans qu’aucune voix ne se soit levée ni au sein de la CEDEAO, ni à l’UA ni aux Nations Unies, ni même au niveau de l’Etat malien, pourtant partie prenante de l’accord préliminaire et objet d’une telle décision préjudicielle.
Cette décision a fait suite à une autre plus grave et tout autant incompréhensible, qui a consisté à interdire aux colonels Dacko et Gamou l’accès à Kidal. L’armée est donc entrée enfin à Kidal en rasant les murs, encadrée, contrôlée et muselée par l’armée française qui a désormais du mal à cacher son triste jeu qui consiste à protèger les combattants du MNLA, un groupe armé rebelle et criminel, quoi qu’on essaie de nous en dire. Est ainsi créée une situation malheureuse qui sape le moral des troupes de l’armée malienne en encourageant la posture de défiance des rebelles du MNLA à l’encontre de la République du Mali. La présence de forces armées de belligérance (armée malienne et MNLA) est la conséquence des incohérences de l’accord préliminaire qui ne
dit nulle part (contrairement à ce que disent l’Etat malien et ses chargés de communication) que les groupes armés du MNLA doivent être désarmés.
Expulsion
En désarmant l’armée malienne de ses équipements lourds, la France se donne pour objectif caché d’équilibrer les capacités de feu entre les militaires maliens et les combattants du MNLA. Ce qui doit susciter des interrogations légitimes de la part des maliens, de tous les acteurs de cet accord et des observateurs avertis. Ne serait-ce qu’autour des actes graves de violation flagrante et systématique de deux points fondamentaux de l’accord, à savoir le désarmement de l’armée malienne et le non cantonnement des rebelles du MNLA. Si comme nous le pensons désormais, cette entrée de l’armée malienne obéit juste à un besoin pressant d’organiser l’élection présidentielle à Kidal, alors la vigilance doit être de mise car sa sortie « expulsion » de Kidal est plus qu’une simple hypothèse ou une banale éventualité, mais se décline en un objectif fondamental que la France s’évertuera à atteindre après les scrutins en cours d’organisation, dans le cadre d’une stratégie globale d’exécution d’un agenda encore caché pour des raisons de performance.
Le moment venu, la seule alternative qui s’offrira à l’armée malienne pour être digne de la nation et être au service de la République, c’est de ne point accepter de sortir de Kidal quels qu’en seront les raisons et les combinaisons avancées, quitte à souscrire au sacrifice suprême et ne surtout pas combattre, en se laissant massacrer avec honneur et dignité par l’armée française. Pour que nul n’en ignore et que la duplicité et les mensonges de l’Etat français soient connus et compris par ceux qui en doutaient encore. Après un tel incident qui est, du reste, inéluctable, le peuple malien se chargera de continuer avec détermination le combat contre l’occupation française auquel il ne se dérobera pas.
Tempête
En réalité, le pacifisme de façade qui a présidé au « déploiement » encadré et contrôlé de l’armée malienne sur une partie du territoire malien, n’est pas la paix et ne contribue pas à sa réalisation. Tous les indicateurs montrent que c’est le calme avant une mortelle tempête, car cette tragicomédie mise en scène par la France à laquelle nous assistons depuis le retrait de l’armée tchadienne de Kidal, aura immanquablement la violence comme épilogue. Les maliens doivent se préparer ou être préparés à cet épilogue qui n’attend que la fin des élections pour être déclenché. A moins que les maliens ne fassent le choix de la résignation criminelle et honteuse à la place d’une indignation légitime et honorable. De toute façon, la France sera tenue pour seule responsable de ce qui pourra arriver aux soldats maliens et africains déployés à Kidal et de l’éventualité de leur expulsion de cette zone ou de leur extermination. Cela ne pourra être imputé ni au MNLA, car ses combattants n’en ont pas les moyens même s’ils le voudraient, ni aux casques bleus dont la présence obéit à une demande et à l’agenda de la France et non à ceux du Mali.