Un nouveau bureau de l’Assemblée nationale verra le jour à partir du 11 août prochain. Ainsi en a décidé la conférence des présidents de groupes parlementaires au grand dam de l’URD qui croyait l’affaire déjà dans son escarcelle.
Après le retentissant arrêt de la Cour constitutionnelle, rendu le vendredi 8 juin 2012, les concertations étaient en cours à l’Assemblée nationale pour voir si oui ou non il fallait procéder à un renouvellement du bureau dans la perspective de la transition et compte tenu du fait que le titulaire du perchoir, Pr. Dioncounda Traoré, a été investi président de la République le 12 avril dernier. Surtout que même si cette Cour constitutionnelle dans son arrêt constate une non-vacance et une non-incompatibilité du poste, elle admet que le parlement n’est pas forcément lié à son avis. L’arrêt des juges constitutionnels confère par ordre de préséance le fauteuil au 1er vice-président de l’Assemblée nationale et président de l’Union pour la République et la Démocratie (URD), Younoussi Touré à titre intérimaire.
Il faut dire que cet avis de la Cour constitutionnelle a été diversement perçu au parlement. Beaucoup de députés, dont ceux de l’Adéma/PASJ voient derrière un tel arrêt une manipulation politicienne qui ne dit pas son nom. Ils indiquent que cette décision des juges constitutionnels est inexplicable et n’a pas été rendue dans les règles de l’art. Ils indiquent qu’au lieu que l’arrêt soit envoyé à l’institution parlementaire, c’est plutôt au 1er vice-président, Younoussi Touré qu’il a été personnellement adressé et que le même Younoussi avait saisi la Cour d’une manière unilatérale sur la question. D’autres élus nationaux vont plus loin en évoquant des accointances politiques du président de l’institution constitutionnelle, Amady Tamba Kéita, avec l’URD. Il est même dit que le président de la Cour constitutionnelle milite au sein de la formation politique de Soumaïla Cissé. On ne s’empêche pas de souligner que le sieur Amady Tamba Kéita fut le chef de cabinet de Soumaïla Cissé, alors ministre de son Etat.
C’est donc compte tenu de tous ces paramètres que le doute subsiste dans les esprits des parlementaires au sujet de l’objectivité d’un tel arrêt. Quoiqu’il en soit, l’Adéma qui se voit visé par ledit arrêt ne veut pas se laisser faire. Elle aura tout fait pour qu’à la conférence des présidents des groupes parlementaires, l’URD soit mise en minorité. Et c’est ce qui a été fait. A l’issue des concertations, cette conférence a donc souverainement décidé du renouvellement du bureau à partir du 11 août 2012. L’actuel mandat des élus nationaux s’achève le 10 août prochain mais puisqu’il a été prolongé d’une année suite à l’accord-cadre, cela devrait consacrer le renouvellement du bureau, assure-t-on du côté des Ruchers. En tout cas, Me Kassoum Tapo que nous avons rencontré hier s’est voulu clair : « la manipulation et le chantage de l’URD ne marcheront pas ». Pour l’élu de Mopti, si le parti de Soumaïla Cissé s’entête dans sa surenchère, il risquera de tout perdre, à l’image du RPM en 2005. « De toutes les façons, l’Assemblée aura un nouveau président et un nouveau bureau à partir du 11 août. C’est une décision souveraine venant de la conférence des groupes parlementaires ».
Pour rappel, l’Adéma et l’URD, qui sont deux alliés au parlement depuis 2007, se disputent le perchoir. L’URD voudrait que son président et également 1er vice-président de l’Assemblée nationale, Younoussi Touré, acquiert le perchoir laissé vacant par Dioncounda Traoré. Elle estime que l’Adéma en a assez eu (Présidences de la République et du Haut conseil des Collectivités locales) pour au moins lui concéder ça. Dans le cas échéant, le parti de Soumaïla Cissé menace de quitter purement et simplement et le bureau de l’Assemblée nationale et le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FDR). Du côté de l’Adéma, on s’étonne d’une telle attitude et indique qu’un accord est établi entre les deux partis depuis 2007, dans lequel il est dit que le perchoir revient à l’Adéma.
Mieux, avance-t-on du côté de Bamako-Coura, dans le bureau de l’Assemblée nationale, l’URD avec ses 27 députés s’est taillée une quinzaine de postes contre une douzaine pour l’Adéma, qui compte pourtant 53 honorables. L’Adéma dit même s’être départie de certains postes au profit d’autres alliés. Ce n’est pas tout, car, les Abeilles enseignent que partout où les deux partis étaient en alliance et que décès est survenu en cours de mandat du côté des Unionistes, les Ruchers se sont abstenus de présenter un candidat pour la succession et ont toujours soutenu le nouveau prétendant du parti de la poignée de mains. On cite les cas de Goundam et de Kati. Cette fois-ci l’Adéma, dont le candidat pourrait être Me Kassoum Tapo, ne veut pas céder au chantage.