Comme annoncé, le gouvernement de transition a décidé mardi 12 juin de créer une nouvelle instance pour les militaires du Comité national de redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat. Il s’agit avant tout de faire place aux membres de la junte qui avait renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré. Il s’agit sans nul doute d’une légalisation du CNRDRE dont la dissolution a été exigée par la communauté internationale.
Il est baptisé Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité. Sa mission : équiper l'armée malienne, la moderniser, redonner le moral aux troupes, pour faire face aux différents groupes armés qui occupent aujourd'hui le nord du Mali. Et si le projet de loi est adopté par l'Assemblée nationale et ensuite promulgué, ce Comité absorbera notamment l'actuel Comité national pour le redressement de la démocratie et de la restauration de l'Etat (CNRDRE).
En clair, d'ex-putschistes basés aujourd'hui à Kati seront intégrés au sein du Comité militaire, comme le prévoit l'accord-cadre d’Ouagadougou. Mais même placés sous l'autorité du président de la transition, plusieurs questions demeurent : quel sera leur véritable pouvoir ; comment éviter à court et moyen terme un bicéphalisme à la tête de l'Etat ? Pas de réponse précise pour le moment, mais le constat est là : les anciens putschistes restent des acteurs de la transition.
Retrait du statut d’ancien président au capitaine Amadou Haya Sanogo :
Ce qu’en pensent les Maliens
Moussa Camara, Commerçant
"La Communauté économique des états d’Afrique de l’ouest(CEDEAO) veut créer d’autres problèmes au Mali car en agissant ainsi le Mali ne fait que perdre du temps pour libérer ses régions nord. On ne va pas avancer, parce que les membres du CNRDRE ne vont jamais l’accepter".
Mohamed Maïga, Commerçant
"Non la CEDEAO a trahit le capitaine Sanogo. Je n’arrive pas à comprendre le processus de la CEDEAO. Ceux sont des traitres".
Souleymane Koné, Etudiant
"Il n’en est question de retrait d’ancien statut. C’est un accord qui a été signé entre le CNRDRE et la CEDEAO. Rien ne peut mettre cet accord en cause. Sanogo ne va jamais accepter cette décision unilatérale de leur part. Si jamais, la communauté internationale plus précisément la Cédéao décide de faire cet acte, le CNRDRE va prendre ses responsabilités. C'est-à-dire la reprise du pouvoir".
Bourama Koné, Etudiant : " Sanogo ne mérite pas le statut d’ancien président".
"Sanogo ne mérite pas le statut d’ancien président. C’est lui qui a provoqué la tombée des 3 régions du nord : Kidal, Tombouctou, et Gao à travers son coup d’État, qui n’a rien apporté jusqu’à présent au Mali. Voyez-vous, nous sommes là en train d’étudier dans des conditions difficiles. On n’arrive pas à recevoir notre bourse, les professeurs ne viennent plus régulièrement, il y a trop de problèmes".
Oumar Sidibé, Etudiant : "Je pense que c’est Sanogo qui dirige le gouvernement de Diarra"
"La dissolution du CNRDRE est synonyme de celui du gouvernement en place, car c’est la junte qui a proposé ce gouvernement. Raison pour laquelle on voit toujours le chef du gouvernement, Cheick Modibo Diarra, se rendre à Kati chez Sanogo. Je pense que c’est Sanogo qui dirige le gouvernement de Diarra".
Oumou Traoré, Fonctionnaire : "Je pense que la Cédéao avait mal négocié avec le CNRDRE…"
"Je pense que la Cédéao avait mal négocié avec le CNRDRE, en donnant le statut d’ancien chef d’Etat à Sanogo. Cela va engendrer une confusion au sein de leur groupe (des militaires). Qu’est-ce que les autres vont en devenir ? Eux aussi vont réclamer quelque chose. Le fait de retirer son statut est une bonne chose".
Ousmane Dembélé, Fonctionnaire : "…pas normal d’octroyer un statut d’ancien chef d’Etat à un soldat".
"Octroyer le statut d’ancien chef d’Etat à un soldat putschiste n’est pas une chose normale car cela va encourager d’autres à faire la même chose. Parce que c’est un moyen d’obtenir automatiquement tous les privilèges qu’un ancien président démocratiquement élu bénéficie".