L’image du candidat Ibrahim Boubacar Kéita doublée de celle de Soumeylou Boubèye Maïga, à la télévision, expliquant le volet sécuritaire du programme du Rpm et de ses alliés a effectivement de quoi faire douter leurs adversaires. D’autant plus que le Rassemblement pour le Mali est implanté dans l’ensemble du pays. Malgré tout, ces atouts suffisent-ils pour atteindre la barre des 50% +1 d’électeurs dès le premier tour ? D’autres candidats du paysage politique ont aussi des potentialités certaines. Ce qui leur donne la possibilité d’engranger un certain nombre de voix au premier tour. De ce fait, leurs partisans aussi crient au « takokélén ». Dramane
Dembélé dispose du poids du parti politique le plus implanté dans l’ensemble du territoire national. En effet, l’Adéma-Pasj est le parti majoritaire dans les plus grandes institutions du pays depuis 1992. Il peut aussi compter sur la bataille que mènent les structures du Parti africain pour la solidarité et la justice et sur le soutien moral, dit-on, de l’ancien président de la République, Alpha Oumar Konaré. Le jour où l’ancien chef d’Etat, inaugurant le Cybercafé du centre Aoua Kéita, prévoyait d’installer l’Internet dans les 703 communes du Mali, beaucoup de Maliens avaient dit : « Alpha a encore parlé ». Ce sont ces individus qui disent aujourd’hui : « Alpha, quel visionnaire ! »
Le deuxième parti, de par le nombre de ses élus, demeure l’Union pour la République et la démocratie qui présente le candidat Soumaïla Cissé. Faut-il rappeler que s’il n’a pas gagné l’élection présidentielle de 2002, c’est parce que le regroupement Espoir 2002 ne l’avait pas soutenu au second tour. Ce technocrate peut toutefois compter sur ses relations internationales, en l’occurrence, l’appui des Libéraux. Il est donc crédité d’un pourcentage conséquent de votes favorables dès le premier tour.
La confiance inspirée par Modibo Sidibé aux différents pouvoirs de la démocratie pluraliste du pays, mérite toute la réflexion des observateurs. Sa longévité dans les institutions de la République fait de lui un homme d’envergure qui a pu tisser un réseau de personnalités acquis à sa cause.
Tiébilé Dramé, comme Mountaga Tall, personnalités politiques de niveau intellectuel respectable, sont des figures marquantes du mouvement démocratique. Ils ne sont pas novices, car, c’est depuis qu’ils étaient étudiants qu’ils ont commencé à se battre en politique. Ils ont, tous les deux, la particularité de se situer régulièrement dans le peloton de tête des votes de nos concitoyens sans toutefois atteindre les sommets. Si aujourd’hui, pour mieux assurer sa crédibilité politique, Me Mountaga Tall doit absolument se défaire de ses adversaires qui le talonnent au niveau judiciaire, désormais, le sort politique de Tiébilé Dramé est en partie lié à celui de l’Accord de Ouagadougou pour lequel il s’est bravement battu. Il continue d’ailleurs de se battre pour des élections transparentes.
Soumana Sacko est presque le champion des sondages du Web. Toujours-est-il que sa rigueur continue de séduire l’électorat qui réclame la bonne gouvernance et la justice. Le candidat Soumana Sacko pourrait même faire figure de grand favori si son parti disposait de structures bien implantées dans l’ensemble du territoire national et d’une base qui lui servirait de fief. N’oublions pas que Moussa Mara a fait trébucher le grand IBK, lors des dernières législatives en commune IV du district de Bamako. Cela signifie qu’il dispose d’une audience certaine, notamment au sein de la jeunesse. La popularité de Cheick Modibo Diarra ne fait l’ombre d’aucun doute. Il lui faudrait pourtant convaincre qu’il a le talent d’un
rassembleur. Une bonne technique de communication lui serait d’un bon support auprès des Maliens qui attendent de lui beaucoup d’explications après son passage controversé à la Primature.
Ces seules perspectives du suffrage – sans parler de Housséini Amion Guindo, jeune candidat des Pur et des autres qui battent campagne de manière civilisée- montrent à suffisance comment le vote des électeurs peut se faire de manière éparpillée le 28 juillet prochain, empêchant tout candidat de rassembler plus de 50% des voix favorables dans un pays à bas taux de participation. De ce fait, aucun candidat ne pourrait gagner dès le premier tour.
Fatoma Ballo