La distribution des cartes est en cours en France. Comme partout au Mali, les mêmes difficultés: des files d'attente interminables, la recherche laborieuse dans une pile de cartes. Des fois des noms figurent sur la liste mais il n'existe aucune carte correspondant. L’inverse existe aussi. Le Républicain a reçu cette importante contribution provenant d’un Malien de France, un connaisseur du dossier, qui donne le ton en France et décrit dans les détails près la situation d’impréparation d’une élection truffée d’insuffisances techniques. De ce fait des milliers d’électeurs maliens seront privés de leur droit de vote en France. Ils ne comprennent pas pourquoi ils ne peuvent pas voter; ils revendiquent leur droit conféré par la Constitution malienne. Et une grande marche se rendra devant l'Ambassade du Mali à Paris ce samedi 20 juillet, « pour dénoncer cette mascarade de la part de nos Autorités sous la houlette de la tutelle internationale; et pour exiger des cartes NINA pour tous les Maliens ». Lisez !
Le rythme commence à s'accélérer après que les partis politiques aient demandé l'affichage des listes afin que chaque électeur fasse la première étape et surtout vaque à ses occupations au cas où son nom n'y figurerait pas. Et des sauts d'humeur de non-inscrits commencent à se transformer en mouvement de mécontents. Peut-on être compréhensifs dans ce contexte ?
Les Maliens de France sont déçus par le fait que des dizaines de milliers ne sont pas inscrits sur les listes électorales. Et pourtant ils ont fait le nécessaire: l'enrôlement lors du RAVEC. Ces maliens de France vivent leur Kidal à eux !
Déjà lors de la réunion d'information des représentants des partis politiques, l'Ambassadeur Touré avait annoncé la couleur. Les chiffres des électeurs potentiels des différentes localités sont nettement en deçà des prévisions. Sur 80 000 enrôlés il n'y a que 25 000 électeurs potentiels retenus. L'assistance a été estomaquée en apprenant par exemple que dans le 13ème arrondissement de Paris il n'y a que 13 électeurs sur un nombre d'enrôlés qui avoisine 1500 personnes dans les 6 foyers de travailleurs à majorité des Maliens. Au foyer Bara, l'emblématique résidence des immigrés en France, les délégués et doyens ne décolèrent pas depuis qu'ils ont appris qu'il n'aurait que 14 électeurs sur 800 résidents et plus d'enrôlés. Leur surprise est d'autant plus grande que les équipes d'enrôlement du RAVEC ont passé plus de 2 semaines bichonnés et mis dans de bonnes conditions pour assurer l'inscription d'un plus grand nombre d'entre eux.
Cerise sur le gâteau la plupart des acteurs politiques et associatifs ne pourront pas voter, car leurs noms ne figurent pas sur les listes. Un certain "hasard" a fait que précisément ce sont ceux-là, qui ont battu le pavé pour défendre la paix et la démocratie au Mali durant 2012 et 2013, qui se voient priver de leur droit élémentaire, à cause de la précipitation qui s'impose à l'organisation de ces élections.
La colère des Maliens de France grandit de jour en jour et des réunions s'organisent pour envisager des dispositions pratiques pour exiger plus de justice. Car les Maliens de France n'entendent pas se sacrifier sur l'autel de la cohésion nationale, clamée par emphase à tous les coins de rue, dont ils sont convaincus qu'elle sera compromise si des élections se tiennent dans les conditions actuelles. Ils pensent aussi qu'il suffit d'un peu plus de temps pour éviter une autre crise de confiance entre les Maliens et leurs dirigeants mal élus.
La manière dont les choses se déroulent au niveau du MATCL, de la DGE et de la CENI frise le scandale; car l'opinion malienne assiste à des manipulations, tripatouillages des documents du vote, dans le seul but de tenir les délais. Du genre des listes électorales qui n'ont jamais été validées par la commission administrative comme prévue par la loi. A ce jour ceux qui disposent du sésame NINA en France ne savent où se situent leurs bureaux de vote. Donc aucune liste ne devrait émaner de la France avant la fin des opérations de distribution. Et pourtant..... Souvent l'administration locale est sommée de fournir quelque chose (liste électorale, liste des assesseurs, etc.): de l'approximatif pour ne pas dire du faux !
Election tropicalisée, République bananière
Il est avéré que tout cela se fait sous l'œil des autorités de tutelle que sont la France et les Nations Unies. Si ce n'est leur complicité comme à Kidal. Ces autorités semblent se soucier très peu du Mali, mais plutôt de la réaction de leur population qui s'interroge sur leur présence au Mali.
- La France voudrait-elle bichonner son opinion publique en poussant à la roue le gouvernement de Dioncounda à organiser une élection tropicalisée dans une République bananière ? Ce serait dommage pour Hollande de perdre le bénéficie de son action salutaire du 11 janvier dernier, qui avait réconcilié la France avec l'Afrique quasiment. Ce qui se dessine assez clairement dans les milieux africains depuis ces trois derniers mois s'apparente à une désillusion sur un possible changement dans la coopération Afrique-France. On ose toujours espérer la mort de la françafrique !
- La dernière déclaration de Ban KI-MOON sur le Mali est assez révélatrice d'un certain mépris des grands de ce monde envers notre Peuple et notre Pays: ce sera du bidon, mais contentez-vous de ce que vous méritez ! a dit en quelque sorte le Secrétaire général de l'ONU. Celui-ci ne savait même pas qu'il existe déjà depuis plus de 2 mois une commission dialogue et réconciliation au Mali. Tout cela ne les intéresse pas. Alors que l'on ne nous demande de faire preuve de patriotisme ou de pacifisme ! Ce n'est pas le sujet.
C'est à cause de tout cela que la résistance des Maliens de France continue. Car nous ne comprenons pas pourquoi nous ne pouvons pas voter; nous revendiquons notre droit conféré par la Constitution malienne. Et une grande marche se rendra devant l'Ambassade du Mali à Paris ce samedi 20 juillet à 13h30 pour dénoncer cette mascarade de la part de nos Autorités sous la houlette de la tutelle internationale; et pour exiger des cartes NINA pour tous les Maliens.
M Cissé, Paris