A la télévision nationale, le mercredi 4 septembre 2019, Alpha Condé a déclaré avoir demandé à son Premier ministre de mener des « consultations » auprès des partis politiques, des institutions, des syndicats et de la société civile en vue de proposer une nouvelle Constitution.
L’annonce n’a surpris personne en réalité car, depuis des mois déjà, cette question revenait de façon récurrente chez les partisans du pouvoir en place. Sauf que, au sein de l’opposition guinéenne et de la société civile, la perspective de doter le pays d’une nouvelle Loi fondamentale n’est pas à l’ordre du jour. Et que n’est tout juste qu’un prétexte pour mettre le compteur constitutionnel à zéro afin que le Chef de l’Etat puisse briguer un troisième mandat consécutif. Ce que ne lui permettent pas les dispositions de l’actuelle Constitution qui limite le mandat à deux.
C’est pourquoi à l’issue de sa réunion interne vendredi dernier, le Front National de Défense de la Constitution (FNDC) déclare qu’ ‘’Il n’y aura ni consultation ni référendum ni troisième mandat’’. Quand Cellou Dalein Diallo, le Chef de file de l’opposition, clame qu’’’Il n’y a pas de débat autour du changement de Constitution’’, arguant qu’en Guinée ‘’On a une Constitution qui permet l’exercice des libertés, qui permet l’alternance. On peut faire des révisions. Toutes les autres dispositions sont révisables, sauf le nombre et la durée des mandats. On comprend pourquoi il le fait : c’est pour s’éterniser au pouvoir’’.
De toute façon, les principales organisations guinéennes de défense des droits de l’homme avaient, depuis mai, exprimé leur désaccord total avec le projet de nouvelle Constitution qui risque, selon elles, de déstabiliser le pays et de provoquer de nouvelles violences. Ce qui est loin d’être improbable car, il y aura forcément des manifestations qui seront réprimées par des forces de l’ordre. Les échauffourées pourraient occasionner des morts d’hommes et des blessés, en plus des dégâts matériels qui pèseront sur le développement économique et la cohésion sociale de la Guinée.
Ce dont le pays n’a nullement besoin. Qu’Alpha laisse le soin à la génération future de corriger les lacunes des textes constitutionnels (si jamais elles existent) et accepte à la fin de son mandat s’en aller. La Guinée et l’Afrique ont surtout besoin d’Institutions fortes non sujettes à des modifications d’humeur que d’hommes providentiels. Nous osons croire qu’il n’est pas en train de penser qu’il est devenu indispensable à son pays ! Le mieux à faire, c’est de remettre dans le placard son projet de Constitution qui ne pourrait que mener son cher pays à la dérive !