La situation inconfortable qu’impose le statut ambigu de Kidal (ni indépendant ni sous le contrôle du pouvoir central malien) ne fait pas mal qu’aux Maliens. Ce statut de Kidal est source de malheur pour les voisins du Mali, pour la sous région et au-delà. Kidal ne doit pas continuer de faire peur à Bamako, encore moins au Niamey et aux Etats de la Cedeao. C’est de Kidal, région aux contours inconnus et non maitrisés que se nouent les équations sinueuses de la terreur contre les armées régulières du Mali, du Niger et pourquoi pas des forces onusiennes. Il urge que la souveraineté de l’Etat malien à travers ses représentants légaux s’exerce sur cette région, condition sine qua non du retour de la paix dans la sous région.
Au cours de la visite d’amitié et de travail qu’il a effectué au Mali, le samedi 7 septembre 2019, le Président de la République du Niger, Mahamadou Issoufou a animé une conférence de presse avec son homologue malien, où il a affirmé que le statut de Kidal, toujours aux mains d’ex-rebelles, est une menace pour le Niger et que des actes terroristes sont parfois commis avec la complicité de certains signataires de l’accord de paix d’Alger.
Sous la médiation l’Algérie et de la communauté internationale, le gouvernement malien a signé l’accord de paix en 2015, avec des ex-rebelles du MNLA et du HCUA regroupés au sein de la CMA. En plus de ces groupes armés, qui ont signé l’intégrité territoriale du Mali, l’unité du Mali et l’exercice de la souveraineté de l’Etat malien sur l’ensemble de son territoire (dont l’ensemble des régions du nord qui avaient fait l’objet de revendication irrédentistes de la part des rebelles), des groupes pro-gouvernementaux sont parties à l’accord.
Avant le Président nigérien, d’autres voix, celles d’autorité militaire française, ou de missions onusiennes d’enquêtes sur le retard de la mise en œuvre de l’accord d’Alger, étaient parvenues à la conclusion de l’effectivité d’alliances, de système de « vases communicants » entre des signataires de l’accord et des groupes djihadistes et trafiquants de stupéfiants. Le bastion des signataires de l’accord, la CMA (Mnla, Hcua) n’est ailleurs que Kidal. Le Président nigérien, Mahamadou Issoufou, est sans ambages : « Le statut de Kidal est une menace pour la sécurité intérieure du Niger. Et en plus, nous constatons, avec beaucoup de regrets, qu’il y a des mouvements signataires des accords de paix d’Alger qui ont une position ambigüe et qu’il y a des mouvements signataires des accords de paix d’Alger qui sont de connivence avec les terroristes. Nous ne pouvons plus l’admettre», a déclaré le Président nigérien d’un ton martial.
Le 14 mai 2019, 28 soldats nigériens ont péri dans une attaque terroriste. Cet acte de terreur a été revendiqué par le groupe État islamique dans le grand Sahara, le 4 juillet à la veille du sommet de Niamey pour le lancement de la Zlec. Le 1er juillet, un camp militaire nigérien avait été attaqué par deux véhicules kamikazes appuyés par des bandits à motos, dans la zone d’Inates (ouest), près de la frontière avec le Mali. Dans la mouvance du 33ème sommet de l’UA à Niamey, le Président Mahamadou Issoufou en a été fort harcelé et accablé par les terroristes. La rencontre des chefs d’Etat et de gouvernement s’est tenue sous haute surveillance, dominé autant par le sécuritaire que par l’économique.
Le constat de Mahamadou Issoufou qu’il y a des mouvements signataires de l’accord de paix d’Alger qui ont une position ambigüe est déjà un sentier battu depuis l’interview d’IBK accordée à Jeune Afrique, où il s’indigne de certains responsables des Groupes armés, dénonçant leur double jeu : « venir Prendre des sous à Bamako et au retour à Kidal, ils continuent d’exhiber le drapeau de l’Azawad ».
Les Présidents ivoirien et sénégalais étaient entrés dans la danse exprimant leur crainte d’une extension certaine du terrorisme hors des pays du champ (Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Niger, Tchad). C’est pourquoi, ils ont souhaité un élargissement du G5 Sahel non seulement aux Etats du Sénégal et la Côte d’Ivoire, mais aussi à tous les Etats de la Cedeao.
Selon certains analystes, le Président IBK pourrait faire prospérer l’équation kidaloise lors du prochain Sommet de la Cedeao. « Nanti d’un allié, le président Keita pourrait à loisir imposer le sujet au cours des rendez-vous diplomatiques qui pointent à l’horizon. Le sommet de la Cedeao prévu à Ouagadougou le 14 septembre prochain est une occasion pour inscrire le dossier Kidal dans l’agenda de l’organisation régionale », écrit notre confrère de l’Essor. Cela tombe à point nommé car ce sommet sera consacré à la perspective de l’élargissement du G5 Sahel à tous les pays de la Cedeao ainsi qu’au Cameroun. Porté par l’organisation régionale ouest-africaine, l’épineux dossier de Kidal retiendra sûrement l’attention des grands de ce monde lors de la prochaine assemblée générale de l’ONU à la fin du mois, indique le confère de l’Essor. En tout cas le président malien s’est toujours évertué à dire que, « Le Mali est une digue, si elle rompt, l’Europe sera submergée ». Ce sommet sera peut-être l’occasion pour ses pairs de lui prêter une oreille attentive. Attendons de voir.