En retrait de la scène politique depuis quelques années, l’ancien président Alpha Oumar Konaré semble avoir repris du service. Il y a un mois, la presse malienne relayait une rencontre entre AOK et trois supposés favoris de l’élection présidentielle du 28 Juillet 2013 dont Dramane Dembélé, porte-étendard du Parti africain pour la solidarité et la justice (Adéma-PASJ). A quelques jours du scrutin, le nouveau médiateur de la crise égyptienne semble avoir fait son choix !
L’ancien président aurait rencontré Dramane Dembélé dans la nuit du 14 au 15 juillet dernier pour promettre de lui « ouvrir ses réseaux aussi bien au niveau national que international », selon le quotidien Les Echos, journal fondé par AOK en 1989. Ce serait donc la deuxième rencontre entre les deux personnalités en l’espace d’un mois. La première entrevue avait vu le désormais médiateur de la crise égyptienne rencontrer également deux de ses anciens ministres, en l’occurrence Modibo Sidibé et Soumaïla Cissé.
Alpha Oumar Konaré était soupçonné d’avoir des connivences avec le candidat Modibo Sidibé, seule personnalité qui a siégé dans ses gouvernements successifs entre 1992 et 2002. Aujourd’hui, la donne aurait-elle changé ? Selon nos sources, l’ancien président de la République, qui a fait silence radio durant cette crise politique a instruit au candidat de l’Adéma de lui adresser « les décisions qu’il compte prendre durant les cents premiers jours » de son mandat. « Ils vont les analyser et les corriger ensemble », a souligné un influent député de l’Adéma-PASJ.
« Aujourd’hui, Alpha est activement engagé dans la bataille politique du Mali, il est engagé pour Dramane Dembélé », a-t-il soutenu. Plus que par vision politique pour le pays, l’ancien président serait préoccupé à assurer ses arrières. « Il sait que si ses adversaires gagnent, lui, il n’aura pas la paix », conclut notre interlocuteur, assurant que le candidat du parti de l’Abeille (l’Adéma) serait bien parti pour accéder au second tour.
Premier président « démocratiquement » élu, de nombreux observateurs imputent à Alpha Oumar Konaré la responsabilité de la crise politique et sécuritaire que connait le Mali. Ses années de gestion sont largement décriées au même titre que les 10 années de son successeur, Amadou Toumani Touré.
La présidentielle du 28 juillet est perçue comme la solution de sortie de crise. Mais les mouvements sociaux qui se profilent à l’horizon font craindre une nouvelle impasse politique pour le pays. Pendant que la campagne électorale bat son plein, les syndicats d’enseignants du supérieur et ceux de la santé sont en grève illimité et les étudiants manifestent. Au lendemain de la proclamation des résultats, ces doléances syndicales risquent de déborder l’agenda politique largement orienté sur la situation du nord du pays.
Seydou Coulibaly