Le temps donne raison aux rédacteurs de l’étude Mali 2025. En 2000, les plus hautes autorités du Mali approuvaient « L’Etude nationale Prospective 2025 », la formulation d’une vision à long terme du développement national. En lisant et relisant les lignes de cette étude, l’on se rend compte que le diagnostic des maux dont souffrait la République du Mali avait été posé depuis presque vingt ans. En voici quelques extraits.
Canal Plus
« De nos jours de grosses incertitudes planent sur le devenir des choix opérés et du rôle que pourraient jouer les institutions de l’Etat eu égard aux différentes revendications corporatives et partisanes, l’insécurité de plus en plus grandissante… ».
«… Quant à l’armée, occupée à sauvegarder les intérêts de la minorité au pouvoir, elle n’est pas en mesure de garantir la sécurité au niveau des frontières. Il s’y développe des trafics de toutes sortes et on note des velléités de rébellion. A l’intérieur du pays, la pauvreté généralisée, la frustration, la montée des intolérances, et l’injustice entrainent le développement du grand banditisme ».
‘’Chacun pour soi’
« Au niveau social, les valeurs fondamentales qui ont servi à structurer la société ne sont plus assez fortes et ne constituent plus de références. Le fanatisme et les comportements extrémistes, face à la perte des repères, trouvent un terrain propice à leur épanouissement. Le système de solidarité s’affaiblit considérablement et le ‘’chacun pour soi’’ devient la règle de vie surtout dans les villes ».
« Des valeurs comme le respect de la hiérarchie sociale, des aînés, de la parole donnée, la dignité, l’honneur, la solidarité et l’entraide qui constituent des fondements de la société sont en train de s’effriter considérablement sous l’influence des médias étrangers».
L’étude avait déjà déploré la situation dramatique de l’école malienne qui connait une régression et une dégradation constante et inquiétante. « Sa qualité est de plus en plus mauvaise et constitue un handicap des plus sérieux pour notre développement ».
La vision Mali 2025 avait fait le constat de la dégradation des ressources naturelles sous l’effet conjugué des facteurs climatiques et des facteurs tenant aussi à l’action de l’homme.
‘’Justice des riches’’, ‘’corrompue’ ’pourrie’’
Déjà en 2000, les Maliens avaient dans l’ensemble une très mauvaise perception de leur justice, qualifiée de ‘’pourrie’’, ‘’justice des riches’’, ‘’corrompue’’. Selon eux, la justice peut constituer un danger pour l’équilibre social. Ils voyaient comme tares de l’administration publique la lenteur et la lourdeur des procédures, la mauvaise gestion, la répression, le clientélisme, le népotisme, et la politisation. A l’époque, la gestion des affaires publiques préoccupait très sérieusement les Maliens qui étaient déjà que rien ne peut être construit sans la cohésion et l’unité du peuple malien.
Selon l’étude nationale prospective Mali 2025, « le Mali prospère et stable dans sa grande diversité, le respect réciproque et la tolérance se construira grâce à un nouveau type de Malien et par l’instauration d’un climat social assaini et d’une paix retrouvée ». Vérité d’hier et vérité d’aujourd’hui !
Vision non suivie d’action
Le Mali est loin du rêve de l’équipe pluridisciplinaire de rédacteurs de cette étude, laquelle avait proposé des actions à entreprendre pour un développement national harmonieux. Cette vision a-t-elle été suivie d’action ? L’état du délitement de la nation paraît la meilleure réponse.
Dans la préface de document, le président de la République de l’époque, Alpha Oumar Konaré, écrivait : « la vision du Mali 2025 n’est pas une profession de foi. Elle traduit les aspirations et exigences légitimes des populations maliennes et leur quête de plus de bien-être économique et social et d’une meilleure gouvernance ».