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Le mensonge comme mode de gouvernance
Publié le jeudi 12 septembre 2019  |  Nouvelle Libération
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© aBamako.com par AS
Le premier conseil de cabinet de Boubou Cissé
Le premier ministre Boubou Cissé a président son premier conseil de cabinet le lundi 6 Mai 2019.
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Dans notre pays, depuis quelques années, en plus du pilotage à vue, le seul mode de gouvernance qu’on a trouvé, la seule manière de faire croire qu’on dénoue les problèmes, c’est le mensonge.


La quasi-totalité des dirigeants mentent. Les directeurs de services mentent, les députés mentent, les ministres mentent, même le président de la République raconte, souvent, des contrevérités.

Tenez, par exemple, il a dit lui-même chez nos confrères de Jeune Afrique, le 1er juillet 2019 : «Lorsque j’ai été élu pour mon premier mandat, en 2013, il n’y avait aucun appareil en état de voler. Depuis, nous avons acquis auprès de la France un transport de troupe Casa et deux hélicoptères Puma-lesquels, hélas, sont encore cloués au sol faute de maintenance appropriée…».

Voilà ce que le même président déclare, un peu plus de deux mois après, sur les ondes de la télévision nationale, à l’occasion du premier anniversaire de son second et dernier mandat : «… C’est moi qui ai parlé d’hélicoptères cloués au sol (…) C’est un hélicoptère, un hélicoptère qui a posé problème dès l’abord. C’est en examen et les conséquences en seront tirées…. Dire que tous les hélicoptères sont cloués, que nous aurions fait de mauvais achats. Non, soyons dans la mesure (…) Pour ces questions-là de gestion, de gabegie, je suis à l’aise…».

C’est véritablement à ne rien comprendre. S’agit-il de la même affaire d’hélicoptères ? Nous nous permettrons d’en douter et tous nos lecteurs avec. Finalement, de combien d’hélicoptères «cloués au sol» disposons-nous ? Pourquoi le président, lui-même, parle de deux et d’un hélicoptère ? Lui, sur qui nous fondions tous nos espoirs pour que justice soit faite dans le cadre de cette affaire.

Aussi, nous ne cesserons jamais de le rappeler, ce n’est pas le président de la République qui a été le premier à mettre cette affaire au goût du jour, mais le chef d’état-major général des Armées d’alors, le Général Souleymane Bamba. Ce qui lui vaut d’ailleurs tous les mauvais traitements qu’il subit à l’heure actuelle.

Si ça ne tenait qu’au président de la République, ce scandale, de même que tous les précédents, n’allait jamais éclater au grand jour car, impliquant des proches parmi ses proches et cela est connu de lui et de tous.

Le président de la République, en réalité, n’a eu le courage de parler de cette affaire d’hélicoptères cloués au sol, avant son fils de député, que quand il a été blessé dans son amour propre à travers son transport par la Minusma sur les lieux du massacre d’Ogossagou. Il était obligé de se conformer, ce jour-là, au timing de l’organisation onusienne. Lui qui croit être le centre du monde auquel tout le monde ne doit que respect, allégeance et obéissance.

En plus de toutes ces contre-vérités, ce qui est plus inquiétant, venant d’IBK, c’est le fait qu’on a l’impression qu’il commence à banaliser cette affaire. Il trouve que «c’est juste un hélicoptère» et veut nous faire croire que tout est mis en œuvre dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie et de travail des militaires. On se croirait dans un autre monde.

Alassane Touré/enseignant

Source : Nouvelle Libération
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