Le climat social s’est fortement détérioré ces derniers temps à cause des manifestations des citoyens réclamant des droits les plus élémentaires en démocratie. Les manifestants sortis très nombreux dans certaines régions comme Tombouctou, Mopti, Kayes et Koulikoro. Ils ont réclamé entre autres le droit à des conditions de vie décente, à la santé, à l’éducation, à un environnement plus assaini et au développement harmonieux et sécurisé. Ce brusque regain de tension a fait voler en éclats la fragile stabilité consécutive à la mise en place d’un gouvernement de large ouverture.
L’on croyait voir enfin le bout du tunnel de la stabilité politico-sociale, après la signature par une bonne partie de la classe politique de l’Accord politique de gouvernance. C’était sans compter sur l’alarmante crise sociale latente qui couvait. Elle a fini par éclater au grand jour avec des mouvements de protestation un peu partout au Mali, mettant désormais en doute la capacité de la pléthorique équipe gouvernementale dirigée par le Docteur Boubou Cissé. L’espoir d’une accalmie sociale durable s’est envolé, avec lui, l’état de grâce qu’on accordait d’ordinaire aux premiers responsables quand ils sont nommés. Place est maintenant à la gestion du pays et ses problèmes, nous allions dire, et ses promesses électorales.
Pour rappel, il n’y a pas de nouvelles revendications de la part des manifestants, il n’y a que des promesses non tenues par l’Etat qui sont rappelées. Tombouctou a marché pour que le premier itinéraire choisi par les autorités pour faire la route et qui ne correspondait pas aux aspirations de la majorité des populations de la ville des 333 saints, soit modifié.
Quant à la région de Mopti, les populations réclament, et la route, et la sécurité et plus de présence de l’Etat. Pour la première région, à savoir Kayes, elle semble enfin se réveiller pour juste rappeler aux autorités le respect des engagements qu’elles ont pris lors de la dernière campagne pour les présidentielles en 2018. Qui ne se rappelle pas des propos tenus par le Président de la République lors de sa visite à Kayes, où la main sur le cœur, il a juré avoir obtenu de la Banque mondiale le financement de la réhabilitation du chemin de fer à hauteur de 300 millions de Dollars.
Que dire de la sortie médiatique de Mme la ministre des travaux publics affirmant avoir acquis 70 milliards pour la réhabilitation, ne serait-ce que d’une partie de la route de Kayes et pour laquelle route que le démarrage des travaux n’était qu’une question de jours ou de semaines. Les manifestants ont bloqué la route nationale pour rappeler aux autorités le respect de leurs engagements. Ils ont à leur menu la réhabilitation du chemin de fer, la mise en service de l’Aéroport de Kayes DAG-DAG et surtout la réfection de la route, poumon de l’économie du Mali.
En définitive, si les manifestants ont accepté de lever les barricades et libérer l’axe Kayes-Bamako, sur la base de la promesse du démarrage des travaux pour le 20 septembre, il n’en demeure pas moins qu’ils resteront vigilants et sur le qui-vive. La moindre faille entrainerait la révolte.