Quand le vent de la Baule a soufflé sur le continent dans les années 90, les populations ont massivement soutenu les mouvements d’insurrection visant l’instauration de la démocratie dans les pays dirigés par les partis uniques symboles de la dictature.
Plus de vingt ans après l’instauration de la démocratie dans de nombreux pays du continent, la déception demeure le sentiment dominant au sein de la population à cause de la persistance des anciennes pratiques héritées pour la plupart des dictatures dont la violation des droits humains, la corruption, l’impunité entre autres. Pour la population qui pensait que démocratie rimait avec Etat de droit, la désillusion est totale. Les cours et tribunaux, l’administration publique, la gestion des ressources et la gouvernance de façon générale fonctionnent avec les mêmes travers et déviations comme sous les dictatures sur fond de manipulation et de brouillage de l’opinion nationale. Pouvait-il en être autrement quand on sait que la plupart des animateurs de la scène politique sont d’anciens dictateurs reconvertis nostalgiques d’un passé révolu ? Au fil des ans, dans de nombreux pays comme le nôtre, la démocratie a été vidée de sa substance par les démocrates par défaut, avec la complicité passive des acteurs des mouvements démocratiques. On ne parle plus d’instauration d’un état de droit et de la transparence de la gouvernance que pour faire grimper l’applaudimètre ou pour se donner bonne conscience.
La lenteur des procédures judiciaires relatives aux violations des droits humains et crimes crapuleux, le silence observé par les autorités face à l’amplification de la corruption et des détournements de derniers publics sont des indicateurs qui attestent toute l’ambigüité qu’entretiennent les démocrates avec l’état de droit. Aujourd’hui, sans exagération aucune, on peut dire que tout se vend et tout s’achète sans exception. Adeptes pour la plupart à l’application sélective des lois, les démocrates sont parvenus à réduire la démocratie à une banale querelle de chiffonniers afin d’accéder aux hautes fonctions pour se mettre à l’abri de la précarité. Dans les vielles démocraties, le flux migratoire a révélé au reste du monde le vrai visage des donneurs de leçon qui, laissant tomber les masques s’essuient les pieds sur les droits humanitaires et la justice en usant des moyens dignes des dictatures les plus féroces. Construction de murs, blocage de bateaux en pleine mer, mutisme devant les traitements aussi dégradants qu’inhumains sur fond de déclarations honteuses. « La France ne peut pas accueillir toutes les misères du monde », « L’Afrique, ce pays de merde ». Au regard de ces deux déclarations, on peine à croire qu’il s’agit d’être humain contraint à l’exil à cause des difficultés engendrées par l’action des démocrates et de leurs acolytes. Aujourd’hui, il n’est point besoin de démontrer que la démocratie n’est qu’un outil de domination d’une minorité qui s’arroge le monopole de la justice et le droit aussi bien en Afrique qu’ailleurs.