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Marches citoyennes de protestations généralisées contre la mal gouvernance: Quelles conséquences pour le régime ?
Publié le jeudi 29 aout 2019  |  Le Carréfour
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© aBamako.com par A S
Le meeting de la plateforme An tè a bana
Le meeting de la plateforme An tè a bana a eu lieu le Samedi 19 Août 2017 à la bourse du Travail.
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Depuis quelque temps, les marches citoyennes de protestation ont commencé à travers le pays, pour dénoncer les injustices faites aux populations ou la mal gouvernance. Nous avons l’impression de voir venir la même atmosphère chargée d’électricité comme en 1991 sous le régime du Général Moussa Traoré. Au pays dogon, la détérioration de la situation sécuritaire est venue du fait que l’armée malienne a désarmé la milice Danna Ambassagou laissant le champ libre aux terroristes. Ces djihadistes continuent à opérer et à semer la terreur dans les villages dogons. D’où la marche pacifique du Conseil Local de la Jeunesse de Bandiagara, qui, par la voix de son président, Ankoundia dit Baba Napo, invite l’Etat malien à jouer rôle et assumer sa responsabilité celle des securiser les personnes et leurs biens.

« Nous rappelons à l’Etat son rôle,qu’il assume sa responsabilité. Nous ne pouvons pas continuer comme ça », a laissé entendre Baba Napo. un autre fait qui suscite la colère de la jeunesse de bandiagara, c’est le fait de désarmer une milice, danna ambassagou, tandis que les autres milices sévissent dans la zone sans s’inquiéter. Selonle président « si l’état est dans le désarmement, qu’il désarme toutes les milices sans exception. Nous ne pouvons pas admettre qu’il retire les armes à Danna Ambassagou pendant que les autres milices opèrent et continuent à semer la terreur dans les villages de Doundiourou, Djobolo, Pignari-Bana… qui ont été attaqués par les bandits armés après que l’armée malienne ait désarmé les combattants de DannaAmbassagou dans ces zones ». Cette marche a mobilisé un millier de jeunes.

A Tombouctou, la jeunesse a organisé une marche similaire, le mercredi 21 août 2019 pour dénoncer l’exclusion du tronçon TBT-BAKARA-KORIOME dans l’aménagement financé par la MINUSMA. La jeunesse trouve que cet état de fait est une injustice. Pour elle tous les quartiers sont égaux et doivent bénéficier des mêmes avantages. Selon les marcheurs,« faire une route de Tombouctou à l’aéroport et laisser la partie de Kabara est irresponsable et irrespectueux. » Pour vaincre l’injustice, la jeunesse a décidé de ne plus rester les bras croisés jusqu’à la satisfaction de leur revendication.

Après les marches citoyennes de protestation effectuées à Tombouctou, Bandiagara voilà que celle de Kayes vient d’atteindre son objectif de sensibilisation des populations. En effet, de Djidiéni à Diboli, la circulation a été totalement bloquée par les manifestants pendant toute la journée du vendredi.

Le 23 août 2019, un mouvement dénommé « Mouvement du 23 » a été créé pour protester contre la dégradation de la route appelée ‘’Route de l’enfer’’. Des ponts arrachés, une partie de la chaussée emportée par l’eau, des trous béants en plein milieu de la chaussée, des nids de poule innombrables, etc, tels sont les obstacles auxquels sont confrontés les usagers. L’état des routes en question entraîne avec lui un nombre inimaginable d’accidents de circulation très graves. Pour la réussite de ladite marche, l’appel a été largement relayé sur les réseaux sociaux afin que les ressortissants de la région expliquent leur motivation aux populations: « Nous avons décidé de bloquer toutes les voies d’accès aux régions de Koulikoro et de Kayes jusqu’à ce que la route nationale Bamako-Kayes soit réparée, que le train redémarre et que l’aéroport international Dag Dag soit opérationnel », a indiqué Mamedy Dioula Dramé, un activiste, natif de Kayes.

Par ailleurs, afin de renforcer la pression sur le pouvoir, un appel a été lancé aux populations de la région de Koulikoro pour une bonne réussite de la manifestation. C’est pourquoi les initiateurs ont joint ainsi à leur cause plusieurs personnalités des deux régions, y compris des officiels. Toutes les populations (les mouvements, les associations, les chroniqueurs, les artistes, les députés, les opérateurs économiques, les conseillers communaux…) de ces deux régions ont été invitées à s‘impliquer afin que la manifestation, ait une portée internationale.

Cette mobilisation, visait à protéger les intérêts de la population qui souffre depuis plusieurs années des conséquences de la dégradation avancée des voies de communication. La région de Kayes a besoin d’une route pour sécuriser nos vies, de trains pour sauver l’économie régionale, d’un aéroport fonctionnel pour faciliter la tâche à ceux qui ont accepté d’aller braver le froid, le désert afin d’envoyer quelque chose à leurs familles ».

Et pourtant le Gouvernement à travers le Ministre de l’équipement avait fait savoir qu’il y avait un budget disponible de 78 milliards pour commencer les travaux. Cette déclaration a été faite devant les députés à l’Assemblée Nationale. Où sont donc partis ces fonds ? Ont-ils suivi le même chemin que celui de l’achat des hélicoptères PUMA français ?

Notons que la ville de Gao s’apprête à emboiter le pas à Tombouctou, Bandiagara et Kayes le 31 août 2019 afin d’exiger du gouvernement, la reprise totale de la route Sévaré-Gao. Les habitants de Gao passent désormais par le Burkina et le Niger pour rejoindre Bamako. Cet axe routier est très important pour la survie des populations du nord du Mali. La société civile et les populations des régions de Gao et de Ménaka n’entendent plus rester les bras croisés pour voir mourir leurs villes. Chacun pense qu’il faut faire comme les rebelles de Kidal pour être royalement servi. Que Dieu sauve le Mali d’abord avant ma famille d’abord.

L’heure des beaux discours est dépassée. Les populations veulent désormais du concret. Combien de milliards ont été détournés en si peu de temps sous la gouvernance d’IBK ? On se demande si ceux qui ont dirigé ce pays de 2013 à maintenant, en avaient, ou en ont une connaissance suffisante, tant ils ont été surpris par le cours des évènements et ont lamentablement déçu le peuple. Et pourtant, ces dirigeants font partie de la crème de notre intelligentsia.

C’est vrai que, les peuples n’ont pas toujours les chefs qu’ils méritent. Ici, nous souscrivons pleinement aux déclarations de l’ancien Président américain, Barack Obama, lorsqu’il était encore Sénateur. Au terme d’une visite en Afrique, il se confiait aux journalistes en ces termes « l’Afrique ne fait pas honneur à son potentiel et beaucoup trop de ses dirigeants ne sont pas à la hauteur du génie de leurs peuples».

Il nous semble, et nous ne savons pas pourquoi, l’objectif premier d’une bonne partie des intellectuels maliens consiste à cultiver leurs jardins individuels, sans trop se soucier du jardin collectif, la chose publique. Pour eux, apprendre, c’est pour comprendre et agir pour soi. Peu de souci de rentabiliser collectivement l’investissement public consenti pour sa formation. Notre chère nation donne l’image du criquet qui se déchire lui-même l’abdomen. Le grand problème du Mali est celui de la gouvernance qui n’est ni plus ni moins qu’une défaillance de l’élite intellectuelle. On s’installe dans des « solutionnettes » et on affectionne le superflu au détriment de l’utile, de quoi donner des arguments aux porteurs de velléités malsaines et surtout sécessionnistes.

Chaque régime politique créé ses propres forces centrifuges pour l’éjecter. Le régime de l’Union Démocratique du Peuple Malien ne peut le démentir.Est-ce-que le pourrissement généralisé de la gouvernance d’IBK ne va-t-elle pas entrainer le peuple vers une révolution populaire ?

Badou S KOBA
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