Il n’est pas nécessaire de cacher une réalité palpable qui, elle-même, au fil des heures et jours, se dévoilera aux yeux curieusement ouverts des populations. C’est à partir de l’extérieur, comme d’habitude, que notre très cher clément président de la république par intérim porteur de longue écharpe encombrante, Dioncounda Traoré, a déclaré que l’élection présidentielle se tiendra au Mali, sur toute l’étendue du territoire, les 07 et 28 juillet 2013.
Quelques mois plus tard, notre président intérimaire, prof de mathématique, s’est rendu compte d’avoir fait un mauvais calcul de date par rapport à la résolution des problèmes qui bloquent sa promesse. C’est normal, tout le monde peut se tromper de date et reporter un évènement. Ainsi, à défaut de pouvoir choisir le dernier trimestre de cette année face au président français, François Hollande, qui s’est dit « intraitable » sur la tenue de la présidentielle malienne en juillet, Dioncounda Traoré s’est rabattu sur sa seconde date électorale du 28 juillet. C’est par la nécessité de respecter cet échéancier que notre Dioncounda national, intérimaire, a accepté de faire signer un accord hypothéqué le 18 juin dernier à Ouagadougou entre le Mali est ses enfants gâtés et armés qui prennent Kidal, huitième région malienne, par la gorge depuis plus d’un an. C’est dans ce contexte que Dioncounda procéda à l’ouverture officielle de la campagne électorale le 07 juillet en faisant espérer les candidats à la présidentielle et les populations que l’Armée et l’Administration maliennes seront à Kidal pour y assurer le déroulement des votes. De retour à Kidal sous encadrement des militaires français, notre Armée nationale et leurs supporteurs ont été victimes d’agression et d’humiliation de la part des bandits déguisés hostiles à leur présence. Cela sous le regard des militaires de François Hollande.
La chaine de télévision nationale, l’ORTM, a récemment diffusé une explosion de joie d’une foule qui accueillait un contingent de militaires maliens entrant dans la ville de Kidal jadis interdite à l’armée nationale par le tandem bandits armés et militaires français. Cette expression de fierté fut de courte durée quand une autre foule, infiltrée par des bandits non encore désarmés ni cantonnés, a protesté contre ce retour de l’armée par des jets de cailloux. Cette foule belliqueuse a abimé 3 véhicules de l’Armée et agressé gravement des dizaines de personnes de teint noir qui se sont réfugiées au camp militaire. Elles ont été victime d’une telle agression pour avoir seulement manifesté avec allégresse leur fierté d’être malien et malienne.
Malgré cette triste et criarde réalité à Kidal, notre très cher clément président par intérim porteur d’écharpe encombrante a dit le contraire de la vérité dans son discours à la nation titré : « LE RECOUVREMENT DE L’INTEGRITE TERRITORIALE EST EFFECTIF » au lendemain de l’ouverture des campagnes en ces termes :
« Chers compatriotes,
Nos troupes sont entrées à Kidal depuis le vendredi 5 juillet, marquant ainsi l’aboutissement du processus qui devait nous conduire au rétablissement de l’intégrité de notre territoire et de notre souveraineté sur l’ensemble du pays…je puisse m’adresser à vous et vous dire que notre pays est entièrement libéré et que désormais nous devons quitter nos peurs et nos angoisses pour parler de nos espoirs et de nos opportunités.
« …Cet accord rétablit et renforce notre souveraineté sur chaque centimètre carré de notre territoire pour que s’y exerce l’autorité d’une République laïque et unie, sous le drapeau vert, or et rouge du Mali, à côté d’une belle devise que nous devons nous rappeler chaque matin » : Un Peuple, Un But, Une Foi .
Non, non, notre très cher clément président par intérim, un homme clément ne ment pas à son peuple sur les réalités surtout à une telle phase cruciale de son devenir momentanément confisqué. Vous savez bien, mieux que quiconque, les conditions dans lesquelles se trouve notre Armée nationale à Kidal. Vous savez pertinemment aussi qu’aucun représentant de l’Administration malienne n’est fonctionnel dans notre huitième région. Vous n’ignorez pas non plus que jusqu’à ce neuvième jour de l’ouverture de la campagne aucun candidat, parmi les 28 officialisés, n’a pu mettre pieds à Kidal pour séduire les électeurs de cette huitième région malienne.
Sachant pertinemment que pendant les 12 jours qui nous séparent du scrutin du 28 juillet, Kidal ne pourrait voter dans sa totalité, mieux vaut préparer moralement les candidats et électeurs à cette éventualité.
Notre très cher chef d’état, dites le vrai état des lieux, avec courage, aux maliens et maliennes qui sont encore inquiets.
Lacine Diawara, Option